Jacques Prévert en turc
Le poète A.Kadir Paksoy a publié aux éditions Doruk récemment cette année (2021)une présentation de Prévert et un choix de ses poèmes les plus célèbres, sous le nom de Jacques Prévert/ Sa vie/ Son art/Ses poèmes. A.Kadir Paksoy a appris le français en fréquentant la littérature française et à l’Institut français d’Ankara. Sa découverte de Prévert à travers un exercice d’une méthode de français le décide à apprendre parfaitement le français pour lire dans le texte ce poète qui a été une révélation pour lui et qu’il considère comme un frère en poésie.
Dans la biographie qu’A.Kadir Paksoy propose, nous apprenons que Prévert a été envoyé en 1921 à Istanbul auprès des Forces Alliées. C’était l’époque où L’Empire Ottoman étant dans le camp des perdants de la Première Guerre Mondiale, Istanbul était occupé par les Anglais, avant que Mustafa Kemal ne rassemble la population autour de lui pour mener la guerre d’Indépendance qui permettra à l’Anatolie de conserver sa souveraineté. Ainsi à Istanbul, Prévert fait la connaissance de son compagnon d’armes Marcel Duhamel, qui sera une amitié fidèle. Il rentrera à Paris en 1922. Petit clin d’œil historique…
Grâce au travail de traduction du poète francophone A.Kadir Paksoy, les lecteurs turcs peuvent découvrir à leur tour les poèmes de Prévert ou les redécouvrir car quelques anthologies avaient été publiés auparavant, comme par exemple celle traduite par Metin Cengiz et E. Canberk en 1993. A.Kadir Paksoy reproduit parfaitement la langue si orale de Prévert, ainsi sa traduction rend un texte vraiment fluide et allant de soi, à croire que les poèmes ont été directement écrits en turc !
Ce rôle de passeur est vraiment fondamental pour connaître une culture. On connait l’importance des traductions de poètes étrangers pour la formation même des poètes. Ainsi Benjamin Péret traduisant Octavio Paz, Yves Di Manno traduisant les poètes américains objectivistes, Jean Poncet traduisant les poètes roumains… Tous ces poètes que nous avons gagnés en français ont permis à des poètes français ignorant telle ou telle langue étrangère d’avoir accès à de grandes voix et d’en être influencés. Il en ira ainsi de Prévert en turc.
Pour moi qui adore Prévert depuis mon adolescence et qui me suis nourrie de ses poèmes et de son théâtre, découvrir Prévert en turc est une expérience originale. Car j’ai le plaisir de redécouvrir des textes que je connais très bien en turc: ils prennent une atmosphère autre, ils ont une autre consistance et la musique n’est pas la même, elle renvoie à un autre univers. Cette lecture fait donc naître en moi des résonnances liées à ce que je connais de la langue et de la culture turque.
Tout cela donne sacrément envie de relire Prévert !!
Pour les turcophones qui voudraient comparer les textes, voici ci-dessus des extraits de la traduction avec le texte original:
Pour faire le portrait d’un oiseau
Si l’oiseau ne chante pas
C’est mauvais signe
Signe que le tableau est mauvais
Mais s’il chante c’est bon signe
Signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
Une des plumes de l’oiseau
Et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
Barbara
Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Bir kuşun resmini yapmak için
eğer kuş ötmezse
iste bu kotu demektir
ama kuş öterse
iyiye alamettir
iyi demektir resmin
artık imzanı atabilirsin
o zaman
kuşun kanadından
usulca kopardığın bir tüyle
adını yazabilirsin
tablonun bir köşesine
Barbara
Hatırla Barbara
O gün Brest’e yağmur yağıyordu durmadan
Ve sen gülümseyerek yürüyordun
Şaşkın hayran sırılsıklam
Yağmur altında
Hatırla Barbara
Bret’e yağmur yağıyordu durmadan
Siam sokağında rastladım sana
Gülümsüyordun
Ben de gülümsedim senin gibi
Hatırla Barbara
çeviri: A.Kadir Paksoy
A.Kadir Paksoy est un poète présenté dans la revue, pour retrouver ses poèmes, cliquez ici.
Gülten Akın
La poésie de Gülten Akın renouvelle à la fois d’anciennes formes de poésie populaire turque et aussi la poésie contemporaine.
Ses premières productions sont publiées chez Son Haber et Hisar. Elles portent les particularités des premières productions : tournées vers le « je », avec des préoccupations personnelles, l’amour, la nostalgie, la solitude. Ainsi Gülten Akın à propos de ces œuvres dit « cette solitude était un élément de mon identité à l’époque. »
Le style de Gülten Akın est pourtant tout de suite remarquable : répétition de vers ou de mots, monologues, discours interrompus, expression d’apparence hachée et tronquée. Elle attire l’attention du lecteur.
Du début à la fin de son œuvre, elle abordera les thèmes de la pauvreté, de l’injustice, de la sauvagerie et de l’oppression.
L’épopée d’Ökkeş et de Maraş, qui évoque la résistance anatolienne face à l’occupant français dans le Sud de la Turquie en 1920, représente une deuxième période dans sa poésie. Le poème est alors vecteur d’une pensée de gauche, pour un changement de système, à la recherche de droits. Elle parle pour le peuple, et la poétesse agit également en tant qu’enseignante et avocate.
Son mari étant sous-préfet, ils changent souvent de lieu de résidence et ainsi Gülten Akın acquiert une large connaissance de l’Anatolie, sur les vies dans les petites villes de province, sur les difficultés du quotidien pour les femmes, etc. Elle apprend aussi les expressions régionales, les traditions et se sensibilise aux genres de la littérature orale populaire. Ainsi, elle intègre dans ses poèmes certains éléments des chants populaires, elle s’inspire des complaintes et des épopées. Parfois, elle part d’un vers d’une chanson pour former un poème.
Gülten Akın exprime sa colère envers la société qui se tait, ferme les yeux, devant les souffrances d’autrui, et particulièrement celles des femmes et des enfants. Elle s’indigne contre la place de l’argent dans la société qui dénature les relations humaines.
Après le coup d’Etat de 1980, son fils est incarcéré, prisonnier politique comme nombreux à cette période sombre de la Turquie. La poétesse partage alors le même destin que de nombreuses femmes qui attendent leur mari, leurs fils, leur fille. C’est une période très difficile pour elle et cela se reflète dans ses poèmes, plus noirs. Elle écrit Prières à cette époque.
Vers la fin de sa vie, elle abordera les thèmes de la vieillesse, de la mort, de la fatigue et des transformations dues au temps.
Tout au long de son œuvre, Gülten Akın a parlé des femmes, a parlé avec son regard de femme, seule dans un monde de poètes hommes. Elle interroge les relations homme-femme, les lois, les traditions qui enferment les femmes. Cependant, son évocation de l’amour a toujours été dissociée du charnel : elle ne va pas jusqu’à briser les interdits liés aux femmes et ne parle par de sexualité ou d’érotisme. Les générations suivantes s’en chargeront.
Prise dans un monde très patriarcal, elle a dû ménager son expression pour ne pas être marginalisée ni attaquée. Elle est elle-même aux prises des obstacles intérieurs que de nombreuses femmes connaissent : pression sociale, autocensure, désirs trop enfouis pour être dit, dépréciation de ses propres envies, etc. « Ben AŞK diye ses-gölgeyle kaldım » (Je suis restée avec l’ombre-la voix pour l’AMOUR ») A yasak, hayır korkulu, evetten usandım » (Ah l’interdit, le non est effrayant, je suis lasse des oui.)
« Comment me définir ? Comme une poétesse marchant sur un pont sans rambarde. »
ATTİLA İLHAN
Par Ferda Fidan
Poète, essayiste, scénariste et romancier turc (Menemen 1925 – Istanbul 2005).
Pendant ses études secondaires à Izmir, il est arrêté pour propagande communiste et renvoyé de son lycée. Plus tard innocenté par une décision de justice, il achève ses études secondaires à Istanbul. Ayant entrepris sans goût des études de droit, il les interrompt pour partir à Paris où il séjourne six ans avec des intervalles. Il y étudie en profondeur la poésie française moderne et participe notamment au Comité de soutien à Nazım Hikmet. À son retour en Turquie, il commence à écrire des articles dans des journaux et des revues. Devenu rédacteur en chef du Journal démocrate d’Izmir, il occupe ensuite le poste de conseiller littéraire aux Editions Bilgi.
Chroniqueur dans divers journaux progressistes, il écrit également des scénarios pour la télévision et le cinéma sous le pseudonyme d’Ali Kaptanoğlu.
Il commence très tôt sa carrière de poète en publiant un premier poème « Chant de pêcheur » (Balıkçı türküsü) dans la revue Yeni Edebiyat en 1941, tandis que ses premiers essais seront publiés dans la revue Istanbul en 1945.
Son premier recueil Duvar, publié en 1946, le consacre comme un des poètes les plus talentueux de sa génération, lui conférant une place prépondérante parmi les grands noms de la littérature turque.
La poétique d’Attila Ilhan s’oppose avec virulence aux mouvements Garip et Ikinci Yeni. Il qualifie ainsi les tenants du premier de « snobinards » et ceux du second de « dégénérés ». Prônant une voie radicalement différente, il devient le chef de file du mouvement connu sous le nom de Maviciler, qui relève essentiellement du réalisme social.
l apporte à la poésie turque moderne une voix vigoureuse, une harmonie nouvelle, une expression fougueuse et enthousiaste, un lyrisme très personnel, une émotion dépouillée de toute forme d’afféterie. S’inspirant autant de la poésie du Divan qu’il connaît parfaitement que de la poésie occidentale, il accomplit une synthèse novatrice en rupture avec les schémas éprouvées de la poésie traditionnelle, nourrie par sa vision du monde qui met en exergue la lutte pour la liberté, la défense des humbles, le malaise de l’homme moderne. L’influence de Nazım Hikmet se fait également sentir nettement dans un grand nombre de ces poèmes.
Si dans ses œuvres de jeunesse domine une dimension épique, une atmosphère sentimentale et tendue décrivant les conséquences désastreuses de la Deuxième Guerre mondiale qui accablent l’Europe entière, avec le temps, tout en poursuivant une veine sociale, le poète se passionne aussi pour le monde affectif des êtres, renouant avec l’introspection et les thèmes individualistes.
Quinze ans après sa mort, de par la richesse de son œuvre considérable, Attila Ilhan demeure encore aujourd’hui, autant dans le domaine littéraire que sur le plan social et politique, une des grandes figures intellectuelles qui marquent la Turquie contemporaine.
Bibliographie
Recueils
Duvar (1948)
Sisler Bulvarı (1954)
Yağmur Kaçağı (1955)
Ben Sana Mecburum (1960)
Bela Çiçeği (1962)
Yasak Sevişmek (1968)
Tutuklunun günlüğü (1973)
Böyle Bir Sevmek (1977)
Elde Var Hüzün (1982)
Korkunun Krallığı (1987)
Ayrılık Sevdaya Dahil (1993)
Kimi Sevsem Sensin (2002)
Romans
Sokaktaki adam (1953)
Zenciler Birbirine Benzemez (1957)
Kurtlar sofrası (1963-1964)
Bıçağın Ucu (1973)
Sırtlan Payı (1974)
Yaraya Tuz Basmak (1978)
Fena Halde Leman (1981)
Dersaadet’te Sabah Ezanları (1982)
Haco Hanım Vay (1984)
O Karanlıkta Biz (1988)
Allahın Süngüleri – Reis Paşa (2002)
Gezi Paşa (2005)
O Sarışın Kurt (2007)
Nouvelles
Yengecin Kıskacı (1999)
Récits de voyage
Abbas Yolcu (1959)
Yanlış Kadınlar, Yanlış Erkekler (1985)
Essais
Hangi Sol (1970)
Hangi Batı (1972)
Faşizmin Ayak Sesleri (1975)
Hangi Seks (1976)
Hangi Sağ (1980)
Gerçekçilik Savaşı (1980)
Batının Deli Gömleği (1981)
Hangi Atatürk (1981)
Ikinci Yeni Savaşı (1983)
Sağım Solum Sobe (1985)
Ulusal Kültür Savaşı (1986)
Sosyalizm Asıl Şimdi (1991)
Aydınlar Savaşı (1991)
Kadınlar Savaşı (1992)
Hangi Edebiyat (1993)
Hangi Laiklik (1995)
Hangi Küreselleşme (1997)
Source photo:www.ensonhaber.com
Neşe Yasin ou le rêve d’une île sans mur
Elle est née en 1959 à Nicosie à Chypre. Elle est diplômée en sociologie de l’Université Technique du Moyen Orient (Ankara).
