Tremblement de terre en Turquie, 6.02.2023
Je tiens à exprimer toutes mes condoléances aux proches des personnes victimes du séisme survenu lundi 6 Février dans la région du sud-est de la Turquie et ravageant aussi le nord de la Syrie. La dévastation est immense, les plaies à panser incommensurables. Tristesse et impuissance se mêlent à la colère face à cette tragédie. Alors que les secours se poursuivent actuellement, que des vies sont sauvées de manière extradordinaire, je veux célébrer le courage et la détermination de tous ces hommes et de toutes ces femmes actifs sur le terrain. A ces gens qui sauvent des vies, le poème ci-dessous de Nazim Hikmet leur est dédié:
Vivre
I
Vivre n’est pas une plaisanterie
tu vivras avec le plus grand sérieux
comme par exemple un écureuil.
Sans rien attendre au-delà et en-dehors de la vie
ton seul souci sera de vivre.
Tu prendras au sérieux la vie
à tel point, d’une telle façon
que par exemple, les bras ligotés en arrière, dos au mur
ou bien avec de grosses lunettes
en chemise blanche dans un laboratoire
tu pourras mourir pour les autres
et même pour d’autres dont tu ignores le visage
même sans que personne ne t’y oblige
et tout en sachant même que le plus beau, le plus vrai
c’est vivre.
Tu prendras tellement au sérieux la vie
qu’à tes soixante-dix ans, par exemple, tu planteras un olivier
non pas pour le laisser à tes enfants en héritage
mais parce que tout en redoutant de mourir, tu ne croiras pas à la mort
parce que vivre aura plus de poids.
Yaşamaya dair
1
Yaşamak şakaya gelmez,
büyük bir ciddiyetle yaşayacaksın
bir sincap gibi mesela,
yani, yaşamanın dışında ve ötesinde hiçbir şey beklemeden,
yani bütün işin gücün yaşamak olacak.
Yaşamayı ciddiye alacaksın,
yani o derecede, öylesine ki,
mesela, kolların bağlı arkadan, sırtın duvarda,
yahut kocaman gözlüklerin,
beyaz gömleğinle bir laboratuvarda
insanlar için ölebileceksin,
hem de yüzünü bile görmediğin insanlar için,
hem de hiç kimse seni buna zorlamamışken,
hem de en güzel en gerçek şeyin
yaşamak olduğunu bildiğin halde.
Yani, öylesine ciddiye alacaksın ki yaşamayı,
yetmişinde bile, mesela, zeytin dikeceksin,
hem de öyle çocuklara falan kalır diye değil,
ölmekten korktuğun halde ölüme inanmadığın için,
yaşamak yanı ağır bastığından.
1947
Prix de la poésie de Mersin pour Hilmi Yavuz
Sous la houlette de la Chambre de commerce et d’industrie de Mersin qui l’organise depuis 15 ans, le prix de littérature de la ville de Mersin a été attribué cette année au grand poète contemporain Hilmi Yavuz. La cérémonie s’est déroulée le 6 Janvier 2023 dans le salon de conférence de la Chambre de commerce et d’industrie. Devant une assemblée attentive et nombreuse, des membres du jury ont tenu des discours sur la littérature et le poète lauréat. Le président de la CCI, Kiziltan, a prononcé un discours, soulignant que la véritable richesse était la culture. Metin Cengiz a prononcé un discours sur la poésie en général et Hilmi Yavuz a reçu le prix des mains du président de la Chambre du commerce et de l’industrie.
Celal Soycan, organisateur du prix, poète et essayiste, a parlé de l’importance de la littérature dans la société, de son rôle fondamental notamment pour rendre conscient les êtres humains d’eux-mêmes et du monde. « La littérature est l’éducation à une certaine morale » a-t-il déclaré, « elle n’est pas là pour faire du bien, mais pour mettre en valeur ce qui manque, afin de nous pousser à toujours mieux ». Et il a ajouté avec une grande passion dans la voix que « la littérature n’était pas un loisir, mais une façon de vivre. »
Il a aussi rappelé le caractère exceptionnel de ce prix. En effet, il n’existe pas à sa connaissance d’autre prix de poésie organisé et financé par une chambre de commerce et d’industrie. L’initiative vient de la CCI. Or, le soutien du monde producteur et financier à la culture est crucial pour le développement de cette dernière et participe à la qualité d’une société. Le monde du commerce et de l‘industrie contribue ainsi au prestige de leur région et ville et à l’enrichissement intellectuel de leurs concitoyens. Celal Soycan y voit là un héritage de la Renaissance, période durant laquelle les grandes familles, comme celle des Médicis, finançaient les artistes.
Mersin a une longue histoire culturelle. Son passé remonte à l’antiquité et de nombreux vestiges témoignent d’un riche passé hellénistique et romain. Elle a accueilli les premiers chrétiens, alors dans la clandestinité. Elle se trouve dans la région anciennement appelée Cilésie, dans la riche plaine de Cukurova. Petit port au dix-neuvième siècle, elle devient une grande ville à la suite du développement industriel et de son agriculture. Elle est aujourd’hui le premier port industriel de Turquie. Mersin/Adana a été un vivier de grands artistes et auteurs, tels que Yachar Kémal, Orhan Kémal, Abidine Dino et plus récemment, le peintre Ahmet Yeşil.
Mersin possède une maison de la culture où des rencontres de littérature se déroulent une fois par semaine. A l’occasion de son prix, le poète Hilmi Yavuz y a fait une intervention le samedi 7 janvier et il a pu parler de sa vision de la poésie dans une salle comble. « La poésie n’est pas de la langue, mais une parole », par cette phrase, le poète a voulu provoquer le public, le pousser à réfléchir sur la particularité de la nature du poème. Comme le disait Ingeborg Bachmann, le poète souligne le fait que si la langue est faite pour communiquer, la parole est là pour s’exprimer, pour dire son intériorité. Les poètes sont ceux qui possèdent la parole. La difficulté réside dans le fait que leur matériau est la langue, un matériau utilisé par tout le monde, tous les jours. Les poètes ont donc l’obligation de forcer les limites de ce matériau, de le réinventer.
Pour Hilmi Yavuz, le poète contemporain turc a la particularité de porter deux influencess en héritage : celle de la littérature occidentale (surtout française) et celle de la poésie ottomane et ancienne, un temps dévalorisée après la fondation de la République. Le poète turc, selon lui, doit réinvestir cet héritage ottoman pour écrire aujourd’hui. C’est d’après lui sa responsabilité, car il s’agit de prendre en charge son propre passé. D’autant plus que dans leur histoire, cela a toujours été par la poésie que les Turcs ont exprimé leur condition humaine, « la poésie a été la forme d’expression de l’esprit et du cœur turc », dit Hilmi Yavuz. En effet, la prose n’est venue qu’au vingtième siècle, à travers le roman et la nouvelle, dans la littérature turque.
Hilmi Yavuz est né en 1936. Il a étudié le droit puis a laissé ses études et a travaillé pour la BBC à Londres. Il a étudié la philosophie dans le département de littérature à Londres. DE retour en Turquie, il a travaillé dans diverses maisons d’édition. Il a également été en poste notamment à l’université du Bosphore et a rédigé de nombreuses critiques littéraires. Son premier recueil date de 1969, il en a publié depuis une vingtaine. Ses positions pour la défense de la tradition ont souvent marqué l’actualité littéraire. Sa poésie est influencée par la mystique islamique et la poésie ottomane. Il s’attache à créer une synthèse de ses diverses influences, à la fois occidentale et orientale.
Pour des information en turc:Mersin Gazete – Mersin Haber Oku | Mersin Ceride
Aytekin Karaçoban remporte le prix Rimbaud 2022
Pour son recueil Le Silence sous la langue (publié aux éditions Marsa Virolle M, dans la collection Ici D’ailleurs, en 2021), Aytekin Karaçoban a été désigné lauréat du prix Rimbaud 2022, prix créé par la Maison de la poésie de Paris en 1991. La remise des prix se déroulera le 7 Décembre 2022 à la Maison de la poésie à Paris.
Le poète offre aux lecteurs des poèmes à l’émotion cristallisée. Sa langue n’use pas de mots savants, elle est simple et ce n’est pas une qualification négative, loin de là! Dans leur simplicité, les images et les émotions gagnent en hauteur et en universalité. Le jury du prix Rimbaud ne s’y est pas trompé.
Le poète Christian Viguié, qui préface le recueil et l’édite, cite des vers de Karaçoban :
« Tu ne peux pas atteindre l’âge qu’ont les pierres, oublie cela.
Tu ne peux pas être un magicien plus malin que l’hiver,
…
Tu deviendras en somme un grain de poussière
collé à la crinière d’un hippocampe ; »
La question de l’identité travaille la poésie d’Aytekin Karaçoban et le titre du recueil exprime une partie de ses questionnements. Le silence sous la langue, c’est tout ce qui ne peut être dit, c’est aussi l’expérience du bilinguisme que connaît bien le poète, écrivant en turc, traducteur du français vers le turc et vivant en France depuis plus de vingt ans. C’est tout ce qu’on ne peut dire, tout ce qui reste muet sans même que l’on s’en rende compte, tout ce que l’on retient aussi. Ces questionnements croisent celui du voyage et du chemin à parcourir. C’est un voyage plus spirituel que physique. Il rejoint le voyage de la langue maternelle en terre étrangère, la construction d’une place dans sa langue, d’une voix de poète singulière, l’échafaudage d’un territoire poétique en terre d’exil (devenue avec le temps, terre aimée). Il y a dans ce voyage un fond de nostalgie, un goût légèrement amer. La distance entre le proche et le lointain, si proche -sous la langue- et pourtant si insaisissable.
Les éditions Mars-A ont fait le choix d’un recueil bilingue, ce qui est très appréciable et permet, même si on ne connaît pas le turc, de voir l’étrangeté des mots et leur densité sur la page. La version française a été réalisée par le poète lui-même et Christian Galiana. C’est une remarquable traduction, à mon avis, qui a su mettre en valeur la richesse de cette langue poétique et qui contribue à l’attribution du prix aujourd’hui.
Alors, vous aurez compris que ce recueil d’Aytekin Karaçoban peut être un exellent cadeau de Noël pour vos proches ou pour vous-même! Bonne lecture!
Juin en poésie
Ce mois de Juin renoue avec la poésie, que cela soit en France ou en Turquie.