Elle enseigne dans la section de turcologie à l’Université de Chypre dans le Département de Langue et Littérature.
Neşe Yasin a rédigé des chroniques dans le journal turc Birgün durant 6 ans et poursuit à présent ses chroniques dans le journal chypriote Yenidüzen.
Ses poèmes sont traduits en plus de 30 langues. Elle a publié notamment les recueils intitulés Hyacinthe et Narcisse (1979), Les Larmes de la guerre( 1980), Les Portes (1992), La Lune a été faite d’amour (2001), Les Chambres de la mémoire (2005). Elle a écrit un roman traduit en grec et en allemand intitulé L’histoire secrète des filles éplorées et de nombreux essais, notamment en 2013 intitulé Se souvenir par la poésie.
Neşe Yasin est généralement associée à la génération dite de 74. Elle appartient à une génération qui réfute l’histoire officielle de l’île et se distingue en cela de la génération précédente qui écrivait des poèmes nationalistes. Avec son frère, également poète, elle a remis en cause l’attitude de ses prédécesseurs et notamment de son père Özker Yasin, qui était un poète très connu et nationaliste.
Cette génération marque un tournant car elle est la première à déclarer Chypre, l’île entière, comme sa patrie. Elle ne voit pas les chypriotes grecs comme des ennemis mais au contraire écrit sur les souffrances qu’ils ont pu vivre aussi de leur côté.
Neşe Yasin a passé son enfance dans une île où les frontières naturelles étaient délimitées par la mer. Elle a vécu, comme beaucoup de chypriotes, le partage de l’île comme une injustice et d’une grande violence. C’est pourquoi elle est devenue très vite activiste pour la paix et la réunification. Elle est clairement antimilitariste et cherche le dialogue. En cela, elle est régulièrement attaquée par les milieux nationalistes,encore aujourd’hui. À 17 ans, elle écrit un poème intitulé « On doit aimer sa patrie parait-il » (« Yurdunu sevmeliymiş insan »). Ce poème est devenu un symbole pour tous les pacifistes chypriotes. Il a été mis en chanson et traduit en grec. Cela lui a valu une notoriété précoce dans l’île entière. Alors qu’elle était étudiante à l’université, elle publie un poème intitulé « De quel côté » (Hangi Yarisini), qui attire l’attention des critiques littéraires turcs. Ce poème sera mis en chanson par le chanteur chypriote grec Marios Tokas.
Par la suite, en signe de protestation contre la partition, elle s’installe dans la partie sud de Chypre. Elle a été fortement critiquée à l’époque pour ce choix mais par ce geste la poète voulait remettre en cause cette obligation qu’ont tous les Chypriotes depuis la partition de devoir choisir une partie de l’île où vivre, d’être assigné à une partie de l’île du fait de son origine ethnique ou religieuse.
Neşe Yasin possède une identité chypriote avec tout un imaginaire, une histoire et une géographie propre à Chypre ; en même temps, elle écrit en turc, une langue associée à la République turque, à une autre histoire, un autre héritage. De ce fait, « En Turquie, je suis une étrangère autochtone » dit-elle avec humour. Aussi, bien qu’elle écrive en turc, pour les Turcs de Turquie, il semble qu’elle écrive à partir d’une langue étrangère, comme s’il s’agissait de poèmes traduits en turc. Il existe une étrangeté dans ses poèmes. C’est un aspect propres aux littératures dites mineures comme l’ont développé Deleuze et Guattari. Neşe Yasin regrette le fait que la littérature chypriote soit considérée comme mineure en Turquie et qu’elle ne soit ainsi pas prise au sérieux. Les littératures francophones subissent la même catégorisation encore aujourd’hui par de nombreux écrivains ou critiques français de l’hexagone.
Certaines allégories et références de ses poèmes sont particulièrement liées à la situation chypriote. Ainsi, la séparation et le désir de réconciliation. Les portes représentent pour la poète une image récurrente car la porte raconte l’intérieur – la mémoire qui fait souffrir- et l’extérieur –le rêve-. La porte représente aussi une protection d’une innocence contre la brutalité du monde extérieur.
Pour vous donner une idée de sa poésie, voici une traduction inédite de son poème Les Portes.
Photographie www.writersunlimited.nl. Sources: http://www.cumhuriyet.com.tr/haber/kitap/920376/Nese_Yasin_la_gocebe_bir_ruhun_siirleri_uzerine.html
http://www.art-izan.org/toplumsal-cinsiyet-gundem/nese-yasin-roportaji
https://www.evrensel.net/haber/285309/baris-elcisi-sair-nese-yasin
KAPILAR
Kapılar çalınırdı
ve kadınlar açarlardı kapıları
geçip giderdi hayat
hergün tozu alınarak ve parlatılarak
Onlar ki
büyük bir aşkın özlemini duyarlardı
seyretmek için kendi güzelliklerini
çağların ardından bir tablo gibi
donup kalmaktı istedikleri
Küçük bir kız çocuğu iken
uysal birer fidan gibi büyüdüler
ve parmaklarına pırıltılı halkalar giyip
beyaz güvercinler gibi
tutsak evine girdiler
Sokağa düştü kimisi
anne bile olmadan
Kimisi bir kuyrukluyıldız olup gitti
kimisi bir gül dalına astı kendini
hayatı sorgusuz bekledi
Işıl ışıl yandı camlar
çamaşırlar ütülendi
ama çalınmadı kapı hiç
o çılgınca seven adam hiç gelmedi -
Dünya bir at arabasıydı
ve son sürat çekerlerdi onu
nasıl da anlamazlardı
kadının en güçlü olduğunu .
ve özgürlük sözcüğü
gökyüzünde bir yılbaşı balosuna benzerdi
hiç bulamadılar uygun elbiseyi
asla oraya gidemeyeceklerdi
Onlar hep şaştılar yalnızca
erkeklerin asker kılıklarına
ve gece yarısı tutulan nöbetler için
kazaklar ördüler
gizlice giyilsin diye üniforma altına
İnce şişlerle zahmetin ördüğü hayat
kurşun delikleriyle yaralandı
Çeyizleri çiğnendi insafsızca
insanın insani her kıyımında
yitirdiler o en değerli kocalan ve oğullan
gözyaşı ve yalnızlık yandı mumlarda
buhurdanlıklar tüttü hep
soğuk dul odalarında
Duvardaydı resimleri
Babaların, oğulların ve silahların ellerindeki
kalın kaşlar, gür bıyıklar, sert bakışlar
hükmettiler yuvaya
Her şeye karışırlardı bulundukları yerden
kapının tokmağından tenceredeki aşa
bağırtıları hala çınlardı ortalıkta
Çocuklar küçük kediler gibi
annelerin eteğine sığınırdı da
Onlar hep dua ettiler
ve mersin dalları taşıdılar
her bayram mezarlara
ince bir sızıyla yaşandı özlem
sessizce indi
yürekten kasıklara
Kapılar çalınırdı
ve kadınlar açarlardı kapıları
Geçip giderdi hayat
hergün tozu alınarak ve parlatılarak
LES PORTES
Aux portes on sonnait
et les femmes ouvraient les portes
la vie s’écoulait
à dépoussiérer et à astiquer chaque jour
Elles, qui
ressentaient le manque d’un grand amour
qui contemplerait leur beauté
tel un tableau à travers une cascade
leurs désirs s’étaient figés
Petites filles
chacune grandit telle une pousse docile
puis elles enfilèrent à leurs doigts de brillants anneaux
et telles de blanches colombes
entrèrent dans la maison cage
L’une se retrouva à la rue
avant même d’être mère
une autre se volatilisa en comète
une autre se pendit à la branche d’une rose
attendant la vie sans rien demander
Les vitres brillèrent de milles feux
le linge fut repassé
mais jamais on ne sonnait à la porte
jamais ne vint cet homme transi d’amour
Le monde était une calèche
et elles l’entraînaient à toute vitesse
comment ne comprirent-elles pas
que les femmes étaient les plus fortes
et le mot liberté
dans les cieux ressemblait à un bal de Réveillon
la robe convenable, elles ne purent jamais la trouver
elles n’allaient jamais pouvoir y aller
Elles, elles ne cessèrent juste pas de s’étonner
devant les habits militaires des hommes
et pour les nuits de garde
elles tricotèrent des pulls
pour qu’ils les portent en cachette sous l’uniforme
Cette vie tricotée avec de fines aiguilles par l’abnégation
fut perforée par balle
leur dot fut bafouée sans pitié
à chaque massacre humain de l’humain
elles perdirent leurs précieux maris et fils
dans les bougies, larmes et solitudes brûlèrent
les encensoirs fumèrent sans arrêt
dans les chambres glaciales des veuves
Ils étaient sur les murs les portraits
de leurs pères, de leurs fils et des armes dans leurs mains
sourcils épais, moustaches fournies, regards durs
ils régnèrent sur leur foyer
De leur place, ils se mêlaient de tout
de la poignée de porte au repas dans la casserole
leurs éclats de voix résonnaient encore partout
et les enfants tels des chatons
allaient se réfugier sous les jupes de leur mère
Elles, elles prièrent sans cesse
et elles apportèrent des branches de myrtes
à chaque fête religieuse sur les tombes
par une douleur subtile se fit sentir le manque
descendue silencieusement
du cœur aux reins
Aux portes on sonnait
et les femmes ouvraient les portes
la vie s’écoulait
à dépoussiérer et à astiquer chaque jour
Trad. C.Lajus
Özdemir İnce, poète au fil du temps
Özdemir İnce est un poète turc de 83 ans. Il est né en 1936, il avait 2 ans quand Atatürk, le fondateur de la République turque, est décédé. Il a grandi à Mersin, au sud est de la Turquie, avec en ligne de fond, d’un côté la Méditerranée, de l’autre les monts Taurus, plein d’Histoire, refuge d’anciens peuples, comme les nomades Yöruk.
Özdemir İnce étudie le français et part un temps à la Sorbonne grâce à une bourse universitaire d’Etat. Il ne cessera ensuite de retourner en France. A Paris, il rencontre des poètes et se lie d’amitié avec Adonis, Vénus Khoury-Ghata… il rencontre Aragon. Grand admirateur d’Alain Bosquet, d’Aloysius Bertrand, de René Char, il les traduit en turc et participe à la diffusion de ces poètes en Turquie. Il veut ainsi contribuer à que ses pairs turcs accèdent à ces oeuvres. Par ce travail, il rejoint la tradition francophile de ses prédécesseurs, véritables passeurs de la littérature française en Turquie depuis la fin du 20ème siècle.
İnce découvre la poésie de Yannis Ritsos dans les années 60 en France. C’est un choc poétique. A partir de 1979, il commence à le traduire en turc, travail qu’il considère comme un des rôles essentiels de son existence. Il rencontre Ritsos en 78, commence une forte amitié. Özdemir l’appelle même « papa » et le considère comme un mentor, un maître et un sage. La traduction de l’œuvre de Ritsos constitue pour İnce un travail d’apprentissage sur l’art d’écrire un poème. Sa proximité avec le poète lui permet d’en apprendre davantage sur les réflexions et la vision de Ritsos sur la poésie. La Grèce avait vécu la junte des Colonels, la Turquie allait connaître en 1980 un coup d’Etat militaire qui instaurera un régime féroce de répression de toutes les forces progressistes du pays.
Durant cette période noire des années 80, Ince publie 9 recueils, production abondante d’une inspiration qui s’affirme et se positionne, celle d’une voix forte et singulière dans le paysage de la poésie contemporaine turque. Une voix qui tonne bien souvent sa colère et son indignation, sans crainte des représailles. De cette période, deux de ses recueils sont traduits en français par Ferda Fidan: Le Tyran et le poète (écrit en 1987, publié chez Le Temps des Cerise, 2009) et Les Gilets de sauvetage (écrit en 1989, traduction en attente d’éditeur). Ces deux recueils ont comme point commun de dénoncer l’oppression et l’autoritarisme du régime alors en place, celui de Kenan Evren, auteur du coup d’Etat et président de la république de 1982 à 1989.
En lisant de plus près Les Gilets de sauvetage notamment, on découvre une parole oratoire, volontairement provocatrice et volontiers mythologique :
« chaque île avait sa propre lumière
Un ciel qui revêtait sa nudité
Des nuits flambant neuves, toujours nuptiales
Son propre sommeil, ses propres dentelles »
Le poète avec des mots simples et frappants évoque les souffrances de tout un peuple en cette période sombre de son Histoire :
« Tout veut te blesser ,
tout veut que tu sois blessé,
décidé à te prouver ce qu’est l’honneur
ils veulent que tu payes
le prix de vivre dans un pays souffrant dans toutes ses fibres
le prix du monde où tu évolues. »
Sa voix se fait cinglante quand elle attaque les coupables :
« hissez sur vos créneaux vos propres étendards,
engagez un gouverneur, un régent et un gardien de mausolée pour votre sommeil »
Dans la préface du recueil Le Tyran et le Poète, Adonis rappelle que « loin d’être une simple façon de s’exprimer, la poésie est une manière de penser. » Dans ce recueil İnce élabore une écriture de la révolte et du refus de toutes entraves à la liberté. Le poète interpelle le tyran, le mal qu’il crée, expose sa vacuité : « ô tyran, le jour est proche où tu seras seul en ton désert. »
Comme souvent chez İnce, les poèmes sont datés et le lieu d’écriture indiqué. On peut ainsi constater que le poète à élaborer ce recueil du 10.08.1985 au 12.06.1986, parfois au rythme de trois poèmes par jour, parfois un dans le mois ; en Turquie d’abord, à Paris durant les derniers mois d’écriture. Le poète inscrit sa parole dans la tradition des poètes révolté du monde musulman dominé par le poids de la religion, il est dans la transgression. Il fait « de la contrebande face au silence », il trafique les mots pour exprimer le réel, ces mots que le tyran avait « décapités » :
« Louanges, longue vie à la folie !
Aux tables de l’exil, tu t’es gavé de nostalgie
Cherchant des paroles épineuses, une écriture fluide
Pour peser avec précision la saloperie de la tyrannie. »
Sa parole est libre, mais toujours menacée, on sent l’ombre constante d’une geôle, la trace du barbelé. Le poète s’obstine à chanter la vie malgré la mort semée par le tyran :
« je suis vivant, disait-il, ah, je suis vivant,-
parmi ces milliers d’ombres de bourreaux. »
Plus loin, cette image surprenante, et d’une actualité hélas encore très réelle :
« À l’heure où nous tentons d’accoutumer nos yeux
au silence dont le cœur est rongé de mousse
vois, en faisant claquer ses chaînes
la nuit carcérale se retourne dans son lit. »
Dans les années 90, Özdemir İnce continue de publier de façon soutenue. Il publie en 1998 Mani hay (Mani est vivant !, Al Manar, 2005, Prix Max Jacob). L’éditeur dans sa quatrième de couverture parle à propos du recueil « d’un univers matérialiste, hérétique et mystique ». Özdemir İnce continue ses réflexions sur le langage, la religion et le réel. A partir de la figure de Mani, créateur du manichéisme, il développe sa parole, toujours plus singulière et son dialogue avec le monde, « Tout rentrera dans l’ordre quand le chien et le basilic parleront la même langue. Quand une comète demandera le chemin de sa maison. »
Août 1936-Dernier mois dans le ventre de ma mère est publié en 2005 en Turquie (Revue à L’index, 2015, trad.C.Lajus). Le poète a écrit les 31jours de son dernier mois passé dans le ventre de sa mère puis ses premiers jours d’existence au monde.
C’est un monologue où le poète, en lien constant avec sa mère et le monde, réfléchit à sa place dans le monde, à la vie, à la mort, à toutes les questions existentielles qu’un être humain se pose. Par rapport à ces recueils écrits durant la dictature militaire, son écriture paraît plus apaisée, moins transgressive, plus centrée et en quelque sorte plus libre. Avec humour souvent, le poète transporte le lecteur dans sur son univers, il parle à hauteur d’homme et cela donne à sa poésie une valeur hautement universelle :
« j’étire mes pieds
une paroi glissante sous mes talons.
Dehors
sur la paroi
passe une main.
Un semblant de caresse.
La plante de mes pieds me chatouille. »
Özdemir İnce n’arrête à aucun moment sa plume, son dernier recueil date de 2017 (Opera Kahkahasi). Comme tout grand poète ainsi que le disait Mallarmé, Özdemir İnce a fait de la poésie son mode de vie, sa manière d’être au monde.
Vous trouverez ces livres dans toutes les bonnes librairies !
Erkut Tokman, un poète traducteur
Aujourd’hui la Revue Ayna vous fait découvrir le poète traducteur Erkut Tokman et vous donne à lire un de ses poèmes inédit en français.
Erkut Tokman est un poète turc ouvert sur le monde et engagé. Il traduit du roumain, de l’italien et de l’anglais. Il est membre du PEN en Turquie et en Italie et est actif au sein du comité des écrivains incarcérés.
Erkut Tokman est né à Istanbul en 1971. Il est diplômé du département d’ingénierie électrique de l’Université Technique d’Istanbul. Il a suivi des études artistiques, notamment sur la poésie et le théâtre. Il a travaillé à Bruxelles et à Milan. Ses poèmes, traductions, interview et articles ont été publiés dans les revues littéraires turques “Varlık”, “Kitap-lık”,“Yasakmeyve”, “Hürriyet Gösteri, “ÖzgürEdebiyat”,“Ç.N”, “Şiir Oku” vb. Il a réalisé l’interview d’auteurs internationalement connus, tels Orhan Pamuk, Adonis, Joyce Carol Oates,Knut Odegard, Milo De Angelis,Manrico Murzi, Slobodan Dan Paich, Aslı Erdogan, Zeynep Oral, Haydar Ergülen, Enver Ercan, Mustafa Köz.
Il a travaillé en tant qu’éditeur à la revue poétique Yasakmeyve qui n’existe plus aujourd’hui.
Ses recueils:“Giden ve Kalan” Liman yapımevi-Istanbul-1999; Bilinmezi Dolaşan Ses” Yitik ülke yayınları-İstanbul-2007; “Aramızda Eski Bir Masal”-2015- Komşu Yayınevi-Yasakmeyve Şiir serisi.“Şehirlerle Yanar Dünya”-2017-Komşu Yayınevi-Yasakmeyve şiir serisi.
Sa dernière traduction est celle de Sebastiano Grasso de l’italien intitulé “Gözbebeklerindeki Pusuda, Sen” avec une préface de Yevgeni Yevtuşenko et des dessins d’Adonis. (Yasakmeyve Komşu Yayınları-2017)
Erkut Tokman a succédé au poète Enver Ercan, décédé cette année à la suite d’un cancer, à la tête de l’Academie Interculturelle de Traduction et de Poésie (KAŞÇA).
Il semble intéressant d’évoquer un peu plus en détail cette académie et ses activités. Elle a été fondée en 2012. Ses membres fondateurs sont les poètes Haydar Ergülen, Enver Ercan, Metin Celâl, Mete Özel, Tozan Alkan, Metin Cengiz et Gülce Başer. L’académie est ouverte à tous les genres littéraires mais le cœur de ses activités reste la poésie et la traduction de poésie. L’académie réunit les noms les plus connus des auteurs, traducteurs, critiques littéraires, linguistes et académiciens de Turquie tout en valorisant les auteurs de la jeune génération montante. Elle compte également des membres d’Europe, d’Asie et d’Amérique.
L’académie a pour but notamment de soutenir la traduction et le travail des traducteurs, d’améliorer la qualité des traductions et de mettre en lien des traducteurs. Elle organise en ce sens des événements dans le domaine de la poésie et de la traduction poétique. Lors de la Foire Internationale du Livre d’Istanbul par exemple, qui a lieu tous les ans en Novembre, elle a organisé de nombreux ateliers de traductions dans les écoles et les instituts, l’Institut Français notamment. (voici le lien du site de l’Académie pour en savoir plus http://www.poetryacademy.org/index.php/tr-tr/ -existe aussi en anglais).
Erkut Tokman est un poète préoccupé par les remous du monde qui l’entoure. Son dernier recueil, son quatrième, est intitulé “Şehirlerle Yanar Dünya”(édité par Yasak Meyve). Il y développe toute une réflexion sur la ville aujourd’hui et les tensions qui la traversent. De nombreuses références historiques et intertextuelles parsèment ses poèmes et il développe des styles d’écritures variés au sein du recueil. Ainsi, on peut y lire des poèmes en vers libres, comme des poèmes dialogués proches du théâtre.
Le poème inédit qui suit a été écrit à la suite du meurtre de migrants africains à Genova en 2012 par des racistes. Il leur est dédié. A travers le cheminement de la pensée du poète, on croise les problématiques de la migration en Europe et le problème du manquement de l’Europe à ses valeurs humanistes.
(Photo: Ayfer Candemir)
Un antique péché
I.
Maintenant, nous survolons les vents frais de la Méditerranée
Ici les oliveraies cachent un très ancien secret
Endormi là depuis des siècles, au seuil de la Renaissance
Si je pouvais passer à travers ces statues, peut-être que toutes s’animeront
Et parleront volontiers mais tout s’est figé, immortel!
Pas la moindre présence sur ces marches qui enserrent l’âme
Nous sommes seuls dans ce cimetière de mythes défunts,
Bientôt, pleins du mystère poussiéreux du temps, ils murmureront
À ton oreille cette rumeur qui se répand :
Tandis qu’une légende voit le jour entre nous
Il y a d’anciens crimes enterrés dans le château des âmes déchues,
Qui sont les héros que tu cherches dans ces ruines des temps anciens ?
Cette clameur qui tournoie au sein du chaos
Ce sont les paraboles non-écrites sur les pages de l’Histoire
Quand la Méditerranée resplendit ainsi dans mon âme pour la première fois
À qui appartient cette blessure cachée dans le soleil et qui saigne à sa chaleur ?
Cette mer houleuse au fond de moi, quel nom emporte-t-elle au loin ?
Je nage à l’intérieur de moi-même, me dirige vers toi
Quel que soit leurs nombres, j’étreins les vagues
Avec mes péchés et mes bonnes actions pour atteindre une rive
Maintenant de très loin, tu viendras peut-être
Dans la crique paisible des âmes paresseuses
Et tu illumineras la voie comme un phare
Dans ce port aussi apaisant qu’un rayon de lune,
Avec un regard infini sur les époques hors du temps
Tu crieras ta révolte contre l’avenir
Avec du sang qui s’écoule innocent, vulnérable
Qui, bouillonnant dans la rivière lasse des jours, se lave
J’implore les cailloux au fond de moi
Prenez-moi dans vos bras comme un petit enfant
J’ai encore besoin de grandir sur vos rives
Avec le vent doux de la Méditerranée,
Visible depuis cette péninsule qui s’étire
Vers toi, le continent, impuissant,
Porte dans une amphore un ancien chagrin apeuré
Comme il porte chaque jour sur son dos l’eau nécessaire,
Il traîne encore le poids de ses chaînes
Où qu’il aille, bien qu’il ait arraché sa liberté
(De qui portent-elles le sang, ces terres, si lourd et puissant)
Les lèvres sont crevassées par la soif, les estomacs séchés par la faim
Brûlés les déserts d’un immense océan
À l’horizon où se rejoignent le ciel et la terre
Au-dessus des nuages, Michelangelo
Touche un doigt du David
D’abord les doigts puis les mains se serrent puis tirent,
Avec le désir d’unir rives et continents
Dans les oliveraies sous le vent de la Méditerranée
L’amphore dissimule la clameur d’un chaos
Son couvercle celé
Un antique péché roule dedans,
Au-dessus de la péninsule
Vers la Méditerranée
J’observe la brutalité civilisée du vieux continent
Depuis des siècles
De très loin, de très haut
De l’obscur Moyen-âge où s’élèvent avec de longues
Flammes les tortures, l’inquisition… Se multiplient
Comme une cascade se déversant de la mémoire
Les pensées s’écoulent, devenues fleuve, et passent les époques
Les guerres de ce monde, les souffrances…
Puis les graines du péché se multipliant à l’infini
Les fascistes, les dictateurs, les tyrans…
La civilisation que tu visites dans un vieux musée
À l’origine des peuples d’aujourd’hui
Humanité assiégée par sa citadelle
Dans les villes assiégées par les monuments d’héroïsme
Les habitants des continents voisins
Traversent les villes, les rues du Nord au Sud
Le Nigérien, le Sénégalais, l’Ethiopien, l’Algérien…
Le visage en vrac, la langue menottée
Ils traversent les rues des villes
Cachés dans leur douleur, les pas de l’espoir
De Milan, de Rome, de Berlin, de Moscou…
Des visages un à un, par deux, par dizaine
Puis les soldats, les armées, les tanks
Mussolini, Hitler, Franco, Staline…
Ils traversent leur présence et leur absence
Sans un souffle, tranchants
En masse, vers la Méditerranée
Un antique péché roule
Au-dessus de la Péninsule
Vers la Méditerranée, à l’intérieur de l’amphore
Un secret dans la clameur du chaos
Son couvercle celé
Des cieux, Dante surgit en souriant à trois moments
Il tire les pieds lestés de chaînes du continent
Vers la péninsule avec le désir de les unir
Tu dévales vers un vieux port en Sicile
Un œil sur les cailloux au fond de moi
Comme ils s’alourdissent alors !