A Izmir, du 3 au 5 Juin s’est déroulé la première édition du Festival international d’art et de littérature d’Homère. Sous l’égide de ce grand poète, le festival s’est ouvert sur un site de l’époque antique. Organisé par la municipalité de Bayrakli, avec pour directeur du festival le poète Tugrul Keskin, le festival avait deux invités d’honneur qu’on ne présente plus: Adonis et Özdemir İnce. Le poète français Sylvestre Clancier était également parmi les invités pour représenter la poésie française.
De nombreux concerts, des rencontres, de la danse étaient au programme. Pour la 59ème année de la disparition de Nazim Hikmet, certains de ses poèmes ont été lus par le poète Ahmet Telli.
Il faut rendre hommage à la volonté du personnel politique d’Izmir de mettre en avant la culture et de fournir les moyens pour que de tels événements se réalisent.
La première édition a été un franc succès, alors à l’année prochaine pour une deuxième édition!
Du côté de la France, la vie des festivals de poésie reprend aussi le pas sur la pandémie et cela fait du bien à tout le monde. Du 8 au 12 Juin aura lieu le 39 ème marché de la poésie à Paris, rendez-vous traditionnel du monde de l’édition de poésie qui, après deux ans chaotiques, pourra se dérouler sans encombre.
Cette année, la collection Regards turcs dirigé par Sevgi Türker-Terlemez et Serpilekin Adeline Terlemez présente des poètes turcs présents sur le stand de l’Harmattan. Voici le programme des signatures:
Bonnes découvertes!
**
Hommage à Salih Bolat
Salih Bolat est décédé le 13 Février 2022 des suite du coronavirus. A la cérémonie tenue en l’honneur du défunt, sa sensibilité, sa sincérité, l’importance qu’il donnait à la nature ont été soulignés. L’écrivain Mustafa Köz a dit « Les oiseaux de Salih seront toujours en balade, ses souvenirs seront toujours avec nous. Il va maintenant écrire de nouveaux poèmes à côté du frère qu’il adorait Melih (le poète Melih Cedet Anday) à Büyükada. »
Ses poèmes ont été lus par ses amis proches tels que les poètes Gökçenur Ç., Cenk Kolçak et Emrullah Alp. Zeynep Altıok, la fille du grand poète disparu Metin Altıok, a également pris la parole pour lui rendre hommage. L’association des écrivains de Turquie (PEN) a souligné l’importance de la poésie de Salih Bolat dans le paysage poétique turque contemporain et aussi son originalité.
Salih Bolat resta dans les mémoires par sa poésie, voici un extrait d’un poème lu dans cette intervention du PEN : « du vin qui repose dans sa jarre, un ciel d’été/ nous ne demandons pas trop, sinon de vivre/Nous voulons comprendre l’insecte retourné sur le dos/Nous voulons écouter la chanson de la mousse sur la roche. »
Après la disparition de Salih Bolat, je souhaitais rendre hommage à l’ami et poète disparu trop tôt. La découverte d’une archive sonore oubliée me donne l’occasion de le faire en mettant en avant sa propre voix. Il s’agit d’un enregistrement effectué à Eskisehir en 2015 lors du Festival International d’Eskisehir où nous étions tous les deux invités. J’ai retranscris ci-dessous la teneur de cet entretien en le résumant. Salih Bolat y parle de sa poésie, de sa vision du monde, de sa sensibilité…
**
Salih Bolat sépare la poésie de la littérature. Car la poésie est un autre langage. Elle diffère de tous les autres écrits que l’on réunit sous le nom de littérature.
C’est un phénomène à part. Car, en premier lieu, sa logique est différente. Les autres écrits s’emparent du réel et le présentent sous d’autres formes, avec le même langage, ils fondent des mondes imaginaires.
La poésie récuse tout à fait la réalité. Elle est une façon de dire qui met de côté le réel.
Il cite un écrivain qui différencie ainsi la prose de la poésie: le roman cerne la réalité avec la lumière du jour. La poésie, elle, la cerne avec la lumière d’un éclair.
Leur but est différent. Pour Salih Bolat, la prose amène les humains à se civiliser, elle possède cette tension en elle. La poésie, pas du tout. Car la poésie est d’abord la langue de ce qui n’est pas.
Le poète saisi l’émotion de ce qui n’est pas et la transcrit dans le poème en l’esthétisant et en lui donnant un aspect concret à travers les mots.
Il le fait en utilisant sa langue et le groupe de mots évidemment limités de sa propre langue. Mais de telle sorte que l’émotion reste vivante.
Ce travail sur les mots explique que les personnes peu habitués à la poésie, quand elles lisent des poèmes, même si ceux-ci évoquent des choses qu’ils connaissent (manger, danser…), ne comprennent pas nécessairement ce qu’ils lisent. Car le sens donné au mot, la charge que le poète leur a conféré n’est pas prosaïque ni quotidien.
A la question, pensez-vous au lecteur en écrivant, il répond catégoriquement par la négative. Les « tests » pour savoir si le poème a de la valeur, il le fait lui-même. S’il le valide lui-même, s’il peut le défendre, s’il est sûr qu’il fera écho chez d’autres, cela lui suffit. S’il ne le trouve pas réussi, alors cela signifie qu’il faut le retravailler.
Le poème se ressent, qu’importe qu’on le comprenne ou pas.
Il cite Gramsci pour répondre à la question du rôle de la poésie. « L’art, s’il est fait pour éduquer ne sert à rien. L’art, s’il est art, alors il éduquera. » Si l’on se donne une mission en écrivant un poème, alors la portée et la qualité de l’esthétique du poème seront diminuées.
Quelles sont les particularités poétiques de sa poésie?
« Ma proximité avec la nature, j’écris en lien avec le monde. Mais cela ne fait pas de moi un poète naturaliste. »
Il considère que le lyrisme est mal compris en Turquie, que les poètes pensent être lyriques simplement en utilisant la première personne du singulier et en racontant leur sentiment. Cela donne des poèmes fermés sur eux-mêmes et ennuyeux. Pour lui le lyrisme, c’est exprimer la tension qu’existe entre la personne du poète et le monde qui l’entoure.
Il y a du lyrisme dans ses poèmes, mais il n’exprime pas ses sentiments à travers des concepts abstraits, des mots éculés; il s’appuie sur des images de la nature, sur les objets, les petites choses du quotidien pour exprimer ses sentiments.
« Ce sont des choses que le lecteur connait, qui lui sont familières. Mais comme ma propre sensibilité les exprime à sa façon, le lecteur les redécouvre, avec un nouveau regard. »
Il a toujours cherché à créer cette impression dans ses poèmes. Au début de son œuvre, il estime qu’il n’arrivait pas à le faire, mais qu’ensuite il a trouvé sa façon de le faire. « Je viens juste de découvrir le vrai poème! »
Le poète a une double personnalité. Il doit vivre la vie de sa communauté, avoir un gagne-pain et vivre sa façon d’être particulière au monde qui le pousse à écrire des poèmes, sa solitude.
Il cite Baudelaire « Le poète est celui qui se sent seul dans la foule et qui une fois seul ressent une foule en lui. »
Il est dans le monde et en même temps il porte un monde en lui. Il doit résoudre ce conflit intérieur constant. S’il n’arrive pas à l’exprimer, soit il devient fou soit il se suicide. Le poète est obligé d’écrire de la poésie pour réussir à vivre dans le monde, à supporter le monde tel qu’il est, s’il est empêché de le faire, il et malheureux.
C’est une façon d’être au monde, aussi il ne faut pas se fixer sur la productivité de tel ou tel poète.
Certaines personnes sont de véritables poètes, mais ils n’écrivent pas.
Le lecteur aussi, grâce à la poésie, trouve une façon de supporter le monde et de ne pas désespérer. Plus la poésie est lue, plus les gens sont sensibles, créatifs et libres.
Les pouvoirs politiques connaissent cette capacité subversive de la poésie et de l’art en général, c’est pourquoi les régimes autoritaires l’oppressent en général.
Ils font tout pour que les gens voient l’art comme quelque chose de très beau et d’amusant. En évacuant son côté subversif et libérateur. Dans l’Histoire, de nombreux poètes ont été opprimés, emprisonnés, tués.
On fait taire les poètes pour avoir fait sentir au gens la voix des arbres, le langage des fleurs, les conversations des pierres. Ils font réaliser aux gens la beauté de la vie, le miracle qu’elle représente. Cette prise de conscience peut les mener à repenser leur vie et leurs valeurs et ainsi les pousser à se révolter contre l’ordre établi et l’injustice.
Salih Bolat’ı anmak
Salih Bolat 13 Şubat 2022 vefat etti. Törende şairin doğaya verdiği önem, doğa şiirleri, içtenliği ve inceliği vurgulandı. Yazar Mustafa Köz, “Salih’in kuşları hep dolaşacak, onun anıları hep bizimle olacak. Büyükada’da çok sevdiği Melih (Cevdet Anday) ağabeyiyle birlikte yeni şiirler yazacak” dedi.
Yakın arkadaşları şair Gökçenur Ç., Cenk Kolçak ve Emrullah Alp şairin şiirlerini okudu. Bolat’ın kendi şiirlerini seslendirdiği bir video gösterimi de yapıldı.Bolat’ın şair dostlarından Metin Altıok’un kızı Zeynep Altıok da törende de konuştu.
PEN Türkiye Yazarlar Derneği de Salih Bolat için bir açıklama yayımladı. “Salih Bolat unutulmaz şiirleriyle yaşayacak” denilen açıklamada şu ifadeler kullanıldı: “Günler kısaldı. Bir bir azalmakta Ankara’nın gençleri. Salih Bolat da şiirini bilgelikle buluşturup göç eyledi. Usuldu, sabırlıydı, özenliydi. Kuşağı içinde de genel çizginin, başat eğilimlerin dışındaydı. Binbir incelikle oluşturduğu şiiriyle insanı doğanın yalınlığına, göğün yüksekliğine, suyun derinliğine ilerletmeyi hep sürdürdü. Şiirine bakanlar ondaki olgunluğu görecekler ve zamanı durduracak tek şeyin şiir olduğunu düşünecekler: ‘Küpünde dinlenen şarap; yaz göğü/fazla bir şey istemiyoruz, yaşamaktan başka/anlamak istiyoruz, ters dönmüş böceği / dinlemek istiyoruz, taştaki yosunun türküsünü.’ Salih Bolat unutulmaz şiirleriyle kuşaklar boyu okunacak, devridaim olsun.”
(Kaynak: Adanalı Şair Salih Bolat, son yolculuğuna şiirlerle uğurlandı.)
Ayna dergimle Salih Bolat’i anmak istiyordum. Unutulmuş eski bir ses kayıdı bulunca kendi sesiyle onu anmak istedim. Bu ses kaydı 2015 yılında Eskişehir’de kaydedildi. O yıl ikimiz Eskişehir Uluslararası Şiir festivaline davetliydik. Salih Bolat sorularıma cevap veriyor, dünya görüsünü, şiir hakkındaki düşüncelerini ve duyarlığını bizimle paylaşıyor.
Daha fazla bilgi için, youtube’den çok güzel bir söyleşi var : buraya
La poètesse Gülsüm Cengiz nous fait l’amitié de partager son texte écrit à l’occasion du 21 Mars dernier, jour du printemps, mais aussi de la poésie dans le monde. Elle y défend l’idée d’une poésie humaniste, généreuse et lucide. Elle nous rappelle que la poésie ne s’occupe que de la vie, contrairement à ce qu’on pourrait parfois croire à la vue de la poussière sur les étagères de bibliothèque. Il est bon de se souvenir que la poésie a toujours accompagné l’aventure humaine et qu’elle participe de notre humanité. Bonne lecture!
Pour la vie, la poésie !
Par GÜLSÜM CENGİZ
L’histoire de la poésie est aussi ancienne que celle de l’humanité. À l’époque où les humains ont commencé leur aventure sur Terre, la poésie est apparue avec la danse et la musique, née du besoin d’exprimer les envies, le vague à l’âme et ce que vivaient les êtres humains. Les paroles rythmées, accompagnant musique et mouvements corporels, sont à la base de la poésie. Cela signifie que ce qui fait la poésie est la vie même.
L’humain, la nature, la vie dans sa totalité et les phénomènes en cours ont constitué des sujets pour la poésie. Une récolte féconde, l’attente de la pluie, la grande unité de sentiments entre deux êtres que représente l’amour, la peur des ténèbres et de la mort, le besoin de lumière, les peines d’amour et de séparation ont formé des poèmes, à travers les mots magiques des magiciens tribaux. Depuis cette époque jusqu’à nos jours, les poètes, avec leurs poèmes, se sont fait les témoins de leur époque et d’événements sociétaux. Les poèmes ont changé de forme par rapport au contexte et aux conditions sociales qui les ont influencés. Cependant, les orientations principales n’ont pas changé, ils abordent toujours l’amour, la séparation, la mort, la pauvreté, la paix et le désir de liberté ou bien l’envie d’une vie meilleure. La poésie exprime les problématiques communes à tous les êtres humains, aussi elle a survécu à toutes les époques jusqu’à aujourd’hui. Ces poèmes portent les marques de la culture, de l’époque et du lieu de vie du poète, cependant ils forment chacun un maillon qui s’enfile dans une chaîne partant du passé et qui s’étire vers l’avenir. Ils sont un héritage commun de l’humanité.
À la base de la poésie, comme de la philosophie, il y a le désir de raconter et d’expliquer l’humain et le monde, le désir de fonder des rêves d’avenir et de changement. C’est pourquoi la poésie est une opposante à l’ordre établi et à l’idéologie dominante.
Le poète interroge, critique les injustices, les cruautés dans sa société et dans son époque ; à travers ses vers, il fait entrevoir la possibilité d’une vie meilleure. Car l’artiste a des responsabilités envers sa société et son époque. Car les poètes sont la conscience des sociétés. À travers leurs poèmes, ils donnent leur voix aux gens, exposent leurs souffrances, les contradictions sociétales, à une époque où toutes les voix se taisent ou sont tues.
Les poètes sont des travailleurs de l’espoir, montrant des aspects subtils que les gens n’aperçoivent pas, les richesses de l’existence, ses beautés, l’espoir et la résistance. Les poètes sont des travailleurs de la conscience. À travers leurs œuvres, ils font ressentir aux gens la force cachée de changement qu’ils possèdent à l’intérieur d’eux-mêmes. Car la poésie est efficace. Elle possède la force d’influencer les sentiments des gens et leurs pensées en entrant dans leur inconscient.
La poésie, c’est la vie même.
Le rayon de soleil entre des nuages noirs, des saules pleureurs embrassant l’eau, les vagues grossissant dans la tempête, l’écume, sont de la poésie. La blancheur déposée sur les cheveux de la mère qui cherche la tombe de son fils disparu après une garde à vue, la souffrance dans le cœur des gens dont la langue est interdite, sont de la poésie.
Depuis la naissance des sociétés hiérarchisées, depuis des millénaires, ces visages de femmes souffrant, subissant des violences, assassinées, la révolte dans leur cœur, la lutte, la résistance des femmes qui se tiennent par la main pour changer le destin et qui se lèvent contre l’oppression sont de la poésie. (…)
La poésie prend position. Sa position est celle de la vie dans sa totalité. Nâzim Hikmet a dit « Ce sera certainement très difficile de désigner un seul grand auteur dans l’histoire humaine à être resté totalement indifférent et sans positionnement face aux problématiques de son époque. On peut le croire sans opinion et cela peut se dire, mais objectivement on ne peut jamais être neutre. Pour ma part, je suis profondément enclin à prendre position. » (…)
Aujourd’hui, l’humanité a besoin plus que jamais de poésie. (…)
« Pour la vie, la poésie !/ La poésie doit être témoin de son temps/ et défendre la vie !
15.03.2022
Trad. C.L – inédit–
Şiir yaşam içindir!
GÜLSÜM CENGİZ’den
Şiirin tarihi insanlık tarihi kadar eski. İnsanın yeryüzündeki serüveninin başladığı dönemde dans ve müzikle birlikte ortaya çıkan şiir; insanın yaşadıklarını anlatma, özlem ve isteklerini ifade etme gereksiniminden doğmuştur. Beden hareketine ve müziğe eşlik eden ritimli sözler şiirin temelini oluşturmuştur. Bu demektir ki şiiri var eden yaşamdır; insana, doğaya, yani bütünselliği içinde yaşama ve süregelen olgulara dair ne varsa şiirin konusunu oluşturmuştur. Bereketli bir hasat ve yağmur özlemi, iki insan arasındaki büyük duygu birliği olan aşk, karanlık ve ölüm korkusu, ışık özlemi, aşk ve ayrılık acısı şiir olmuştur kabile büyücülerinin tılsımlı sözcükleriyle. O günden bu yana, şairlerin, yaşadıkları çağ ve toplumda yaşananlara tanıklık ettikleri şiirler; değişen toplumsal koşullardaki insanlık hallerinin yanı sıra biçimde de değişerek süregelmiştir; ancak aşk, ayrılık, ölüm, yoksulluk; barış ve özgürlük isteği, daha güzel bir yaşam özlemi gibi temel izlekler değişmemiştir. İnsanlığın ortak sorunlarını ifade eden şiirler, çağlar boyu varlığını sürdürerek günümüze dek gelmiştir. Şairin yaşadığı coğrafya, dönem ve kültürden izler taşıyan bu şiirler, geçmişten geleceğe uzanan zincirin birbirine eklenen halkalarıdır ve insanlığın ortak mirasıdır.
Şiirin temelinde de felsefedeki gibi; insanın yaşadığı dünyayı, insanı anlama ve açıklama; gelecek düşleri kurma ve değiştirme özlemi vardır. O yüzdendir ki şiir muhaliftir; kurulu düzene, egemen ideolojiye… Şair, toplumunda ve çağında yaşanılan kötülükleri, haksızlıkları sorgular, eleştirir, daha güzel bir yaşamın varlığını sezdirir dizeleriyle. Çünkü sanatçının toplumuna, çağına karşı sorumlulukları vardır. Çünkü şairler toplumların vicdanıdırlar; bütün seslerin sustuğu, susturulduğu bir dönemde toplumsal çelişkileri, acıları gösterirler; şiirleriyle ses olurlar insanlara. Şairler umut işçileridir; insanların bakıp görmedikleri ince ayrıntıları, yaşamdaki zenginlikleri, güzellikleri, umut ve direnci duyumsatan. Şairler bilinç işçileridir; insanlara, kendi içlerindeki değiştirme gizilgücünü yapıtlarıyla sezdiren. Çünkü şiir işlevseldir; insanların bilinç altına girip düşüncelerini, duygularını etkileme gücü vardır.
Şiir yaşamın ta kendisidir.
Kara bulutların arasından sızan gün ışığı, sularla öpüşen salkım söğütler, fırtınalı bir havada kabaran dalgalar, suyun üstündeki ak köpükler şiirdir. Gözaltında kaybedilen oğlunun mezarını arayan ananın saçına düşen ak, dili yasaklanan insanın yüreğindeki acı şiirdir. Sınıflı toplumların doğuşunun ardından binlerce yıldır acı çeken, şiddete uğrayan, öldürülen kadınların yüzleri; süregelen baskıya başkaldırıp yazgıyı değiştirmek için ellerini birleştiren kadınların direnç ve mücadelesi, yüreklerindeki isyan şiirdir (…)
Şiir yan tutar; tuttuğu yan bütünselliğiyle yaşamdır. Demiştir ki Nazım Hikmet; “Dünya tarihinde, çağının sorunları karşısında büsbütün yansız ve edilgin kalmış bir tek büyük yazar göstermek kuşkusuz güç olacaktır. Yansız olunduğu sanılabilir ve söylenebilir, ama nesnel olarak hiçbir zaman yansız olunamaz. Bana gelince, ben kesinlikle yan tutmayı yeğlerim.” (…)
Bugün insanlığın şiire her zamankinden fazla gereksinimi vardır. (…)
“Şiir yaşam içindir! / Tanıklık etmelidir gününe, / yaşamı savunmalıdır şiir!”
15.03.2022
Sezai Karakoç (1933-2021)
Sezai Karakoç était une figure importante de la scène poétique turque, il est décédé le 16 novembre 2021, âgé de 88 ans.
Après avoir été fonctionnaire, il a fait du journalisme. Il a consacré des recherches sur les poètes Yunus Emre (poète mystique médiéval, considéré comme le premier poète a avoir usé du turc comme langue littéraire) et Mehmet Akif (auteur de l’hymne national de la République Turque). Il fonde un parti islamiste nationaliste, c’est le parti de la Renaissance (Diriliş) en 1990, qu’il a dirigé jusqu’à sa dissolution en 1997. Il a également fondé une maison d’édition du même nom.
Sezai Karakoç incarne un courant de poésie islamique, mystique, ayant intégrée la modernité dans son écriture. Il s’inscrit ainsi dans la veine du poète Dagalarca et dans le courant du Second Nouveau. Pour le poète Ece Ayhan, Sezai Karakoç avec Cemal Sureyya sont à l’initiative du Second Nouveau. Sezai Karakoç critique les poètes du courant Garip, notamment Orhan Veli, qu’il estime trop citadin et bourgeois, ignorant la réalité de la vie anatolienne. C’était un poète reconnu pour sa qualité littéraire, mais clivant pour ses idées religieuses et politique.