Et si je les laissais tous dans la Méditerranée ?
Je t’attends dans un ancien port en Sicile
Je t’observe d’un navire délabré,
De l’intérieur d’un château antique : portant
En toi un secret depuis des siècles
Le couvercle celé
Tu continues à dévaler en direction du port ;
Tu te brises en morceaux
Te cognant aux cailloux sur la rive ;
Une odeur de sang s’échappant de l’amphore
Au grand jour se dévoilent un antique péché, d’anciens crimes
Que tu ne peux plus dissimuler
Puis viennent les dieux taciturnes enterrés au cimetière des mythes défunts :
Apollon, Artémis, Aphrodite, Dionysos, Hadès, Poséidon, Zeus…
S’insinuant de la plage au sel de la mer
Se répandant à présent en tout sens vers l’eau
Emportés par le vent frais et doux
Se fondant dans la Méditerranée
Ton nom est caché dans une ancienne oliveraie
Ton sang se trouve à l’intérieur de milliers, de millions d’amphores
Dans le vent, une clameur abandonnée au chaos
Gonflera peut-être avec les vagues le jour du jugement dernier
Ces statues, qu’on enterrera dans la Méditerranée, sont aussi altières qu’un mausolée
Si je les touche, peut-être s’animeront-elles,
Elles te crieront de nouveau
Un des péchés oubliés de l’humanité…
Dans le cimetière des mythes défunts, une légende naissait
Peu à peu pour vous rendre immortels
Traduction C.LAJUS, inédit, avec l’aimable autorisation de l’auteur. La traductrice remercie Şule Ciltas pour ses conseils.
Antik günah
I.
Şimdi serin Akdeniz rüzgârlarının üzerinden geçiyoruz
Bu zeytinliklerin sakladığı çok eski bir sır var
Orada yüzyıllardır uyuyor, Rönesans’a doğru
Şu heykellerin içinden geçsem belki de hepsi canlanacak
Konuşmak isteyecek ama donmuş her şey, ölümsüz!
Ruha dolanan merdivende kimsecikler yok
Ölü mitlerin mezarlığında yalnızız,
Fısıldayacaklar birazdan tozlu zamanın gizemiyle
Yayılan söylenceyi kulağına:
Bir efsane doğuyorken aramızda
Yitik ruhlar şatosunda gömülü eski cinayetler,
Geçmişçağlarınyıkıntılarındaaradığınkahramanlarkimler?
Kaosun içinde şu döne dolana savrulan uğultu
Tarihin sayfalarına yazılmamış meseller,
Akdeniz şimdi ilk defa böylesine ışıldıyorken ruhumda
Güneşin içinde saklı sıcaklığıyla kanayan bu yara kimin?
Bu içime savrulan deniz kimin adını taşıyor uzaklara?
Yüzüyorum kendi içimde kayıp sana
Bir kıyıya varmak için ne kadar dalga varsa
Kucaklıyorum günahlarımla sevaplarımla
Şimdi çıkıp geleceksin belki de uzaklardan
Erinci arayan ruhların dingin koyundaki
Bir ay ışığı kadar huzur verici şu limana
Bir deniz feneri gibi aydınlatarak yolu,
Zaman ötesi çağlara hudutsuz bir bakışla
Haykırarak geleceğe isyanını
Günlerin yorgun ırmağında coşarak yıkanan
Mecalsiz masum akan kanlarla
Beni kucaklasanız küçük bir çocuk gibi diyorum
İçimdeki çakıl taşlarına,
Daha büyümeye ihtiyacım var kıyılarınızda
Akdeniz’in ılgın rüzgârıyla,
Şu sana doğru uzanan yarım adadan
Görünen elleri kolları bağlı komşu kıta
Her gün muhtaç olduğu suyu sırtında taşıdığı gibi
Eski yılgın bir hüznü taşıyor bir amforada
Koparmış bile olsa özgürlüğünü kökünden
Nereye gitse sürüklüyor peşi sıra ağırlığını zincirlerinin
(kimin kanını taşıyor bu topraklar böyle ağır ve yeğin)
Susuzken kurumuş çatlamış dudakları, açken mideleri
Kavrulmuş koca bir okyanus çölleri
Gökyüzüyle yeryüzünün birleştiği ufukta
Michelangelo bulutların üstünde
Davud’un parmağına dokunuyor
Önce parmaklar sonra eller birleşerek çekiyorlar
Kıyıları kıtaları karşılıklı birleştirmek istercesine
Zeytinliklerde Akdeniz’in rüzgârıyla
Amfora bir kaosun uğultusunu saklıyor
Ağzı sımsıkı kapalı
Antik bir günah yuvarlanıyor içinde, Yarım adanın üzerinden
Akdeniz’e
Bakıyorum yaşlı kıtanın insanlaşmış vahşetine yüzyıllardır
Çok uzaklardan, çok yükseklerden
Orta çağın karanlığından savrulan ateşlerle
Büyüyen işkenceler, engizisyon… Çoğalıyor
Hafızadan boşalan bir şelale gibi düşüncelerde
Nehir olmuş akıp geçiyor çağları,
Dünyanın savaşlarını, ıstırapları…
Sonra sonsuz çoğalan günah tohumlarını Faşistleri, diktatörleri, tiranları…
İnsanlık kalesiyle kuşatılmış,
Yeni toplumların beşiğindeki eski bir müzede
Ziyaret ettiğin uygarlığı
Kahramanlık anıtlarıyla kuşatılmış şehirlerde Komşu kıtaların vatandaşları
Kuzeyden güneye geçiyorlar şehirleri, sokakları
Nijeryalısı, Senegallisi, Etiyopyalısı,Cezayirlisi…
Yüzleri bin parça, dilleri kelepçeli
Şehirlerin sokaklarından geçiyorlar
Acılarında saklı umudun adımları
Milano’dan, Roma’dan, Berlin’den, Moskova’dan…
Birer ikişer onar yüzer
Sonra askerler, ordular, tanklar
Mussolini, Hitler, Franco, Stalin…
Varlıklarından ve yokluklarından
Keskin ve soluksuzca geçiyorlar
Akın akın Akdeniz’e doğru
Antik bir günah yuvarlanıyor
Yarım adanın üzerinden
Akdeniz’e doğru Amforada
kaosun uğultusu içinde bir sır
Ağzı sımsıkı kapalı
Dante üç anlıkta beliriyor gülümseyerek göklerden
Ayakları zincirli kıtayı yarımadaya
Çekiyor birleştirmek istercesine
Sicilya’da eski bir limana doğru yuvarlanıyorsun
İçimdeki çakıl taşlarına baktıkça
Öylesine ağırlaşıyorlar ki!
Hepsini Akdeniz’e bıraksam?
Sicilya’da tarihi bir limanda seni bekliyorum
Eski harap bir gemiden,
Antik bir şatonun içinden sana bakıyorum:
İçinde bir sırrı taşıyarak yüzyıllardır
Ağzın sımsıkı kapalı
Limana doğru hâlâ yuvarlanıyorsun;
Kıyıdaki çakıl taşlarına çarparak
Parça parça kırılıyorsun;
Artık daha fazla saklayamadığın
Amforadan sızan kanın kokusu
Eski cinayetler, antik bir günah açığa çıkıyor
Ardından ölü mitler mezarlığına gömülü suskuntanrılar:
Apollon,Artemis,Afrodit,Dionisos,Hades,Poseidon,Zeus…
Kumlardan denizin tuzuna sızan
Şimdi her yöne yayılıp sulara doğru
Serin ılgın rüzgârlarınla sürüklenip
Akdeniz’e karışan
Adın eski bir zeytinlikte saklı
Kanın yüzbinlerce, milyonlarca amforanın içinde
Rüzgârda kaosa terk edilmiş bir uğultu
Sanki kıyamet anında kabaracak dalgalarla
Şu Akdeniz’e gömülecek heykeller, anıtlar kadaronurlu
Belki de dokunsam canlanacaklar,
İnsanlığın unutulmuş bir günahını
Sana yeniden haykıracaklar…
Sizleri ölümsüzleştirmek adına yavaş yavaş
Ölü mitler mezarlığında bir efsane canlanıyordu
Parole à Hasan Erkek
Afin de mieux faire connaître la poésie du poète Hasan Erkek, voici un large extrait d’un entretien du poète interrogé par le poète Haydar Ergülen.
« La poésie est digne et rebelle »
Haydar Ergülen : Tout d’abord, je tiens à te féliciter pour le prix de poésie que tu as reçu en Roumanie. Ce prix est très important, à la fois pour notre poésie et pour ton œuvre. Comment cela s’est-il passé, pourrais-tu un peu nous en parler ?
Hasan Erkek : Merci beaucoup. Ton intérêt pour les autres poètes et le fait que tu les mettes en avant et très précieux pour notre poésie. Le prix est remis à la clôture du Festival Internationale des Nuits de la Poésie organisé par l’Académie Orient-Occident. Le festival se déroule près de Bucarest, à Curtea de Argeş, un lieu historique. Cette année s’est déroulée la 20ème édition, 60 poètes de 40 pays y ont participé. Un jury, indépendant de la direction du festival a été constitué afin de décerner le prix. Il a étudié tous les travaux des poètes invités.
L’année dernière, une anthologie de mes poèmes extraits de deux recueils « La Violette blanche » et « ô vie, fais-moi revivre » avait été publié en Roumanie. Le recueil « ô vie, fais-moi revivre » a été publié en France par L’Harmattan, la maison d’édition qui publie également tes poèmes. (le français a encore une présence forte en Roumanie) Je pense que ces traductions ont joué un rôle pour mieux me faire connaître et ensuite me décerner le prix. (…)
Ne comptons pas tes livres, il y en a trop, et tout autant de prix ; une partie de ces travaux et pièces sont pour le jeune public. Cela fait comment d’écrire pour les enfants et quelles sont les difficultés, les facilités, les joies de cette écriture ?
(…)
Quand j’écris pour les enfants, je sais que je suis en train d’écrire pour un spectateur naïf, celui que je préfère. Les enfants extériorisent aussitôt leurs réactions positives et négatives. Ils ne se comportent pas « suivant les bonnes manières ». Ils ne simulent pas leur plaisir. Si tu fais confiance en ta plume et que tu écris bien, les enfants te rendent ton dû. Ils reçoivent l’imaginaire que tu crées multiplié par deux au moins. Leur imaginaire est sans limite. Ils sont avides de pièces et d’intrigues.
Tes poèmes ne sont guère présents dans les revues et tu restes en dehors de l’actualité des événements poétiques et des groupes, c’est sûrement un choix délibéré. Pourrais-tu expliquer brièvement cette attitude et aussi nous parler de ton opinion sur la création poétique actuelle ?
Je fais cela pour deux raisons. La première, pour moi, un poème est difficile à terminer. Je modifie et j’essaie d’améliorer mes poèmes pendant des mois, des années et même durant des décennies. Même quand je décide d’en faire un recueil, je fais des modifications sur les retours d’épreuves de l’imprimerie. Bien sûr que ces changements, je les fais en m’attachant à garder à l’esprit « l’inspiration » qui a été à la source du poème. Car la candeur et l’authenticité du poème sont importantes pour moi. Alors, si je donnais un de mes poèmes dans n’importe quelle revue, ce poème serait terminé et d’une certaine manière figé. Je n’aurais plus de possibilité d’y apporter des modifications. Je ressens de la sérénité à ce qu’il soit disponible aux modifications et à l’avoir entre mes mains jusqu’à sa publication. J’espère que cela rapporte au poème.
La deuxième raison, c’est le fait que dans notre pays les revues publient les poèmes d’un certain milieu. Quand vos poèmes sont publiés dans une revue provenant d’un milieu bien déterminé, même si vous n’y appartenez pas, cela donne l’impression que vous en faites partie. Pour ma part, je refuse de m’inscrire dans un milieu. Il y a des poètes et des revues que j’apprécie bien sûr, mais je ne souhaite pas que ma poésie reste sous leurs auspices. Tu le sais bien, la poésie est digne et rebelle, elle ne peut supporter de telles choses.
Pour venir à mon opinion sur notre poésie, je pense qu’il nous faudrait un autre entretien consacré à ce sujet. Il y a beaucoup d’éléments à développer. Mais je voudrais évoquer deux points à ce sujet.