Les éditions Le Bleu autour publie un de ses poèmes dans leur anthologie de la poésie turque contemporaine. Intitulé « Balcon », c’est un ppoème qui a été publié dans les années 1957-1958 dans le journal Pazar Postaci. Ce poème marque son entrée dans le courant du Second Nouveau, par sa forme esthétique, l’importance du symbolisme notamment. Je vous le donne à lire ci-dessous:
Balcon
Si l’enfant tombe et meurt parce que le balcon
Est la baie audacieuse de la mort dans les maisons
Au moment où sur le visage des enfants disparaît le dernier sourire
Les mamans ont les mains à la balustrade des balcons
En moi et à bout de bras le balcon
Tient autant de place qu’un cercueil
Vous étendez votre linge de toile, tout près
Vous vous étendez sur votre chaise longue, mort
Dans les temps à venir
On enterrera les morts sur les balcons
L’homme ne trouvera pas de repos
Même après être mort
Ne me demandez pas où allez-vous comme ça
Je m’en vais en courant
Je m’en vais pour embrasser au front
Les architectes qui font des maisons sans balcon
extrait de « J’ai vu la mer », Anthologie de poésie turque contemporaine, Bleu autour, 2009
Pourquoi la poésie?
À la question, mais à quoi sert la poésie, le poète Metin Altıok répond :
« La poésie, en créant des liens entre l’univers émotionnel des gens, contribue à unir ces mondes subjectifs en un univers émotionnel commun. La poésie, en dépassant l’aspect limité de l’existence des gens, contribue à l’élever et à la grandir. La poésie contribue à ce que les gens s’approprient la connaissance émotionnelle qui représente le fruit du combat historique de l’humain. La poésie, en tant qu’aube universelle de l’espèce humaine, contribue à éviter toute mise à l’écart de l’humanité. La poésie contribue à atténuer la méchanceté qui est un reste atavique de l’humain. Et enfin, j’ajoute que la poésie aide à aimer les êtres humains. »
Şiir niye?
Peki şiir neye yarar? sorusuna, şair Metin Altıok bu cevap verir:
« İnsanların duygu dünyaları arasında bağ kurarak, bu öznel dünyaların ortak bir duygu acununda birleşmesine yarar. Şiir insanın sınırlı yaşam boyutunu aşarak yücelmesine ve enginleşmesine yarar. İnsanın hayatta olan tarihsel savaşımının ürünü olan duygu birikmine sahip çıkmasına yarar. İnsan soyunun evrensel tanısı olarak, kişinin her türlü yabancılaşmalardan kurtulmasına yarar. Şiir insanda atavik bir kalıntı olarak kötülüklerden arınmaya yarar. ve son olarak da şunu söyleyeyim: Şiir insanları sevmeye yarar. »
Un poète d’Ankara, un poète qui embrasse tous les êtres du monde
Parues aux éditions Doruk, les œuvres réunies de A.Kadir Paksoy en deux tomes sonnent à lire aux lecteurs les poèmes du poètes de 1977 à 2020. C’est dire que nous avons là réuni un panorama assez exhaustif d’une œuvre contemporaine. Je ne reviendrai pas en détail sur la biographie du poète, le lecteur pourra se référer à celle déjà présente dans la revue (ici). Brièvement, A.Kadir Paksoy est un poète qui a enseigné dans divers endroits d’Anatolie, que ce soit dans des villages, des villes provinciales, Istanbul ou Ankara. Cela fait de longues années à présent qu’il réside à Ankara. Bien avant d’être retraité de l’enseignement (2002), il écrit, dès 1977, et publie son premier recueil en 1984. Francophone sur le tard (2009), il a depuis traduit de nombreux poètes français en turc (cf, Prévert en turc)et a dirigé deux revues.
Il est considéré par ses pairs comme étant un poète lyrique, car l’émotion est au premier plan. On le qualifie aussi de poète populaire, dans le sens proche du peuple, sensible à la vie et aux problèmes des gens. Il faut souligner que cela ne va pas de soi d’être lyrique tout en abordant des thèmes de la vie courante, dans la matière, routiniers. Le poète y arrive par la sobriété de son vocabulaire, la musicalité (avec souvent des répétitions comme dans une comptine). Ainsi, ses poèmes ne sont pas des messages sociaux ou bien des descriptions, ce sont véritablement des poèmes avec une esthétique propre, même si engagés, comme le montre le poème ci-dessous, à propos du risque du fondamentaliste, des dévots :
Les enfants réveillez-vous
Réveillez-vous les enfants
Pendant que vous dormiez ils ont volé la nuit
Les voleurs vous saupoudrent d’obscurité
Dans leurs mains, les lampes aveugles de l’ordre noir
Réveillez regardez donc
IIs vont vous précipiter dans un sommeil sans fin
Devant vos yeux
À la question, pourquoi écrivez-vous ? Il répond, « Pour atténuer ma peine ».
Dans le premier tome, nous trouvons 8 recueils et 7 dans le second. Le poète explique dans une courte préface qu’il n’a pas été immédiatement convaincu par l’idée de réunir ses poèmes en tome. Quel intérêt ? Dès le départ, il refuse d’ailleurs l’idée de publier des œuvres complètes, car il estime que de nombreux poèmes publiés par le passé et surtout dans sa jeunesse n’ont plus de valeur à ses yeux. Il ne souhaitait pas de répétition non plus, car certaines de ses œuvres sont reprises et prolongées par les suivantes en reprenant et modifiant les mêmes poèmes. Finalement, réunir un choix très large de ses recueils pour la plupart complet lui a paru une bonne occasion de faire le tri et d’offrir aux lecteurs un ensemble cohérent de sa création depuis le début jusqu’à nos jours.
Parmi les titres de ses recueils, nous retiendrons L’Epopée de Haci Bektaş, mystique et penseur de l’islam du Moyen-âge, Histoire de Kadir bey (qu’il a dédié au poète Behçet Aysan, assassiné en 1993 à Sivas), La Gâchette et la plume, Vaste problème que d’être humain.
Pour finir, un poème à lire:
Itzhak Perlman joue
Itzhak Perlman joue
Sur une route étroite toutes les ruptures se rejoignent
Puis s’éloignent à nouveau vers le pays de la séparation.
Est-ce que quelqu’un l’a vue
Un enfant cherche sa mère.
Itzhak Perlman joue
Une femme regarde au loin
Orpheline des êtres qu’elle a aimés
Dans les gravats et les fumées.
Est-ce que quelqu’un les a touchés
Dans sa chevelure toute noire
Elle cache des colombes blanches.
Itzhak Perlman joue
Quand le vert fait l’amour au rouge
Le mauve se multiplie.
Est-ce que quelqu’un comprend
La fleur de sureau sent la poudre.
Itzhak Perlman joue
Les oiseaux se posent et s’envolent
Sur les fils de mon cœur.
Est-ce que quelqu’un écoute
Un enfant mort pleure.
Sur la poitrine de l’amour les griffes de la souffrance
La clameur muette d’être quitté.
Est-ce que quelqu’un entend
Mes rêves, mes pensées saignent.
Trad.CL
Le Festival Voix Vives toujours vivant!
On le disait prêt à disparaître, malgré la pandémie et les difficultés financières, le Festival Voix Vives de Sète est toujours là. Mené par une équipe d’animateurs passionnés et de bénévoles très motivés (nombreux venus même en renfort de Tolède- où se déroule aussi un festival de poésie), le festival continue à enchanter son public. Lectures dans des lieux variés, à toutes les heures de la journée, en barque, à voile, au café et même dans la rue piétonne la plus passante de Sète! Les poètes de la Méditerranée toujours mis à l’honneur avec des représentants du Liban, d’Egypte, de Tunisie, de Croatie, d’Italie, de Grèce, de Palestine, etc. et bien sûr de Turquie.