Tout d’abord, il est réjouissant que de nombreuses personnes écrivent de la poésie, même si la poésie n’est pas suffisamment lue (on peut le comprendre à travers les dossiers de poèmes envoyés aux jurys, les recueils vendus et bien encore). Mais cela a des conséquences. Alors qu’on attend de chacun de nous que nous posions au moins une pierre à l’édifice de notre grande tradition poétique, la plupart d’entre nous répètent cette tradition avec un niveau inférieur. Personne ne commence sa vie en retournant à l’âge des cavernes, n’est-ce pas ? Nous ne pouvons le faire pour la poésie. C’est en créant notre propre voix, après s’être approprié la tradition, que notre poésie personnelle grandira et pourra apporter sa goutte à la mer de poésie que nous avons en commun. Sinon, nous ne ferons rien d’autre que de ternir son eau.
Le manque de structure dans les poèmes est également un des points qui attirent très souvent mon attention. Si le poème possède une structure originale, neuve, organique, il devient une œuvre. Si ce n’est pas le cas, il n’est rien d’autre qu’un matériel de chantier. Bien sûr, il m’arrive de lire des poèmes écrits par de très bons poètes ayant su donner une structure solide à leurs poèmes. Cependant, ce manque de structure est prépondérant. Un poème ne se forme pas avec des vers posés les uns après les autres. (…)
un entretien mené par Haydar Ergulen pour le site artfulling.com: voir la version complète en turque:
http://www.artfulliving.com.tr/edebiyat/siir-onurlu-ve-isyancidir-i-9705
Söz Hasan Erkek’te
Hasan Erkek’in şiirlerini daha iyi tanımak amacıyla, Haydar Ergülen ile yapılan söyleşinin geniş bir kısmını çevirip okurlarımıza sunuyoruz.
« Şiir Onurlu ve İsyancıdır »
Haydar Ergülen : Öncelikle Romanya’da kazandığın şiir ödülü için kutlarım. Bu hem şiirimiz adına hem de senin şiirin için çok değerli bir ödül. Nasıl oldu, biraz bundan söz eder misin?
Hasan erkek: Çok teşekkür ederim. Senin başka şairlere ilgi göstermen ve onları öne çıkarman da şiirimiz için çok değerli. Ödül, Doğu-Batı Akademisi’nin düzenlemekte olduğu « Uluslararası Şiir Geceleri Festivali » sonunda verildi. Bükreş yakınlarında Curtea de Argeş adındaki tarihi bir yerleşimde düzenleniyor festival. Bu yıl 20.si yapıldı. 40 ülkeden 60 şair katıldı. 20. yıl olduğu için festival önceki yıllara göre (2014’te de davet edilmiştim) daha görkemli gerçekleştirildi. Festival yönetiminden bağımsız olarak, ödül vermek üzere bir jüri oluşturulmuş. Ödülleri onlar veriyor. Ödül için festivale katılan şairlerin bütün çalışmaları değerlendiriliyor. Geçen yıl, benim Beyaz Menekşe ve Hayat Yenile Beni adlı iki şiir kitabımdan hareketle bir seçki oluşturulmuş ve Beyaz Menekşe adıyla Romanya’da yayımlanmıştı. Hayat Yenile Beni de Fransa’da, senin de kitabını yayımlayan L’Harmattan Yayınları tarafından yayımlanmıştı (Romanya’da Fransızca hala baskın). Bu çeviriler, şiirimin daha iyi tanıtılmasında ve bu ödülün verilmesinde etkili oldu sanıyorum. (…)
Kitaplarını saymayalım, zira hayli fazla, bir o kadar da ödülün var, bunların bir bölümü çocuklara yönelik çalışmalar ve oyunlarından. Çocuklar için yazmak nasıl bir duygu ve zorlukları, kolaylıkları, hoşlukları neler?
(…)
Çocuklar için yazarken, en sevdiğim, saf bir seyirci için yazmakta olduğumu bilmemdir. Çocuk seyirciler, olumlu-olumsuz tepkilerini hemen dışa vururlar. “Terbiyeli” davranmazlar. Beğenmiş gibi yapmazlar. Bu da yazara büyük bir meydan okumadır. Kalemine güvenip iyi yazarsan da hakkını teslim eder çocuklar. Senin ürettiğin düşselliği en az ikiyle çarpıp alırlar. Hayal güçleri sınırsızdır. Oyuna, kurmacaya aç ve açıktırlar.
Dergilerde şiirlerinle pek görünmüyorsun, güncel şiir olaylarının ve grupların dışında kalıyorsun, bu elbette bilinçli bir tercih olmalı. Hem bu tercihten hem de günümüz şiiri hakkındaki görüşlerinden biraz söz eder misin?
Bunu iki nedenden ötürü yapıyorum. Birincisi benim için şiir kolay bitmiyor. Aylarca, yıllarca, hatta on yıllarca hep değiştirip yetkinleştirmeye çalışıyorum. Kitap olarak yayımlamaya karar verdiğimde bile matbaadan döndürüp değişiklik yaptıklarım oluyor. Tabii bu değişiklikleri o şiiri yazmama neden olan “ilk esin”den çok uzaklaşmadan yapmaya gayret ediyorum. Çünkü şiirin saflığı, otantikliği de önemli benim için. Oysa, herhangi bir şiirimi herhangi bir dergiye vermiş olsam, o şiir bitmiş, bir bakıma donmuş olacak. Herhangi bir değişiklik yapma olanağım kalmayacak. Kitap olarak basılıncaya kadar elimin altında bulunması, değişiklik yapmaya hazır halde beklemesi bana huzur veriyor. Umarım şiire de katkısı oluyordur.
İkinci bir neden de, ülkemizdeki dergilerin belli çevrelerin şiirlerini yayımlıyor olmalarıdır. Şiiriniz belli bir çevrenin çıkardığı dergide yayımlandığında, siz o çevreden değilseniz bile, o çevre içinde yer alıyorsunuz izlenimi doğuyor. Ben herhangi bir çevre içinde yer almak istemem doğrusu. Benim de beğendiğim şairler, dergiler var kuşkusuz. Ama onların eteklerinde yer almasını arzu etmem şiirimin. Biliyorsun, şiir onurlu ve isyancıdır, böyle şeyleri kaldırmaz.
Şiirimiz hakkında ne düşündüğümü söylemeye gelince; sanıyorum bunun için ayrı bir söyleşi yapmamız gerekir. Söylenecek hayli şey var. Ama özellikle iki noktaya değinmek isterim.
Her şeyden önce, yeterince şiir okunmasa da (bunu yarışmalara gönderilen şiir dosyalarının satılan şiir kitaplarından daha fazla olmasından çıkarabiliriz) çok kişinin şiir yazması sevindirici. Ancak bunun da sonuçları var. Her birimizden büyük şiir geleneğimizin üzerine en az birer tuğla koymamız beklenirken, çoğunlukla geleneği tekrarlayarak onun gerisine düşüyoruz. Her doğan insan, hayata mağara devrinden başlamıyor, öyle değil mi? Şiirde de öyle yapamayız. Geleneği özümseyip kendi sesimizi yaratabilirsek, hem kişisel şiirimiz gelişir, hem de ortak şiir denizine bir damla katabiliriz. Aksi halde suyu bulandırmaktan başka bir şey yapmamış oluruz.
Benim sıklıkla dikkatimi çeken konulardan biri de şiirlerdeki yapı eksikliğidir. Şiirin yeni, özgün, organik bir yapısı varsa yapıta dönüşür. Yoksa dağınık inşaat malzemesinden öteye gidemez. Kuşkusuz çok ustaca yazan şairlerin yapısı sağlam kurulmuş şiirlerini de okuyorum. Ama dikkatimi çeken yapı eksikliği de önemli ölçüde öne çıkıyor. Farklı zamanlarda yazılmış dizelerin alt alta dizilmesiyle şiir oluşmuyor.
(…)
http://www.artfulliving.com.tr/edebiyat/siir-onurlu-ve-isyancidir-i-9705
Un poète, une découverte
YAVUZ YILDIRIM: né en 1956 à Artvin-Şavşat. Il est diplômé de l’Université de Gazi de la faculté d’Economie et de gestion.Il a publié son premeir recueil de poèmes en 1992″S’il restait un sens à la vie (Nuit) ». Certains de ses poèmes ont été publiés dans diverses revues comme Edebiyat ve Eleştiri, Promete, İzlek, Kitap-lık (YKY).
Tapage effronté
la pluie tombe en un cri sur ses ailes. l’enfant
regarde la vie en coin puis intensément.
appeuré, il fond en larme. une fois ressaisi
il a grandi et son esprit, mon chéri,
est resté là, dans ce vide acoustique.
là ,dans ce vide acoustique!
j’ai nagé, nagé, arrivé la terre n’existait plus
au carrefour du clair de lune de ma destinée.
nous avons réfléchi avec mon père.
avec mon père dans mon ventre, mon chéri,
et avec tous mes frères
j’ai eu peur de moi en partance
ce premier pas si proche et tant attendu
n’a pas eu lieu.
resté captif de ma propre énigme,
j’ai porté le deuil d’être l’inquiétude d’une autre âme.
la patience serait donc une catastrophe ayant soufflé sur cette âme froide de pierre.
si j’avais su, j’aurais confié au poème les premières roses de pierre.
ce premier pas si proche et tant attendu
n’a pas eu lieu mais
la pluie est de nouveau tellement prête mon chéri!
regarde, regarde donc, la vie est le prochain le plus proche
à ton réveil, surtout n’oublie pas de le dire à ma mère.
au fond peut-être tout au fond
au fond peut-être tout au fond
un accident auquel j’ai réchappé avec quelques égratignures me surveille
à mon chevet quelques suicides me regardent de loin
la vie, sans rien me demander, ne cesse de m’ausculter
et a les dents serrées toujours pour la même raison, ma solitude aussi, pleurée dès ma première nuit,
tous m’observent derrière la mémoire noyée au fond peut-être tout au fond
cette vie est aussi la violence qui me donne des sueurs froides en ville
en dehors des feuilles qui illuminent et des murmures perdus sur mes tempes
il y a au creux de mes oreilles toutes les voix des coupables de fuite et de résignation
porteurs de l’automne en ville, des chevaux de l’amour s’immobilisent ensuite et m’observent derrière la mémoire qui se noie au fond peut-être tout au fond
un accident auquel j’ai réchappé avec quelques égratignures me surveille
cette vie est aussi la violence qui me donne des sueurs froides en ville
le sommeil était une obscurité limpide, le rêve un don à rendre rélles des illusions
au commencement les portes se verrouillaient puis les cauchemars se dispersant, elles s’ouvraient
là, je vivais au cinquième étage dans des fables au fond du sommeil
à présent, je verse sur la flamme mon ancien sourire en guise d’eau
ah! mourir maintenant c’est désirer de son propriétaire une réciprocité
et de longues vacances à tous ceux qui croient que le monde jaillira de veines coupées.
Traduction:C.Lajus et Şule Ciltaş
Bir Şair, bir keşif
YAVUZ YILDIRIM: 1956 Artvin-Şavşat doğumlu. Gazi Üniversitesi İktisadi ve İdari Bilimler Fakültesi mezunu. İlk şiir kitabı Bir Anlamı Kalırsa Hayat (Gece) 1992′de yayımlandı. Kitapta yer alan şiirlerinden bazıları, Edebiyat ve Eleştiri, Promete, İzlek, Kitap-lık (YKY) dergilerinde yayımlanmıştır.
utanmaz şamata
kanatlarında bir çığlıkla iner yağmur. çocuk
önce şöyle bir sonra ısrarla bakar hayata.
korkar ve ağlamaya başlar. toparlandığında
boyu uzamıştır ve aklı annem!
orada, o akustik boşlukta kalmıştır.
orada, o akustik boşlukta annem!
yüzdüm, yüzdüm geldim ki kara bitmiş,
hayat çizgimin mehtabı yol ayrımında.
biz babamla düşündük.
babamla karnımda annem
ve diğer kardeşlerimle birlikte
yoldaki kendimden korktum.
yol yakınken çok beklemiş
o ilk adım yerinde yoktu.
öyle çok mahsur kaldım ki kendi bulmacamda,
başka bir ruhun evhamı olmanın yasını tuttum.
taşın o soğuk ruhuna üflenmiş felaketmiş sabır.
bilsem, ilk taşın güllerini şiire havale ederdim.
yol yakınken çok beklemiş
o ilk adım yerinde değil ama,
yağmur şimdi tekrar öyle hazır ki annem!
bak işte bak, en yakın ilerisi hayat, sabah
kalkınca bunu anneme söylemeyi unutma sakın.
Dipte belki iyice derinde
Dipte belki iyice derinde
Hafif sıyrıklarla atlattığım bir kaza kontrol ediyor beni
Başucumda bana uzaktan bakan birkaç intihar
Yoklayıp duruyor bana ne düşündüğümü sormayan hayat
Hep aynı nedenle ketum, ilk gecesi ağlanmış yalnızlığım da
Dipte belki iyice derinde boğulan belleğin ardından bakıyorlar.
Şu hayat, beni ortalıkta şehre karşı terleten şiddet aynı zamanda
Şakıyan yapraklardan başka uçuşan ensemde kaybolan fısıltılar
Kaçıştan belki kabullenişten suçlu herkesin sesidir kulağımda
Öylece duruyor sonra şehre güz taşıyan aşkın atları
Dipte belki iyice derinde boğulan belleğin ardından bakıyorlar bana.
Hafif sıyrıklarla atlattığım bir kaza kontrol ediyor beni
Şu hayat beni ortalıkta şehre karşı terleten şiddet aynı zamanda
Uyku bir şeffaf karanlık, hayalleri gerçekleştiren bir yetenekti rüya
Başlangıçta şöyle bir kilitlenir, kabuslar dağılınca açılırdı kapılar
Orada beşinci katta bir evde uykunun dibinde masallar içinde yaşardım
Ateşe bir su olarak döküyorum şimdi eski gülüşümü.
Ah! Ölmek şimdi sahibinden simetrik şeyler istemektir
Kestiği damardan dünya fışkıracak sanan herkese uzun bir tatil.
La chute des feuilles dans notre littérature…
par Gülsüm Cengiz
2015 a été une année où la littérature de notre pays a souffert de nombreuses pertes. Du roman à la nouvelle, de la poésie à la dramaturgie, de la critique à l’essai, de la recherche à la traduction, à peu près dans toutes les branches, de grands maîtres, les uns après les autres, se sont éteints…
Le 28 Février 2015, Yaşar Kemal, une des plus puissantes plumes du pays, est décédé. Né le 6 Octobre 1923 dans un village d’Adana à Hermite, Yaşar Kemal, à partir de son terroir natal, a réussi à toucher à l’universel avec sa langue originale. Avec des romans épiques traduits en de nombreuses langues, comme Mehmet le mince, La Légende du Mont Ararat, Yaşar Kemal est un des représentants actuels les plus importants de l’épopée moderne. Dans son œuvre, il décrit tous les aspects de l’humain.Il témoigne aussi des souffrances vécues par les anciens peuples d’Anatolie, par les Arméniens et par les Kurdes… Il a été récompensé par des prix importants au niveau national et international. Il a représenté un modèle de par son attitude en tant qu’intellectuel conscient de ses responsabilités vis-à-vis de son peuple. De fait, il a passé sa vie à lutter contre les injustices ; il avait un attachement constant pour la nature, ses semblables et la joie de vivre ainsi qu’une passion pour la liberté, la paix et le travail. Par ses œuvres et sa vie, il a donné une voix aux gens de notre pays étouffés par diverses pressions et violences. Il a été jugé par la Cour de la Sûreté de l’Etat du fait de son parti pris pour la liberté d’expression…
Le 28 Août 2015, Oktay Akbal nous a quittés. Il était journaliste et une des figures les plus éminentes de la nouvelle dans notre pays. Né le 20 Avril 1923, il a commencé sa vie littéraire par la traduction et la nouvelle. Alors qu’il n’était encore que lycéen, en 1939 il publie sa première nouvelle. Puis, il travaille dans la revue Servet-i Fünun Uyaniş et participe alors aux débats sur l’ancien et le moderne et sur la nouvelle littérature. Il était chroniqueur pour le journal Cumhuriyet depuis 1956. Parmi ses œuvres, nous citerons Pas de mort pour les poètes, Qu’il n’y ait pas d’Hiroshima, D’abord le pain a rassis, Notre crime est d’être humain, Rue des Gens bizarres. Il a écrit également des romans, des mémoires et des livres pour enfants. Pour écrire ses nouvelles, il s’inspire de ses observations de la société et de ses contemporains et les mêle à ses expériences personnelles ; il relate la vie des habitants des petites villes et des travailleurs. Ses œuvres ont remporté de nombreux prix…
Le 7 Octobre 2015 à Istanbul, Sennur Sezer, l’une des figures centrales de la poésie turque, a rendu son dernier souffle. Née le 12 Juin 1943 à Eskişehir, elle publie ses premiers poèmes alors qu’elle est encore lycéenne. Elle quitte l’école en 1959 et commence à travailler à l’arsenal maritime à Istanbul. Cette rencontre avec le monde du travail la marquera à vie. Elle publie son premier recueil Bidonville en 1964. Elle choisit à travers ses poèmes d’être la voix des travailleurs souffrant d’injustice, exploités et écrasés. Parmi ses recueils, nous pouvons trouver Interdit, Résistance, Carte d’identité, Papiers usagés, Informations du soir. Elle a également écrit des livres pour enfants. De nombreux prix la récompensent. Son recueil L’enfant à la fenêtre a été choisi Meilleur recueil des 15 dernières années par l’Association des publications pour enfants et jeunes…
Le 4 Novembre 2015, Gülten Akın s’est éteinte, une autre des grandes voix de notre poésie. Née en 1933 le 23 janvier, elle publie son premier poème en 1951 et son premier recueil L’Horloge du vent en 1956. Dans les années 70, elle oriente sa poésie vers le social. Elle témoigne de l’intérieur de la vie des femmes. Après le coup d’Etat du 12 Septembre 1980, à l’époque où son fils est emprisonné pour raison politique et risque la peine de mort, elle écrit des poèmes exprimant la souffrance d’une mère de prisonnier. Elle devient la voix de la souffrance et de la nostalgie des mères de détenus. « Cantique pour la souffrance », « Poème de la mère demandant des nouvelles de son fils », « La mère de Metin Göktepe » sont certains de ses poèmes de cette époque. Elle écrit le poème « Sort » pour Erdal Eren, condamné par pendaison à l’âge de 17ans. Ses poèmes ont été traduits en de nombreuses langues ; elle a écrit plus de 40 recueils. Après le décès de Fazıl Hüsnü Dağlarca en 2008, elle est choisie comme « La plus grande poète turque vivante » par une enquête menée par le journal Milliyet. J’ai coupé mes cheveux noirs, Œillet rouge, Complaintes et chansons, L’Epopée de Seyman, Si tu me le demandes, sont quelques uns de ses recueils. Elle a été primée à de nombreuses reprises pour ses recueils.
La disparition de ses plumes de la littérature de notre pays, toutes plus marquantes les unes que les autres, laisse un manque impossible à combler et représente une perte très grande du point de vue de notre vie sociale et littéraire.
Edebiyatımızdaki yaprak dökümü…
Gülsüm Cengiz’den
2015′, ülkemiz edebiyatında büyük kayıpların yaşandığı bir yıl oldu. Edebiyatın romandan öyküye, şiirden oyun yazarlığına, eleştiriden denemeye, araştırmadan çeviriye kadar hemen hemen bütün alanlarında ürün veren ustalar art arda aramızdan ayrıldılar…
28 Şubat 2015′te ülkemiz edebiyatının en güçlü kalemi Yaşar Kemal yaşamını yitirdi. 6 Ekim 1923′te Adana’nın Hemite köyünde doğan Yaşar Kemal, yaşadığı coğrafyadan yola çıkarak kurduğu özgün dille evrensele ulaştı. İnce Memet, Ağrı Dağı Efsanesi gibi birçok dünya diline çevrilen destansı romanlarıyla, çağdaş epopenin günümüzdeki en önemli temsilcilerinden biri olan Yaşar Kemal, yapıtlarında insanı tüm yönleriyle anlattı. Kürtlerin, Ermenilerin ve kadim Anadolu halklarının yaşadığı acılara tanıklık etti… Yazdığı yapıtlarıyla ulusal ve uluslar arası düzeyde saygın ödüller aldı. Ülkesine, halkına sorumluluk duyan aydın tutumuyla örnek oldu. İnsan, doğa ve yaşam sevgisiyle; emek, barış ve özgürlük tutkusuyla yaşamı boyunca haksızlıklara karşı durdu; ülkemizde çeşitli baskı ve kıyımlarla sesi kısılan halklara ses oldu yapıtlarıyla ve yaşamıyla. Düşünceyi ifade özgürlüğünü savunduğu için DGM’de yargılandı…
28 Ağustos 2015′te gazeteci yazar ve ülkemiz öykücülüğünün önemli temsilcilerinden Oktay Akbal aramızdan ayrıldı. 20 Nisan 1923′te doğan Oktay Akbal’ın edebiyat yaşamı çeviri ve öykülerle başladı. İlk öyküsü 1939′da henüz lise öğrencisiyken yayınlandı. Servet-i Fünun Uyanış dergisinde çalıştığı sıralarda eski-yeni tartışmalarının ve yeni edebiyatın içinde yer aldı. 1956′da yazmaya başladığı köşe yazılarını, Cumhuriyet Gazetesindeki köşesinde sürdürdü. Şairlere Ölüm Yok, Hiroşimalar Olmasın, Önce Ekmekler Bozuldu, Suçumuz İnsan Olmak, Garipler Sokağı adlı yapıtlarının yanı sıra çok sayıda öykü, roman, anı ve çocuk kitabına imza attı. Topluma ve insana ilişkin gözlemlerini kendi yaşam deneyimleriyle birleştirerek yazdığı öykülerinde hayatın içindeki emekçileri, küçük kent insanını anlattı. Yapıtları çok sayıda ödül kazandı.
7 Ekim 2015′te ülkemiz şiirinin önemli temsilcilerinden Sennur Sezer İstanbul’da yaşamını yitirdi. 12 Haziran 1943′te Eskişehir’de doğan Sennur Sezer’in ilk şiirleri henüz lise öğrencisiyken yayınlandı. 1959′da okulu bırakıp Taşkızak Tersanesi’nde çalışmaya başladı. Burada tanıştığı emek dünyası yaşamını derinden etkiledi. 1964′te yayınlanan ilk kitabı Gecekondu’dan başlayarak şiirleriyle emekçilerin, ezilen, sömürülen, haksızlığa uğrayan insanların sesi olmayı seçti. Yasak, Direnç, Kimlik Kartı, Kirlenmiş Kağıtlar, Dilsiz Dengbej, Akşam Haberleri şiir kitaplarından bazılarıdır. Çocuklar için de kitaplar yazdı. Yapıtlarına birçok ödül verildi. Pencereden Bakan Çocuk adlı kitabı, Çocuk ve Gençlik Yayınları Derneği tarafından “15 Yılın En İyi Şiir Kitabı” seçildi…
4 Kasım 2015′te ülkemiz şiirinin büyük ustalarından Gülten Akın aramızdan ayrıldı. 23 Ocak 1933′te doğan Gülten Akın’ın ilk şiiri 1951’de, ilk kitabı Rüzgar Saati 1956’da yayınlandı. 1970’li yıllardaki şiirlerinden itibaren bireysellikten toplumculuğa yöneldi. Şiirlerinde kadın yaşamlarına içerden tanıklık etti. 12 Eylül 1980 darbesinden sonra oğlu siyasi tutsak olarak hapsedilip idamla yargılandığı dönemde bir tutuklu anası olmanın acısını dışa vuran şiirler yazdı. Tutuklu analarının acı ve özlemlerine ses oldu. Acılar İçin İlahi, Oğlunu Soran Kadının Şiiri, Kendine Benzer Metin Göktepe’nin Annesi bu şiirlerinden bazılarıdır. 17 yaşında idam edilen Erdal Eren için Büyü adlı şiiri yazdı. Şiirleri pek çok dile çevrilip yayınlandı. 40′dan fazla şiiri bestelendi. 2008 yılında Fazıl Hüsnü Dağlarca’nın ölümünden sonra, Milliyet Gazetesinin yaptığı bir araştırmada en fazla oyu alarak “Yaşayan En Büyük Türk Şairi” olarak gösterildi. Kestim Kara Saçlarımı, Kırmızı Karanfil, Ağıtlar ve Türküler, Seyran Destanı, Sessiz Arka Bahçeler ve 2013′te yayınlanan Beni Sorarsan şiir kitaplarından bazılarıdır. Şiir kitapları, çok sayıda ödülle değerlendirildi.