Reha Yünlüel, ici sur la photo à droite en compagnie du poète Jean Poncet, était le poète turc invité de cette édition 2021. Diplômé de la Faculté de Droit d’Istanbul, il s’installe à Strasbourg en 1997. Il est vidéaste, photographe également et a été à l’initiative de nombreux travaux de revues poétiques. Il a publié un recueil Oiseau tombant de la cathédrale aux éditions Virtuel en 2000. Il s’agit d’un poète engagé et sensible au monde, il a developpé une voix très personnelle avec de longs poèmes où la voix se déroule et souvent scande les vers. Il a aussi écrit des haîkus et des rehaïkus, le préfixe « re »indiquant les deux premières lettres de son prénom, afin d’indiquer que ce sont des haïkus écrits à la façon de Reha, en dehors des codes stricts du haïkus, chacun pouvant faire de même. Ainsi des haïkus écrits à la façon de Claire, par exemple, s’appelleraient des clhaïkus. Assez difficile à prononcer! Vous aurez compris que Reha Yünlüel est un poète qui sait rire de lui-même et qui aime l’ironie. En attendant un dossier plus complet dans la revue, voici un extrait d’un de ses poèmes lus à Sète:
instantanés de vie sans hobby, sans phobie, sans toutou
la classe ouvrière n’a pas de phobie
elle n’a pas peur du noir, ni des insectes
ni du sang, ni du travail
ni de la lumière, ni de l’eau, ni de la maladie
ils se fixent aux machines comme les vis aux écrous
ils deviennent la matière
en y vidant leurs entrailles
pion après pion, goutte après goutte, soldats
ils cherchent leur pain jusque dans la gueule du lion
comme s’ils en arrachaient une dent
ils n’ont pas de temps libre, pas de temps à tuer
pas de vie à gaspiller non plus, pas de temps
pour être très triste ou très gai
ce temps-là, il n’y en a pas, ni pour déprimer
ni pour tricher, ni pour faire une fleur à personne
ils ne sortent pas le soir
sinon pour aller travailler ;
ils ne prennent pas le taxi, pas de tarif de jour ou de nuit,
c’est un signe, ils ne sont pas dépensiers, un autre signe
ils sont loin de la mode, nouveau signe, ils ne font pas la foire
ils entrent dans les statistiques qu’ils travaillent ou qu’ils chôment
car ceux qui chôment y entrent aussi à volonté
en sautant d’un signe à l’autre
on se souvient d’eux surtout pendant les élections
une voix est une voix, une voix, wouah wouah
ils ne grossissent pas, pas de double menton
ils n’ont ni meuble ni immeuble, un signe encore
ils ne croient pas vraiment à la justice, ni à Dieu le Père, un autre
ils ne font pas confiance à leurs femmes ni à leurs enfants, signe
usagers silencieux des transports en commun
ils habitent dans de petites cabanes s’ils sont en règle
s’ils ne le sont pas, dans la tôle des bidonvilles
et dans de tous petits appartements
comme des locataires pris dans un cercle vicieux
ou ce qu’on a prévu pour eux
quelques mignons mètres carrés des habitats sociaux
sans autorisation de claustrophobie
ils ne regardent pas dans les yeux, n’attirent pas les regards
ils ne fuient pas le travail, ils ne pourraient le faire
la famine, le froid et la misère
l’Etat : c’est le père, la mère, tout ; c’est-à-dire rien
Traduction: Belkis Sonia Philonenko et le poète lui-même
hobisiz, fobisiz, bobisiz bir hayattan enstantaneler
fobisi olmaz işçi sınıfının
karanlıktan korkmaz, böcekten,
kandan ve çalışmaktan
ışıktan, sudan ve hastalıktan
çalıştıkları makineleri
bir vidayı kilitleyen somun gibi
tamamlar onlar, âlet-edevâtı
bir maddenin derinliğini doldururlar
var güçleriyle içlerini boşaltarak
madde maddedirler, gıdım gıdım, asker,
ekmeği aslanın ağzından
dişini sökercesine alıverirler
boş zamanları yoktur, boşa harcayacakları
çarçur edecekleri bir hayatları, yoktur
çok üzülecek ve çok sevinecek zamanları
yoktur, yokturoğluyoktur, depresyonları,
katakullileri, kıyak konusu olabilecek şeyleri,
gece hayatları yoktur onların,
işleri değilse eğer geceleri;
taksiye binmezler, gündüz ya da gece tarifesi
ayrı bir mânâ, hovardalık yapmazlar, ayrı bir mânâ
modayla aralarında açık fark, mânâ, fink atmazlar
istatistiklere bir işleri varsa ya da yoksa diye geçerler
işi olmayanlar da girebilir çünkü
elini kolunu sallaya sallaya istatistiklere,
mânâdan mânâya sıçrayıp;
en çok da seçimlerde hatırlanırlar
-bir oy bir oydur, bir oy bir oy; oy oy oy!-
şişmanlamazlar, gıdıları yoktur
fazla eşyâsı olmaz onların, hiç mülkleri, ayrı bir
adâlete derin inançları, allah baba’ya kesin, ayrı
fazla olmaz karılarına ve çocuklarına inançları, bir mânâ
toplu taşıma araçlarının o sessiz müdâvimleri
küçük kulübelerde yaşarlar yasalsa durumları
-salsa ya da değilse çoğun gecekondularda
ve minnâcık apartman dairelerinde
çemberini sarmalayan bir döngüye kirâcı
ya da kendilerine tahsîs edilmiş
minyon metrekarelerde ismine sosyal konut denilen
klostrofobiden uzak
göze bakmazlar, batmazlar
işten kaçmazlar, kaçamazlar
açlık, soğuk ve sefâlet
devlet: babadır, anadır, herşeydir; yâni hiç
Un poète à hauteur de sentiment: Salih BOLAT
J’ai le plaisir de vous annoncer la parution aux éditions Domens du recueil Première Neige du poète turc Salih Bolat, traduit par mes soins. Je reproduis ci-dessous l’extrait de la préface de l’ouvrage que j’ai rédigée afin de présenter le travail et la spécificité du poète. Bonne lecture!
Première Neige est une anthologie publiée en 2016 qui réunit un choix de poèmes écrits entre 1983 et 2014.Cela représente plusieurs décennies du travail poétique de Salih Bolat. Salih Bolat a dès ses premiers recueils su se distinguer et affirmer sa voix personnelle, par sa poésie épurée, à la fois compréhensive par tous et portant des sens philosophiques profonds. Il écrit en vers libre ou en prose. Il aime René Char et se veut dans la même lignée d’une poésie aux émotions fortes, précises et lumineuses.(…)
Salih Bolat est associé à la génération 80, c’est-à-dire les poètes qui ont commencé à écrire juste avant 1980 et par la suite. Cette génération est témoin et souvent victime du coup d’Etat militaire de 1980, mais elle n’a que peu de lignes communes tant elle rassemble de profils différents. Nous pouvons tout de même dire qu’elle a souvent recours au poème en prose et qu’elle s’attache à l’esthétique en prenant en compte les leçons des mouvements qui la précèdent, le Garip et le Second Nouveau. À l’heure actuelle, il n’existe pas de mouvement poétique particulier. Comme en France, les poètes gravitent autour de maisons d’édition, de revues, se distinguent par leur choix d’une poésie plutôt lyrique, d’une poésie minimaliste ou d’une poésie performance, etc.
*
Salih Bolat se place dans l’héritage de ses prédécesseurs. Il en a fait une synthèse personnelle. L’écriture de Salih Bolat est dénuée de superflu, son travail sur son verbe donne un aspect de simplicité trompeur ; ses vers minimalistes sont le résultat d’une concentration maximale de l’image et de l’émotion afin de les rendre à la fois plus frappant et évident. Ainsi son lyrisme est condensé, sa tristesse retenue et son cri éclate sans fioriture :
tu m’as fait de ta lumière
comme un soleil
dans la broussaille de l’été.
Je pousse ton cri.
Cette parole sobre est une particularité dans un paysage poétique turc où sont légions les poètes abusant du lyrisme, écrivant des poèmes élégiaques ou épiques débordant de sentimentalismes.
La poésie de Salih Bolat est une poésie pudique, mais pas timide. Une poésie à hauteur de sentiment:
dans l’obscurité, les rochers éclairés par le phare se blottissent les uns contre les autres, ils ressemblent à d’étranges créatures que les vagues remuent. une mouette se noie dans sa propre blancheur. poursuivant son propre vol, un canard sauvage percute une tour. en face, on aperçoit les lumières de la ville. dans son lit, poussé par le chagrin, un homme se retourne.
Le poète mêle à la réalité le rêve, et se sert du poème pour comprendre la réalité. Il use pour cela des images, il construit des tableaux, il attrape des visions fulgurantes pour aller chercher le sens universel/philosophique qui s’y cache à première vue :
un chien inquiet erre sans raison
comme pistant l’odeur de l’automne
pour le trouver et le rappeler
juste pour trouver une chose perdue
peut-être la réponse à « pourquoi sommes-nous ici ?
ou encore :
telle la femme balayant les déchets
laissés par les passagers à la pause
toute chose est emportée par le temps.
*
La place de la nature dans la poésie de Salih Bolat est très importante, le lecteur le remarquera tout de suite. Ce n’est pas quelque chose d’habituel chez les poètes de Turquie. Il y a bien sûr certains éléments qui sont présents dans la poésie turque depuis le début de son existence comme les grues, la steppe, les fleuves, la rose et les cinq éléments notamment. Cependant, chez Salih Bolat, animaux, végétaux, cailloux, géographie (colline, montagnes, mer) se retrouvent à chaque page, « chardon », « chauve-souris », « fourmis », « pierre », « giroflées », « bruyère », etc. La nature est parfois l’inspiratrice du poème, parfois son moteur dans l’expression de ses images. Mais surtout, elle montre le souci du poète pour ce qui l’entoure et à quel point il s’inclut dans le monde de manière organique. Il s’agit ici d’une originalité propre à Salih Bolat. Le dépouillement de ses vers est en pleine cohérence avec cette sensibilité personnelle.
Dans ses poèmes en proses, le poète entraîne le lecteur dans des atmosphères étranges, décalées, où les sentiments sont confus, où la colère côtoie la tristesse, la révolte contre la pression sociale : « ils craignent le bonheur. se renferment dans leurs incertitudes intérieures.» ou plus loin, « c’était des jours de trahison. on voulait nous faire renoncer à nos mains. nous faire nous contenter d’un bout de ciel, nous satisfaire d’une prière…»
Salih Bolat au fil de ses recueils a préservé et développé sa voix personnelle. Cette constance se ressent dans l’harmonie que nous retrouvons entre les poèmes bien qu’ils aient été rédigés à des périodes très différentes de la vie du poète. Il offre au lecteur une poésie originale et sensible, il représente un bon exemple de la vitalité de la vie poétique en Turquie. (…)
Claire Lajus, poète-traductrice
Lire des poèmes de Salih Bolat ici
Un Printemps assiégé avec Ataol Behramoğlu
Le Merle moqueur, association conduite par le poète Francis Combes, nous font l’immense plaisir de publier une partie de l’œuvre d’Ataol Behramoğlu, grand poète de la poésie contemporaine turque et déjà traduit dans de nombreuses langues. Ce tout nouveau recueil, sorti en avril 2021, est constitué d’un choix de poèmes qui s’étalent sur plusieurs décennies, de 1965 à 2008. Le lecteur a donc accès aux poèmes fougueux et lyrique de la jeunesse, comme par exemple dans ce passage : Mon époque : fromage, pain, Maïakosvki,/Sang, larmes,/espoirs, douleurs/Malgré cela, alors que je me hâte/Je n’oublierai pas de t’acheter des œillets », comme il a accès aux poèmes plus récents, par exemple ce poème écrit à Bordeaux en 2003 « Quand je pense à toi/ Je me transforme en un nuage/ Qui ne sait que flotter ».
Ataol Behramoğlu possède une poésie très musicale, très riche en images ; il semble parfois qu’il pose une caméra et décrit des scènes, comme des sentiments, avec authenticité et justesse. Le recueil est présenté dans les deux langues, ce qui permet aux turcophones de lire la version originale et de voir son résultat en français. La traduction de Moëz Majed transcrit fidèlement la voix du poète, même si elle lui fait perdre parfois son oralité si caractéristique de la langue turque. Cependant, il est intéressant de noter que Moëz Majed a effectué sa traduction avec le poète lui-même, en l’écoutant lire chaque poème et en discutant sur le sens de chacun. Ataol Behramoğlu étant francophone, il a pu lui expliquer les subtilités de ses poèmes. Il y a donc dans la traduction une part du poète également, ce qui est à souligner pour son originalité.