Ülkemiz edebiyatının birbirinden güçlü kalemlerinin, yerleri doldurulamayacak büyük boşluklar bırakarak aramızdan ayrılması, edebiyatımız ve toplumsal yaşamımız açısından da büyük bir kayıp olmuştur.
Lecture avec Enver Ercan
Voici les enregistrements sonores réalisés lors de la rencontre autour de C.S. Tarancı avec le poète Enver Ercan (turc/français) à la Librairie Quartier Latin à Bruxelles le 19 Décembre 2015. Bonne écoute!
Enver Ercan ile söyleşi
C.S. Tarancı ile ilgi Enver Ercan ile yaptığımız söyleşinin ses kayıtlarını sizinle paylaşıyorum (Türkçe/Fransızca) Yer/tarih: Quartier Latin kitabevi, Bruxelles, 19 Aralık2015. Iyi dinlemeler!
Sur le poète C.S. Tarancı, ses lettres et la revue Varlık. /Şair C.S. Tarancı, mektupları ve Varlık dergisi hakkında taranci et lettres
3 poèmes de C.S. Tarancı/ C.S. Tarancı’nın 3 şiiri 3poemes de taranci
Lectures des poèmes d’Enver Ercan / Enver Ercan’ın şiirlerinin söyleşisi enver ercan poemes
Cahit Sıtkı Tarancı (1910-1956)
Poète mis à l’honneur à la librairie Quartier Latin, à Bruxelles, dans le cadre du festival Europalia le 19 Décembre 2015 (plus d’info ici)
Né à Diyarbakir (sud-est de la Turquie), il est élève au lycée francophone Saint-Joseph d’Istanbul puis au lycée Galatasaray. C’est là qu’il découvre les poètes parnassiens et Baudelaire, qu’il peut lire en langue originale. Cela marque un tournant dans sa vision de la poésie. Il publie pour la première fois en 1933. Il part en 1939 à Paris pour poursuivre des études de sciences politiques. Admirateur de Baudelaire et des poètes parnassiens, il traduit de nombreux poètes français, notamment Verlaine, Nerval. Pris par les bombardements de Paris, il doit fuir en 1940 et retourne en Turquie.Il obtient un poste de traducteur à l’Agence d’Anatolie puis il travaille comme employé dans diverses administrations.
Il commence à se faire remarquer au début de la deuxième moitié du XXeme siècle. En 1945, il obtient le premier prix à un concours CHP de poésie avec son poème « Trente cinq ans », devant Attila Ilhan et F.Dagalarca. En 1953, il tombe gravement malade, il meurt à Vienne trois ans plus tard, en 1956. Il a écrit dans les revues de Varlık, Istanbul et Doğuş. Ses recueils de poèmes sont: Ömrümde -Dans ma vie (1933), Otuz beş yaş- Trente cinq ans (1946), Düşten güzel- Plus beau que le rêve (1952), Sonrası – Plus tard (1957), Tous ses poèmes (1983), recueillis par Asım Bezirci après sa mort.
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Cahit Sıtkı Tarancı est un bon exemple pour ceux qui veulent s’initier à la poésie turque contemporaine. Il est influencé par les thèmes baudelairiens comme la mort, la ville, la nostalgie et il adopte le vers libre et en prose, même s’il n’utilise pas celle-ci de manière systématique.
Il est resté cependant fidèle à sa culture et notamment à la riche poésie populaire turque. En effet, il conserve la rythmique syllabique de 8 syllabes et de 6+5. Il conserve dans sa poésie un lyrisme et une musicalité importante. Il reprend aussi certains motifs de la poésie populaire comme l’amour, la nature, la bravoure. Tarancı a notamment été influencé par le poète soufi Yunus Emre. Cette héritage assumé lui a permis de toucher un public large, au-delà des cercles littéraires intellectuels.
Il accorde une attention toute particulière aussi à utiliser des mots d’origine turque, épurant son langage des nombreux mots d’origine arabe ou persane ou ottomane. En cela il accompagne le mouvement de la jeune république turque qui a aboli l’alphabet arabe en 1928 et qui a entamé une returquisation de sa langue nationale afin de rompre avec l’héritage de l’Empire Ottoman. Ses prédécesseurs, comme Nazim Hikmet, avaient déjà entamé le mouvement, qui est une véritable révolution linguistique.
Tarancı se retrouve à un moment proche du mouvement Garip qui émerge autour des années 40 en Turquie. Garip signifie étrange, ce courant est mené par Orhan Veli, Oktay Rifat et Melih Cevdet Anday. Il prone une poésie proche du peuple, simple, fantaisiste, argotique, tournée vers le vie quotidienne. Comme les poètes du Garip, Tarancı insère dans ses poèmes des expressions populaires, des proverbes ou dictons et des citations de chansons populaires (turku).
Cependant, contrairement au Garip, Tarancı ne prete sa voix à personne, il n’est pas politisé et sa vision de la poésie diffère. Pour lui, le poème est avant tout le reflet de l’âme du poète. Taranci se distingue en tant que poète de l’intime, son écriture est dense, sans être hermétique, et très personnelle. Il est jaloux de sa liberté de poète et refuse de limiter son art à la réalité du quotidien et d’une certaine partie de la population. Pour lui la beauté essentielle d’un poème est la musicalité, aussi il axe son travail de poète d’abord sur la manière d’écrire.
Cela le distingue des poètes turcs de l’époque. En effet, les poètes du Garip évoquent la Deuxième Guerre Mondiale, Nazim Hikmet s’empare de certains sujets d’actualité et souhaite faire passer le message de sa vision communiste du monde.
Nous pouvons dire pour conclure que Tarancı a su marquer la poésie de son époque en suivant le fil de son originalité et en sachant nourrir sa poésie de diverses influences sans pour autant perdre de vue l’exploration de son âme, de ses peurs et de la beauté.
Un poème à lire:
Je voudrais un pays
Je voudrais un pays
au ciel bleu, aux branches vertes, aux champs jaunes
un lieu d’oiseaux et de fleurs.
Je voudrais un pays
un lieu sans souci, sans nostalgie au cœur
un lieu où s’achèvent les querelles entre frères.
Je voudrais un pays
un lieu sans pauvres ni riches, sans différence entre toi et moi
un lieu où les jours d’hiver existe un abri pour tous.
Je voudrais un pays
où l’on vivrait de bon cœur comme on aime
si jamais s’élève une plainte, qu’elle vienne donc de la mort.
Cahit Sıktı Tarancı « bir memleket isterim », inédit, trad.CL.
Memleket isterim
Memleket isterim
Gök mavi, dal yeşil, tarla sarı olsun;
Kuşların çiçeklerin diyarı olsun.
Memleket isterim
Ne başta dert, ne gönülde hasret olsun;
Kardeş kavgasına bir nihayet olsun.
Memleket isterim
Ne zengin fakir, ne sen ben farkı olsun;
Kış günü herkesin evi barkı olsun.
Memleket isterim
Yaşamak, sevmek gibi gönülden olsun;
Olursa bir şikâyet ölümden olsun.
Lire Gülsüm Cengiz
Il y a peu de poétesse de sa génération pourtant nous pouvons dire que Gülsüm Cengiz a réussi à faire entendre sa voix de manière durable.
Les oeuvres de littérature jeunesse de Gülsüm Cengiz ont aussi une place très particulière et originale. Elles ont été traduites en de nombreuses langues et elles remportent un grand succès.
Le style des poèmes de Gülsüm Cengiz est généralement en vers libre. La poétesse veut créer une communication naturelle avec le lecteur. Ses images ne sont pas complexes, elle utilise la ponctuation et on peut lire ses poèmes avec la même fluidité que la langue orale. Cette facilité de lecture ne doit pas nous tromper sur le travail réalisé sur les mots. La poétesse choisit ses mots très consciencieusement, cela fait que la musicalité et la voix des poèmes sont mis en avant et cela donne sa beauté au poème. De plus, les thèmes abordés ne sont en rien légers. La poétesse se tient devant nous telle une témoin et elle prend en considération les problèmes sociaux et les réalités douloureuses en y faisant référence de manière plus ou moins déguisée.
A ce sujet, les titres qu’a donné Gülsüm Cengiz à ses recueils sont très significatifs:
-Les expressions de Septembre: ce recueil reflète les événements liés au coup d’Etat du 12 Septembre 1980 et ce qui s’en suivit.
-Notre amour fleurit dans la planque : poèmes mettant en scène des jeunes en prison et leurs sentiments.
-Cœur triste en Mai : reprend les événements tragique de Sivas (où des écrivains ont été brûlés vivants dans leur hôtel) et la condamnation à mort de Deniz et d’autres jeunes communistes.
- La couleur de la Méditerranée est bleue : raconte « les Mères de Samedi » et leur chagrin (mères de disparus manifestant chaque samedi à Istanbul pour demander justice et explications)
-Que le mot guerre disparaisse de la surface de la terre : poèmes sur la Guerre en Irak
« Au centre de mes poèmes et de mon art, il y a l’humain »dit Gülsüm Cengiz.
Gülsüm Cengiz’i okumak
Kuşağında pek az kadın şair var fakat Gülsüm Cengiz sesini kalıcı bir şekilde duyurmayı başardı diyebiliriz.
Gülsüm Cengiz’in yazınında çocuk edebiyatı da apayrı ve özel bir yere sahip. Dünyanın pek çok diline çevrildi ve çok beğeniliyor.
Gülsüm Cengiz’in yazma biçimi genellikle serbest şiir olarak sergileniyor. Şair okurla doğal bir iletişim kurmak istiyor. İmgeleri karmaşık değil, noktalama işaretleri kullanıyor ve konuşma dilinin akışıyla anlattıkları okunabiliyor. Okunuşun kolaylığı nedeniyle kelimelere verilen emeği göz ardı etmememiz lazım. Şair sözcükleri özenle seçiyor ve bundan dolayı şiirlerin sesi ve müziği ön plana çıkıyor, şiire güzelliğini veriyor. Ayrıca şairin anlattıkları hiç yüzeysel olmuyor, şair karşımızda bir tanık olarak duruyor, toplumsal sorunları ve acı gerçekleri dikkate alarak sürekli üstü kapalı göndermeler yapıyor.
Bu konuda, Gülsüm Cengiz’in şiir kitaplarına verdiği isimler çok anlamlıdır:
-Eylül Deyişleri: 12 Eylül öncesi ve sonrasında yaşananların yansımasıdır.
-Sevdamız Çiçeklenir Zulada: cezaevlerindeki genç insanların ağzından, onların duygularıyla yazılmış şiirlerdir.
-Mayısta Üzgün Gönlüm; Denizler ve Sivas’ta yitirdiklerimizi anlatır.
-Akdeniz’in Rengi Mavi: hüzünlü ve acılı Cumartesi Anneleri vardır.
-Silinsin Diye Yeryüzünden Savaş Sözcüğü: Irak Savaşı üzerine yazılmış şiirlerden oluşur.
“Şiirimin Ve Sanatımın Merkezinde İnsan Var.” diyor Gülsüm Cengiz.
Birkaç bilgi bu siteden alınmıştır: http://basthome.com.tr/bast-kitap-gulsum-cengiz/
A propos de “COMPLAİNTE AMOUREUSE / ACI TÜRKÜSÜ SEVEN KADININ”
rencontre avec
A. KADİR PAKSOY
A l’occasion de la sortie d’un recueil bilingue intitulé Complainte amoureuse/ Acı türküsü seven kadının, préparé et pensé par le poète A. KADİR PAKSOY, nous lui avons posé quelques questions concernant ce travail.
*
Tu définis ton nouveau recueil en ces termes « je pense qu’un ouvrage qui nous rappelle les femmes martyrisées au quatre coins du monde est apparu », comment as-tu sélectionné les poèmes du recueil ?
C’est le poème lui-même qui a décidé de mon choix. J’ai recherché des poèmes évoquant la femme/les femmes. Mais pas seulement ceux évoquant sa beauté o usa nature mais aussi ceux évoquant leurs souffrances. Je suis de ceux qui croient, comme le dit Romain Rolland, que la peine est le pierre de touche de la poésie. Puis d’après mes critères, j’ai analysé les poèmes pour discerner les meilleurs ; je précise rapidement ces critères : la forme du poème, l’arrangement des mots ne fait pas le poème ; par des métaphores, il doit créer de l’étrangeté, de l’imagination. Il ne suffit pas de trouver un poème adéquat au niveau de l’art poétique et du thème. Il faut voir aussi s’il peut être traduit. Certains poèmes ne sont poétiques que dans leur langue d’écriture, en les traduisant, on les perd. Au niveau des sonorités et du ressenti, beaucoup d’éléments se perdent aussi, on n’en garde pas la même impression.