Ce qui marque également la poésie d’Ataol Behramoğlu, c’est l’engagement du corps et de l’être du poète. Depuis le début de son écriture, le poète est entièrement pris dans des luttes en faveur des plus faibles et pour une justice sociale. Son engagement se mêle à sa vie et à sa poésie : « aujourd’hui j’ai fait l’amour et j’ai participé à une manif »
Il n’a jamais faibli dans ses combats, il en a payé un lourd tribut, car il a dû fuir la Turquie après le coup d’Etat militaire de 1980 et la répression implacable qui s’abattit alors sur tous ceux qui étaient perçus comme nuisibles. Les poètes n’ont jamais été épargnés par les dictatures du fait de leur libre parole. Yannis Ritsos avait expérimenté cette épreuve une décennie plus tôt sous la dictature des colonels en Grèce. Aujourd’hui encore, malgré les menaces et le risque réel, Ataol Behramoğlu participe aux manifs et créé des textes rebelles à toute oppression. C’est une des raisons pour laquelle, comme le dit Francis Combes dans sa préface, il est très populaire en Turquie. C’est un poète dans son temps, un poète avec son peuple, un porte-voix pour tous ceux qui n’osent s’exprimer.
Le poète n’a jamais perdu la foi dans l’humanité, il le déclare dans un de ses poèmes récents :
« Tout comme je crois
En la beauté des cœurs des hommes
Ne cette enfance au fond d’eux
En leur courage immense
Et leurs talents infinis »
À notre époque où tout devient suspect, il est bon de retrouver une parole profonde, sincère et positive. Ne croyez pas ici que cela soit une parole naïve qui endort, le poète est bien conscient des difficultés et c’est malgré tout qu’il s’avance et s’obstine :
« Faire l’amour, la poésie /C’est se balancer au-dessus d’un précipice/Par-delà les lois de la gravité et celles de la raison ».
Un mot sur Le Merle moqueur : C’est une association qui réunit des poètes, des musiciens, des artistes, des militants de la culture. Elle a été fondée en 1998 par le poète Francis Combes et le musicien chilien Sergio Ortega. Elle publie désormais des livres de poètes engagés du monde entier.
Pour les turcophones, voici un lien où le poète parle de ce livre (Türkçe): https://www.youtube.com/watch?v=y3PTbG4U4LI&ab_channel=%C4%B0BBK%C3%BClt%C3%BCrSanat
****
Kalem Ajansı bir Kalem evi kuruyor!
Kalem Ajansı Yalova’nın Gacık köyünde bahçeli bir ev aldı. Yabancı yazarların, Türkçeden Türk edebiyatını dünya dillerine ulaştıran çevirmenlerimizin konaklayacakları bir KALEM EVİ olacak.
Avrupa yazar çevirmen evleri resmi ağına girmeyi de planlanıyor.
2013 yılında bir söyleşide öyle konuşuyordu, ajans kurucusu, Nermin Mollaoğlu « Türkçeden çeviri yapan çevirmenlerin, Türk edebiyatı üzerine tez yazan akademisyenlerin, ülkesinden uzaklaşıp farklı bir coğrafyada yeni romanını yazmak isteyen yazarların, yabancı gazete ve dergilerin edebiyat editörlerinin gelip Türkiye’yi soluyacakları evler olsun istiyoruz ». İşte gerçek oldu, tebrikler diyorum! Çok başarılı bir proje ve Türk edebiyatı için değerli bir adım. Sevgili çevirmenler ve yazarlar, bavullarınız hazır mi?
Kalem Ajansı hakkında:
Nermin Mollaoğlu ajans kurucusudur.
Kalem Telif Hakları Ajansı 2005 yılında İstanbul’da kuruldu. Kalem Ajans, Türk yazarların yurtdışında temsilinin yanı sıra, yurtdışındaki ajans ve yayınevlerinin de Türkiye’deki temsilciliğini yapmakta, yabancı eserlerin doğru yayıncılar tarafından yayımlanmasını sağlamaktadır. Kalem Ajans aynı zamanda ITEF-İstanbul Uluslararası Edebiyat Festivali’ni de düzenlemektedir. Ilk olarak 2009’da gerçekleştirilmiştir. İstanbul sokaklarını edebiyatla dolduran festival, dünyanın dört bir yanındaki yazar, editör, çevirmen ve yayıncıların İstanbul’da buluşmasına imkân yaratmaktadır.
Ajans Türk edebiyatının birbirinden iyi kalemlerinden oluşan 100’ün üzerinde yazarın haklarını yurtiçinde ve yurtdışında temsil etmektir.
kaynak:kalemagency
L’Agence Kalem fonde une maison Kalem !
L’Agence Kalem est devenu propriétaire d’une maison avec jardin dans le village de Gacik à Yalova. Cette maison est destinée à accueillir des écrivains étrangers et des traducteurs du turc qui font passer dans les langues du monde la littérature turque. L’agence prévoit de rentrer dans le réseau des maisons d’écrivains et de traducteurs européen.
Nermin Mollaoğlu, la fondatrice de l’agence, s’exprimait ainsi dans une interview datant de 2013: “ Nous souhaitons que les universitaires écrivant une thèse sur la littérature turque, les traducteurs du turc, des écrivains qui écrivent un nouveau roman et qui souhaitent s’éloigner de leur pays et l’écrire dans une géographie différente, des journalistes étrangers et des éditeurs de revues littéraires viennent en Turquie et qu’ils y trouvent des maisons pour s’y ressourcer.” Voilà, c’est devenu réalité, je vous félicite! C’est un projet très brillant et un pas important pour la littérature turque. Chers auteurs et traducteurs, vos valises sont-elles prêtes?
À propos de l’Agence Kalem
Nermin Mollaoğlu est la fondatrice de l’agence.
L’Agence Kalem des droits d’auteurs a été fondée en 2005. L’Agence Kalem représente les écrivains turcs à l’étranger, elle est aussi la représentante d’agence et de maisons d’éditions étrangères en Turquie. Elle contribue à faire éditer par les bons éditeurs les oeuvres étrangères. L’Agence Kalem organise également le Festival international de littérature d’Istanbul- ITEF. Il a été organisé pour la première fois en 2009. Ce festival contribue à remplir de littérature les rues d’Istanbul et de faire se rencontrer à Istanbul éditeurs, traducteurs et écrivains venus du monde entier.
L’agence représente les droits d’environ 100 écrivains parmi les meilleures plumes, dans le pays et à l’international.
Source: kalemagency.com
Nouvelle parution: Aytekin Karaçoban
Porte entrouverte est le dernier recueil de poésie du poète et traducteur Aytekin Karaçoban aux éditions Domens (décembre 2020). Le recueil est préfacé par le poète Serge Velay, qui propose au lecteur une lecture subtile des poèmes d’Aytekin et incite le lecteur à les lire.
La composition du recueil s’échelonne sur trois décennies. Les thèmes y sont variés, entre la nostalgie « Tous les chemins mènent à la nostalgie », l’exil loin de son pays qui contribue au chagrin et à la solitude « deux roues de pierres broyaient mon cœur » et l’espoir accroché à la vie « Quand tu viendras, n’oublie pas l’orchestre et les tambours/ils battront pour nous le rappel de la joie ».
C’est un recueil traduit par le poète lui-même et adapté en français par le poète Serge Velay. Pour Aytekin Karaçoban, cet ouvrage représente sûrement une réécriture à travers la traduction des ses propres poèmes. Poèmes choisis parmi les nombreux poèmes écrits au fil des ans, le poète et Serge Velay ont réussi à créer une harmonie entre les poèmes, si bien que le lecteur ne sent pas les sauts dans le temps qui pourrait exister entre deux poèmes. Cela montre aussi la constance du regard et de la voix du poète à travers le temps.
Venons-en au titre: Par la porte entrouverte. C’est une invitation au lecteur à entrer dans le livre, dans l’intimité du poète. Cela rappelle également au lecteur la place du poète, entre deux pays, deux langues, dans l’entre-deux de l’exil, sur le seuil : « sans un mot, je me suis effondré sur le seuil ». Le poète est aussi celui qui ouvre sa porte aux émotions et au monde et il en nourrit ses poèmes:
« J’avais ouvert ma porte à je ne sais quelle histoire,
quand l’enfance a fait irruption :
elle attendait patiente sous la pluie de printemps,
elle avait dans le cœur toute la joie du monde. »
J’y vois aussi la posture du poète face à l’écriture même, car ses poèmes sont comme des tableaux inachevés parfois, laissés au bon vouloir du lecteur. L’écriture s’interrompe, les images restent en suspens. Il nous faut continuer le chemin seul, pousser la porte que le poète nous a laissés entrouverte, « quand le soleil a tournoyé tel un oiseau au-dessus de ma tête/ j’ai craché dans le puits le feu qui me brûlait la gorge ».
Il faut souligner le travail sérieux et élégant de l’éditeur Jean-Charles Domens. Les éditions Domens sont situées dans le sud-est de la France à Pézenas. Et c’est tout naturellement qu’elles sont tournées vers la Méditerranée. En ce qui concerne la collection « Méditerranée vivante », l’éditeur nous explique que « rassemblés autour d’Edmond Charlot au sein de l’association « Méditerranée Vivante », des hommes et des femmes unis par le même amour de la Méditerranée, ont formé le pari insensé de diffuser dans un public toujours plus large, et par la même de la promouvoir, la culture d’inspiration ou d’origine méditerranéenne dans ses formes d’expression les plus diverses. » Ainsi l’éditeur offre la possibilité aux poètes, notamment turcs, de se faire connaître en France. Il publiera prochainement dans ma traduction, Première neige, recueil du poète turc Salih Bolat. Il est très appréciable d’avoir des éditeurs indépendants qui prennent encore des risques avec toute leur liberté et leur intuition pour publier des poètes et de surcroit des poètes inconnus en France. C’est un travail de pionner essentiel et qui est fondamental pour les poètes étrangers qui voient alors des possibilités s’ouvrir à eux pour être invités en France, à des salons ou à des festivals. Ces éditions permettent ainsi aux curieux d’avoir un aperçu de la diversité des créations venues d’autres horizons. Je les salue ici chaleureusement!
Bonne lecture!
Pour aller sur le site des éditions Domens: ici
Pour lire les poèmes d’Aytekin Karaçoban déjà publiés dans la revue: ici
**
LES TRAVAUX DE MADAME CLAIRE
Je ne connais personne comme Claire Lajus à être aussi enthousiaste et volontaire à aimer et à apprendre la poésie turque. Elle a très bien appris le turc, assez bien pour écrire des poèmes et elle poursuit son apprentissage.
Quand j’ai rencontré Claire Lajus, elle était chargée de cours depuis 2 ans dans le département de Langue et Littérature Française à l’Université de Samsun. Elle parlait turc avec les Turcs qui ne connaissaient pas le français, elle traduisait quand il le fallait à Lionel Ray, poète français, invité comme moi. En l’observant, me sont venus tout d’abord à l’esprit les étrangers qui vivent en Turquie depuis des années, mais communiquent encore à l’aide d’un traducteur, en premier lieu les footballeurs. M’est également venu à l’esprit le Professeur Ernst Eduard Hirsch, qui avait fui le régime d’Hitler et qui après 3 ans passés en Turquie donnait des cours en turc à l’Université de Droit d’Istanbul et a écrit en turc le Code du Commerce Turc.
Claire pourra très prochainement pouvoir écrire des poèmes en turc. Si elle le fait, elle sera une poète turcophone.
Elle a fondé une revue en ligne nommées Ayna, bilingue turc/français, dans le but de faire connaître et d’enseigner la poésie turque. Cette année (2020), elle a monté une association du même nom que la revue Ayna, le but étant de trouver des financements pour pouvoir inviter des poètes turcs en France.
Pour la revue Ayna, elle a participé à des festivals de poésie (Marché de la poésie, Paris, Moins les Murs, Hagetmau, Voix Vives, Sète, Europalia, Bruxelles) et a présenté la poésie turque contemporaine.
Les poèmes qu’elle a traduits des poètes Haydar Ergülen, Müesser Yeniay, Metin Celal et Özdemir İnce ont été publiés en recueil en France ; viendront s’y ajouter bientôt ceux de Metin Cengiz et de Salih Bolat. De plus, les poèmes qu’elle a traduits de Nilay Özer, Nurduran Numan, Gülseli İnal ; Gökçenur Çelebioğlu, Hasan Erkek et Ataol Behramoğlu ont été publiés dans des revues de poésie françaises.
J’ai beaucoup de gratitude envers Claire Lajus et je la félicite pour tout ce qu’elle fait (telle une association de bienfaisance) pour la littérature et la poésie turque.
***
Venons-en au livre que vous tenez dans vos mains. Je n’aime pas les écrits où seul pense un cerveau et où seul ressent un cœur. La poésie que j’aime est écrite par un cerveau sensible et un cœur pensant. Il existe le récit de la poésie, mais vous ne pouvez pas l’écrire en tant que récit. Elle perçoit la nature, si besoin, de façon surréaliste ; elle mûrit des projets surréalistes dans les champs de la réalité. On appelle cette poésie, poésie contemporaine et moderne. Une poésie libre ! Claire Lajus écrit une telle poésie : qui a un début et une fin ; une poésie où les mots et les vers n’errent pas dans la steppe tel un troupeau de chevaux.
Le poète doit penser son œuvre en tant que strates géologiques dans leur totalité. Plus tôt, il commence à y penser, mieux c’est. Chaque période est une construction de thèmes, planifiée… Les bidonvilles n’ont pas de plan. Il faut domestiquer la fée sauvage de l’inspiration. Nous allons maintenant analyser sur ce socle les poèmes de Claire Lajus.
***
Il n’existe pas de glande qui ferait écrire de la poésie, qui dans le corps humain, en premier lieu dans le cerveau, secréterait de la poésie. La poésie s’écrit avec l’imagination ; dans l’espace des sens, de la conscience et de la perception (intelligence, conception). Dans cette activité existent bien sûr d’autres chimies et mêmes d’autres alchimies. Je crois que la poésie contemporaine actuelle doit être installée à ce socle et non au passé tâtonnant.
J’essaie d’analyser la poésie de Claire Lajus. Claire Lajus, en tant que Française ayant fait des études, a bien compris Rimbaud, Mallarmé, Valéry, Antonin Artaud et André Breton et elle a commencé la poésie non avec des mots mais avec le monde concret, l’individu et la société. Et bien entendu, elle a fait ce travail avec les mots qui ont un rôle et une fonction.
Le livre se compose de trois parties :
Passages : il se compose de poèmes sobres et éclairés édités dans des revues durant les années 2011-2018. Ce sont des poèmes-questions qui analysent la place du poète dans le monde. Est-ce une ombre ou un relief ? L’existence peut-elle supporter l’aliénation ? Quand j’ai lu le poème nommé Le grutier , j’ai écrit dans la marge avec étonnement « À qui viendrait à l’esprit d’écrire un poème pour un grutier ? ». À propos de Paysage Maritime, avec l’idée d’englober toute cette partie, j’ai écrit : « Elle sait nommer les objets, les objets existants et inexistants. Elle donne un nom à son poème et ensuite elle le construit. Elle monte sa construction en faisant des travaux respectant le plan et le permis. Pas d’irrégularité, pas de rentabilité ! La discipline domine le chantier. Elle conseille aux gens de s’inspirer des blessures de la nature : Ne renonce pas, ne tombe pas, relève-toi et recommence, car dans la nature tout recommence là où tout s’est fini.
L’Ombre remue : écrits entre 2015-2016, des poèmes basés sur le thème de la lutte contre le monde et de la confrontation au monde, vécu pas seulement par elle, mais aussi par les gens de son entourage. Ce sont des poèmes très sombres, durs. Les limites de l’existence humaine… est-ce que les frontières sont importantes ou bien les frontières intérieures ? La poète aime le mot « Faille ». L’être humain est une faille. Dans tous les sens du terme une faille et la poète ne plâtre pas ces failles, ne les soude pas. Les contradictions se percutent, la présence de l’absence/l’absence de la présence. Débrouille-toi avec ça. Encore de l’aliénation et encore une faille.
Les notes de lecture se poursuivent : elle se démène avec elle-même et avec autrui, sans marginaliser. « nous conservons- dans nos poings- aveugles deux musaraignes palpitantes angoisse et espoir ». C’est un monde matérialiste qui se métamorphose. Le corps humain se fond dans la couleur du monde extérieur (se déteint).
C’est de la poésie en prose que j’affectionne : les longs vers chargés de l’électricité présente dans la langue créent de temps en temps un court-circuit.
La Persistance du chant : Publiés en recueil par les éditions l’Harmattan. Des poèmes polyphoniques, purs et massifs. C’est le récit poétique de la cité détruite de Palmyre et du peuple syrien devenu victime des mercenaires islamistes et de la tyrannie. Le silence coupable du monde civilisé muet face à la barbarie inhumaine et destructrice de Daesh… Mis sous la forme classique de la tragédie : le Chœur, le messager et les personnes victimes de leur destin… Une résistance pugnace face à l’oubli et à la tendance à oublier, à la fugacité des événements et des choses…
Je compare Claire Lajus à un travailleur ramassant du coton à Çukurova, mais peut-être qu’en ce moment à Bordeaux, elle est en train de faire les vendanges.
Venons-en au traducteur : Ces poèmes ont été traduits par Aytekin Karaçoban, poète bilingue (Turc/Français). Sa traduction est comme un pain sortant juste du four, elle embaume. Je le félicite.
Özdemir İnce
Farilya, 30 Septembre 2020
[NdT/extrait de la préface du recueil, publié dans le supplément littéraire du journal Cumhuriyet, 18.02.2021]
CLAİRE HANIMIN İŞLERİ
Claire Lajus kadar Türk şiirini öğrenmeye ve sevmeye bilinçle hevesli bir insanoğlu tanımadım. Türkçeyi çok iyi öğrendi, şiir yazacak kadar iyi öğrendi ve öğrenmeyi sürdürüyor.
Claire Lajus’ü tanıdığım zaman Samsun Üniversitesi Fransız Dili ve Edebiyatı bölümünde iki yıldır öğretim görevlisiydi. Fransızca bilmeyen Türklerle Türkçe konuşuyor, benimle birlikte davetli olan Fransız şair Lionel Ray’e gerektiğinde çevirmenlik yapıyordu. Onu izlerken, başta futbolcular olmak üzere yıllarca Türkiye’de yaşayıp da tercüman aracılığıyla konuşan yabancılar geldi aklıma. Bir de Türkiye’ye gelmesinden üç yıl sonra İstanbul Hukuk Fakültesi’nde derslerini Türkçe yapan ve Türk Ticaret Kanunu’nu Türkçe yazan Hitler rejimi kaçağı Prof.Ernst Eduard Hirsch geldi aklıma.
Claire’in Türkçe şiir yazması çok yakın. Yazarsa türkofon bir şair olacak.
Türk şiirini tanıtmak ve öğretmek amacıyla Türkçe / Fransızca Ayna adlı elektronik dergiyi kurdu. Bu yıl (2020) Ayna dergisine aynı adla bir dernek ekledi. Amacı Türk şairleri Fransa’ya davet edebilmek için maddi olanak yaratmak.
Ayna dergisi adına Siir festivallerine (Marché de la poésie [Paris], Moins les Murs [Hagetmau], Voix Vives [Sète], Bruxelles’de Europalia), katıldı ve Çağdas Turk siirini tanıttı.
Haydar Ergulen, Müesser Yeniay, Metin Celal ve Özdemir İnce’den çevirdiği şiirler Fransa’da kitap olarak yayımlandı; sırada Salih Polat ile Metin Cengiz’in kitapları var. Ayrıca Nilay Özer, Nurduran Duman, Gülseli Inal, Gökçenur Çelebioğlu, Hasan Erkek ve Ataol Behramoğlu’ndan çevirdiği şiirler Fransız dergilerinde yayımlandı.
Türk şiiri ve edebiyatı için (Hayır Kurumu gibi) yaptıklarından dolayı Claire Lajus’a şükran duyuyor ve alkışlıyorum.
***
Şimdi elinize tuttuğunuz şiir kitabına gelelim: Sadece hisseden kalbin, düşünen beynin yazdıklarını sevmem ben. Benim beğendiğim şiiri düşünen yürek ve hisseden beyin birlikte yazar. Bu şiirin öyküsü vardır ama onu öykü olarak yazamazsınız. Doğayı, gerektiği zaman, üstgerçek olarak algılar; üstgerçek tasarımları gerçekliğin tarlasında yetiştirir. Bu şiire çağdaş ve çağcıl şiir denir,
yani çağının çağdaşı şiir. Özgür şiir! Claire Lajus böyle bir şiir yazıyor: Başı ve sonu olan; sözcük ve dizelerin yılkı atları gibi bozkırda dolaşmadığı bir şiir.
Şair yapıtını bir jeolojik katmanlar bütünü olarak düşünmeli. Düşünmeye ne kadar erken başlarsa o kadar iyi. Her dönem temalar halinde bir inşaat, planlı.. Gecekonduların planı yoktur. Yabanıl ilham perisini ehlileştirmek gerek. Şimdi Claire Lajus’ün şiirini bu mihenk taşında değerlendireceğiz.