Et il y a le problème de la forme : j’ai accordé de l’importance à conserver les rimes du poème original dans la traduction. Je n’ai pas traduit de poèmes rimés que je ne pouvais pas traduire. C’est pourquoi, j’ai laissé de côté beaucoup de poèmes à moitié traduits. Parfois, je m’y penche à nouveau. J’avance parfois de quelques vers ou strophes, parfois je jette l’éponge. Il n’y a pas ce problème avec le vers libre. Cependant, j’ai voulu préserver dans le poème en turc la même harmonie, le même rythme qu’en français. Et aussi, surtout pour les poèmes contemporains, il n’est pas évident de trouver un équivalent en turc aux jeux de mots, aux néologismes, aux références, etc. C’est la raison pour laquelle, j’ai plus traduit des poèmes français classiques : il y a seulement deux poèmes de poètes français encore vivants. Parmi les poèmes choisis, s’ils avaient été auparavant traduits de manière remarquable, j’ai pris la traduction telle quelle. Ainsi, la traduction de Can Yucel du poème de Jacques Prévert « Chansons des sardinières » ne pouvait pas être mieux.
Pourquoi n’y a-t-il aucune poétesse turque?
D’abord, j’ai pensé à des traductions du français au turc. Je ne pensais pas traduire du turc au français. Ensuite, devant l’insistance de mes amis, j’ai ajouté trois de mes poèmes qui avaient déjà été traduits. Afin de ne pas rester seul ( !), j’ai ensuite ajouté d’autres poètes turcs. Je n’ai pas fait de sélection des poètes turcs. Si j’avais travaillé dans cette optique, il est évident qu’il y aurait eu des traductions de poétesse turques.
A ton avis, quand on traduit du français au turc, quels sont les points qui rendent difficile la tâche ?
J’ai évoqué cela en partie dans ma première réponse. Le plus délicat est de rendre entièrement le lyrisme, la pensée, et la voix du poème. Ce n’est pas toujours possible. Parmi ces éléments, l’un d’eux peut être très bien rendu tandis que les autres restent plus médiocres. A mon avis, la véritable réussite d’une traduction est de pouvoir rendre dans leur totalité tous ces aspects propres au poème.
Avec ce recueil, tu soutiens les femmes martyrisées. La violence envers les femmes est encore répandue en Turquie et malheureusement de nombreuses femmes sont assassinées, à ce propos quelle est ton opinion?
La violence envers les femmes est une des plaies ouvertes de notre pays, peut-être la plus importante. A ce problème correspondent des causes économiques, sociales et religieuses. Pour le résoudre, il faut que le niveau de vie de la population s’améliore, que la pensée patriarcale change, que les croyances religieuses considérant la femme comme une personne de seconde classe soient abandonnées. Depuis ces dernières années, notre pays s’est éloigné de la modernité. L’empreinte de la religion sur l’éducation, les entorses à la laicité sont les causes du début de ce recul. La Turquie doit entrer à nouveau sur la route de la modernisation pour réduire et éradiquer la violence envers les femmes. Nous, les républicains, les forces du côté de la modernité, nous n’avons pas encore renoncé, nous ne nous sommes pas rendus. Nous luttons pour cela. Le monde entier a vu notre résistance au parc de Gezi. La Turquie ne deviendra pas un pays du Moyen-Orient.
On comprend que les femmes dans ta vie jouent un rôle très important, serait-ce la raison qui t’aurait poussé à écrire ?
On ne pourrait lier à une seule raison le fait d’écrire des poèmes, cependant je peux dire que j’ai une dette envers une femme, ma chère mère, pour ma poésie et pour ma vie. Mon poème « C’est ma mère qui m’a aimé le plus ici-bas » répondra mieux à votre question:
“COMPLAİNTE AMOUREUSE / ACI TÜRKÜSÜ SEVEN KADININ”
üzerine
A. KADİR PAKSOY’la söyleşi
Yeni kitabını « Sanıyorum ki dünyanın dört bir yanında acı çeken kadınları bize anımsatacak olan bir yapıt ortaya çıktı» diye tanımlıyorsun, peki kitabındaki şiirleri nasıl seçtin ?
Her şeyden önce şiirin teması oldu seçimimi belirleyen. Kadını/kadınları konu alan şiirleri aradım. Ama, sadece kadın güzelliğini, kadın doğasını işleyen şiirler değil, kadınların çektikleri acıları dizelere döken şiirleri aradım. Ben, Romain Rolland’ın dediği gibi, sanatın mihenk taşının acı olduğuna inananlardanım… Sonra, bu şiirlerin kendi ölçütlerime göre, gerçekten şiir olup olmadıklarına baktım. Nedir senin ölçütlerin dersen, kısaca onu da belirteyim: Şiir metni, manzume, yani salt düzenlenmiş söz olmamalı; eğretilemelerle (métaphores) bir ötekilik, bir imgelem yaratmalı… Hem tema hem de şiir sanatı açısından uygun bir şiiri bulmak da yetmiyor. Bu kez de şiirin çevrilip çevrilemeyeceği sorunu çıkıyor karşımıza. Bazı şiirler var ki, ancak yazıldığı dilde şiirliğini duyumsatıyor; çevrilince şiirliğini yitiriyor. Ya da yazıldığı dilde okuyunca duyumsadıklarınızı, çevrildiği dilde duyumsayamıyor, aynı tadı alamıyorsunuz… Bir de biçim sorunu var: Ben, uyaklı (kafiyeli) şiirleri aynı uyak düzeniyle çevirmeye özen gösterdim. Bu şiirlerden Fransızcadaki uyak düzenini Türkçede kuramadıklarımı çevirmedim. Bu nedenle çevirmeyi yarım bıraktığım çok şiir var. Zaman zaman yine eğiliyorum bu şiirlere. Bazen birkaç dize, bir iki dörtlük ilerliyorum, bazen de “tamam, bu olmayacak” deyip bırakıyorum… Özgür koşukta (serbest şiirde) böyle bir sorun yok. Ama bu şiirlerde de Fransızcadaki iç ses uyumunu, armoniyi Türkçede de sağlamaya çalıştım. Ayrıca bir de, özellikle çağdaş şairlerde, sözcüklerle oynama,yeni sözcük üretme, şifreler vb. var. Onları çözmek, Türkçede bir karşılık bulmak da kolay değil. Bu yüzden daha çok klasik Fransız şiirinden çevirdim. Yaşayan Fransız şairlerinden yalnızca iki şiir var… Seçtiğim şiirler, eğer daha önce ustaca çevrilmiş şiirlerse, onları da olduğu gibi, çevireniyle birlikte aldım kitabıma. Örneğin, Can Yücel’in Prévert’den çevirdiği “Chanson de sardinières / Sardalyacı kadınların türküsü” ancak bu kadar güzel çevrilebilirdi…
Neden Türk kadın şair seçilmedi?
Başlangıçta sadece Fransızcadan Türkçeye çeviri düşünmüştüm. Türkçeden Fransızcaya çeviri düşüncem yoktu. Sonradan, benim daha önce Fransızcaya çevrilmiş üç şiirimi, dostların önerisiyle kitaba alınca, yalnız kalmayayım (!), Türkçeden birkaç şiir daha ekleyeyim dedim. Yani ben Türk şiirinden bir seçki yapmadım. Böyle bir çaba içine girmiş olsaydım, elbette Türk kadın şairlerden de şiir çevirileri olurdu…
Sana göre, Fransızcadan Türkçeye şiir çevrildiği zaman en çok zorlanılan noktalar nelerdir?
İlk soruya verdiğim yanıtta bu bağlamda birkaç noktaya değindim. Bunların içinde en zoru, şiirin aslındaki güzelliği, derinliği, çeviride de verebilmektir: Şiirin sesini, düşüncesini, lirizmini bütünüyle verebilmek. Bu her zaman mümkün olmuyor. Bu ögelerden biri çok iyi bir biçimde duyumsanırken, biri zayıf kalabiliyor. Şiir çevrisinde asıl başarı, bence, bu ögeleri bir arada ve bütünüyle verebilmekte.
Bu kitap ile acı çeken kadınlara desteğini gösteriyorsun. Türkiye’de kadınlara yönelik şiddet hâlâ çok yaygın ve maalesef çok kadın öldürülüyor hâlâ, bu konuda ne düşünüyorsun?
Kadına yönelik şiddet sorunu, ülkemizin kanayan yaralarından biri, belki de en önemlisi. Sorunun kaynağında ekonomik, sosyal, dinsel nedenler var. Sorunun çözülebilmesi için toplumun yaşam düzeyinin yükselmesi, erkek egemen anlayışın değişmesi, kadını ikinci sınıf insan gören dinsel inanışların terk edilmesi gerek. Yani bu bir çağdaşlaşma sorunu. Oysa ülkemiz son yıllarda çağdaşlıktan çok uzaklaştı. Eğitimin dinselleştirilmesi, laiklikten verilen ödünler, bu geriye gidişin başlıca nedenleri… Yani, kadına yönelik şiddetin azalması ve giderek ortadan kalkması için Türkiye’nin yeniden çağdaşlaşma yoluna girmesi gerek. Biz, yani cumhuriyetçi, çağdaşlaşmadan yana olan güçler, henüz pes etmedik, teslim olmadık. Bunun mücadelesini veriyoruz. Gezi Parkı direnişimizde bunu bütün dünya gördü. Türkiye bir Orta Doğu ülkesi olmayacak…
Hayatındaki kadınların çok önemli bir rol oynadıklarını anlıyoruz, acaba bunun sayesinde mi şiir yazmaya başladın?
Şiir yazmayı tek bir nedene bağlamak doğru olmaz ama, hayatımı da şiirimi de bir kadına, anacığıma borçlu olduğumu söyleyebilirim. Sanırım, “Hayatta beni en çok anam sevdi” şiiri de bu sorunuzun yanıtı olacak: buraya tiklayin
Rencontres à Izmir
A l’occasion du Festival International de poésie d’Izmir organisé par la municipalité de Konak, le 3 et 4 Mai 2013, nous avons pu rencontrer de nombreux poètes turcs. Cette année Ataol Behramoğlu était l’invité d’honneur. Le poète Haydar Ergülen était également invité et Namik Kuyumcu était présent à la fois en tant qu’organisateur du festival et aussi en tant que poète. Nous les avons interrogés pour la revue Ayna, voici les enregistrements de nos entrevues.
Pour écoutez les réponses du poète, cliquez sur l’icône « son »:
Ataol Behramoğlu
- Şair olmak nedir ve Türkiye’deki şairler hakkındaki düşünceleriniz nelerdir? (Que pensez-vous des poètes en Turquie et du fait d’être poète?) interview Ataol 1ere question2
- Sizden etkilenen şair kimler? (Quels poètes avez-vous influencé?) interview Ataol2 2eme question2
- Bir şair olarak kendinizi ve Ayna dergisindeki şiirlerinizi nasıl tanımlıyorsunuz? (En tant que poète comment vous définissez-vous et comment pouvez-vous expliquer vos poèmes choisis pour la revue Ayna?) interview Ataol 3eme question interview Ataol 3eme question -suite
Haydar Ergülen
- Sizin için şiir nedir? (Pour vous, qu’est-ce que la poésie?) interview Haydar 1ere question
- İlk olarak hangi şiir okumaya başladınız? Ve şiir yazmaya nasıl başladınız? (Quels poèmes avez-vous commencé à lire? Comment avez-vous commencé à écrire des poèmes? ) interview Haydar2eme question
- Boşluk duygusu ve varlık duygusu (Le vide et l’existence ) interview Haydar3eme question
- Size göre, şair toplumun temsilcisi mi dır? (D’après vous, le poète est-il un représentant de la société?) interview Haydar4eme
Namık Kuyumcu
- Şiirlerinizi nasıl tanımlıyorsunuz ? (Comment définiriez-vous vos poèmes?) 1ere question
- Şiirlerinizdeki tekrarlamaların anlamı nedir, bunu yaparak şiirlerinize nasıl bir katkı sağlamayı düşünüyorsunuz? (Quel est le sens des répétitions dans vos poèmes, à quel effet particulier cela contribue?) 2eme question
- Şiirlerinizin arasındaki bağ çok güçlü görünüyor, ne dersiniz? (Vos poèmes semblent très liés entre eux, qu’en pensez-vous?) 3eme question
- Ayna Dergisindeki şiirleriniz hakkında açıklama yapar misiniz? (Pouvez-vous expliquer les poèmes choisis pour la revue Ayna) 4eme question