***
Beyin başta olmak üzere insan vücudunda şiir salgılayan, şiir yazdıran bir salgı bezi yoktur. Şiir imgelemle; duyu(ların) ve aklın bilinç ve idrak (anlak,kavrayış) ortamında yazılır. Bu eylemin içinde elbette başka kimyalar hatta simyalar vardır. Günümüz çağdaş şiirini bu mihenk taşına vurmamız gerektiğini düşünüyorum, yoksa geçmişin el yordamıyla değil.
Claire Lajus’ün şiirini betimleme çalışıyorum. Claire Lajus eğitim görmüş bir Fransız olarak Rimbaud’yu, Mallarmé’yi, Valéry’yi, Antonin Artaud ve André Breton’u yanlış anlamamış ve şiire sözcüklerden değil somut dünyadan, insan bireyinden ve toplumundan başlamıştır. Ve kuşkusuz bu işi bir işlevi ve görevi olan sözcüklerle yapmıştır.
Elinizdeki kitap üç bölümden oluşuyor:
Eşiklerde: 2011-2018 yılları arasında dergilerde yayınlanan yalın ve bilgece şiirlerden oluşuyor. Şairin dünya içindeki yerini irdeleyen soru şiirleri. Gölge mi yoksa kabartma (rölief) mı? Yaşam yabancılaşmaya dayanabilir mi?
El yazmasını okurken Vinç İşçisi adlı şiirin yayına “Vinç işçisi için şiir yazmak kimin aklına gelir?” diye yazmışım şaşkınlıkla. Deniz Manzarası’nın yayına, bütün bölümü kapsayacak niyetle, şöyle yazmışım: “Nesneleri, olan ve olmayan nesneleri, adlandırmayı biliyor. Bir ad koyuyor şiire sonra inşaat başlıyor. Tasarıma ve ruhsata uygun olarak inşaat yapıp yapıyı kuruyor. Kaçak yok, rant yok! İşyerinde disiplin hakim. Doğanın yarasından ders almayı öneriyor insana: Yenilme, düşme, düştüğün yerden kalk ve tekrar başla çünkü doğada her şey bittiği yerden tekrar başlar.”
Devinir Gölge: 2015-2016 yılları arasında yazılmış; sadece kendisinin değil yakın çevresinin de dünya ile çarpışma ve çatışmasını temalaşrırmış şiirler: Epeyce gölgeli, sert şiirler. İnsan varlığının sınırları… sınırlar mı yoksa sınırların iç bölgesi mi önemli? Şair “Çatlak” sözcüğünü seviyor: İnsan bir çatlaktır. Bütün anlamlarıyla çatlak ve şair bu çatlakları sıvamıyor, lehimlemiyor. Çelişkiler çarpışıyor; yokluğun varlığı / varlığın yokluğu. Al başına belayı. Gene yabacılaşma ve gene çatlak.
Okuma notları devam ediyor: Kendisi ile, ötekileştirmeden başkası ile boğuşuyor. Avuçlarımızın içinde iki fındık faresi: Biri kaygı, öteki umut! Metamorfoz geçirecek materlalist bir dünya. Insan bedeni dış dünyanın donuna (rengine) giriyor.
Benim yavuklum olan düz şiir bu: Dildeki elektirik yükü uzun dizeler zaman zaman kontak yapıyor.
Direnen Şarkı: Paris’teki Harmattan Yayınevi tarafından kitap olarak yayınlanmış. Çok sesli, som kütleli bir şiir. Tiranlık ve İslamcı paralı askerlerin karşısında kurbana dönüşen Suriye halkının ve yıkılan Palmyra kentinin şiirsel öyküsü. İŞİT’in yıkıcı ve insanlık dışı barbarlığı karşısında sessiz kalan uygar dünyanın suçlu sessizliği… Klasik tragedya biçiminde: Koro, haberci ve kaderlerinin kurbanı insanlar… Olayların ve şeylerin geçiciliği, unutma ve unutmaya karşı kararlı bir direnç…
Claire Lajus’ü Çukurova’da pamuk toplayan bir emekçiye benzetiyorum ama belki de şu anda Bordeaux’da bağbozumlarında üzüm toplamaktadır.
Gelelim çevirmene: Şiirleri çift dilli (Türkçe-Fransızca) şair Aytekin Karaçoban çevirdi. Çeviri fırından yeni çıkmış ekmek gibi mis gibi kokuyor. Kutlarım.
Özdemir İnce
Farilya, 30 Eylül 2020
[NdT/Kitabın önsözünden alıntı, Cumhuriyet gazetesinin Kitap ekinde yayımlandı, 18.02.2021.]
Masterclass en ligne Traduction et Interprétation
L’nstitut français de Turquie lance un tout nouvel événement en ligne : Masterclass en ligne, Traduction & Interprétation : Concepts fondamentaux par traducteur, interprète et écrivain Yiğit Bener. Dans ce masterclass sans prétention académique, Yiğit Bener va aborder une série de concepts fondamentaux qui jouent un rôle clef dans le travail quotidien du traducteur : voir le lien ci-contre: https://www.ifturquie.org/fr/etkinlik/masterclass-sozlu-yazili-ceviri-temel-kavramlar-cevirmen-olmak-ne-demek/
C’est une très bonne nouvelle! et c’est gratuit, profitez-en!
Institut français Türkiye’den yepyeni bir çevrimiçi etkinlik : Masterclass, Sözlü ve yazılı çeviride temel kavramlar. Çevirmen ve yazar Yiğit Bener, masterclass’da, sözlü ya da yazılı çeviri yapanların günlük çalışmalarında kilit rol oynayan bir dizi temel kavramı pratik deneyimlerinden yola çıkarak ve akademik bir iddia taşımaksızın ele almaya çalışacak. Online olarak yapılacak ikişer saatlik altı oturumun. Meraklılar için: https://www.ifturquie.org/etkinlik/masterclass-sozlu-yazili-ceviri-temel-kavramlar-yigit-bener-ile/
Harika bir haber! Mutlaka katılın!
le Festival International de Poésie de Medellin
De la poésie pour changer la vie
En ces temps morose de Coronavirus, nous avons grand besoin de joie et d’espoir. L’actualité ne devrait pas nous faire oublier que cela existe encore, portées par des personnes généreuses et humanistes.
Connaissez-vous le Festival International de Poésie de Medellin ? Il a eu lieu cet été, en ligne à cause du virus, mais comme chaque année depuis 1991 en Colombie.
Ce festival est l’un des festivals de poésie les plus célèbres au monde. Pas seulement parce qu’il réussi à réunir des centaines de milliers de personnes, dans un stade par exemple, pour faire écouter de la poésie du monde entier. Il est l’emblème de la résistance civile à la violence par la poésie et l’art.
C’est le collectif Prometeo qui l’organise. Chaque année est invité une centaine de poètes de tous les continents et des lectures sont organisées dans divers coins de la ville, dans les stades, les théâtres, etc.
Ce collectif implique également des enfants de milieu très défavorisés et originaires des banlieues violentes et dégradées de Mendellin. Pour cela, le collectif organise le Proyecto Gulliver qui vise à stimuler la créativité des enfants et adolescents par la poésie. Le festival a ainsi organisé des activités artistiques et poétiques dédiées exclusivement aux enfants. Il y a eu des ateliers d’écriture, des rencontres avec des poètes où les enfants ont pu réciter des poèmes avec des poètes connus internationalement. Le collectif a pour but d’écrire et de diffuser de la poésie à travers des actions poétiques pour participer à la transformation de la conscience de l’individu et de la société. C’est l’idée que la poésie ne se cantonne pas au monde de la littérature. La poésie est quelque chose qui aide à vivre, à voir la beauté, à espérer et croire. Les organisateurs de ce festival sont convaincus que la poésie peut changer la vie.
Un festival né au coeur de la violence
Ce festival est né dans un contexte particulier. Vous connaissez tous Escobar, le narcotrafiquant. Dans les années 90, Mendellin était au cœur des conflits dus aux cartels, cette deuxième ville de Colombie était le fief d’Escobar. Il y avait des escadrons de la mort, des enlèvements, toutes sortes de violence. A l’époque, sortir de chez soi était déjà un acte de courage. Se réunir même pour écouter de la poésie était risqué. Et pourtant, ils l’ont fait. Ces hommes et ses femmes, poètes et intellectuels, sous la houlette de Fernando Rendón, ont organisé un festival de poésie en réaction à cette violence et la population de Mendellin y a tout de suite adhéré, car elle a immédiatement compris que le festival n’était pas seulement un événement littéraire, mais un acte de résistance. Au fil des années, il est devenu de plus en plus connu et fréquenté.
« Ceux qui ont assisté au festival ont interprété la poésie comme une résistance civique contre les violents, comme un cri réfugié dans la parole contre la mort » a dit un des poètes participant. Le fondateur et directeur du festival, Fernando Rendón, a critiqué, quant à lui, dans un entretien, « ceux qui pensent qu’au fond la poésie n’est rien qu’un genre littéraire » en affirmant que le Festival de Medellín est une « proposition qui rompt des schémas politiques rigides et gâtés ».
Le festival a reçu le prix Nobel alternatif de la paix en 2006, pour cette raison :« avoir montré comment la créativité, la beauté, la libre expression et la communication peuvent fleurir ensemble et défaire la peur et la violence les plus enracinées. »
Cette année étaient invités deux poètes turcs présentés par la revue AYNA, Nurduran Duman et Ataol Behramoglu. C’est une invitation prestigieuse pour deux poètes de talent. En son temps, Yves Bonnefoy aussi est passé par Mendellin.
CL.
Note : Le prix Nobel alternatif, le Right Livelihood Award, a été fondé en 1980 Jacob von Uexküll, et il récompense chaque année quatre personnes ou institutions qui “travaillent à la recherche et à l’application de solutions pour les changements les plus urgents dont le monde a besoin”.
Pour aller plus loin: https://www.festivaldepoesiademedellin.org/
Source: http://www.altamane.org/, http://dormirajamais.org/breve/
Attila İlhan (1925-2005)
Attila İlhan est un poète qui a marqué la vie culturelle turque. Il est poète, scénariste, romancier, journaliste. Il a publié six romans, une douzaines de recueils très populaires et des mémoires. Du fait de son engagement communiste, il a subi une interdiction d’étude. Francophone, il a séjourné à Paris six ans, fréquentant notamment Nazim Hikmet, alors en exil. Il est traducteur de Malraux et d’Aragon en turc. Sa poésie apporte du changement dans la poésie turque. Il revendique un héritage ottoman et donc oriental, contrairement aux intellectuels de la génération précédente qui se voulaient avant tout occidentaux. Il puise aussi son inspiration dans la poésie populaire turque. Il détourne les formes traditionnelles au profit d’un renouvellement de la sensibilité. Sa poésie influence fortement sa génération et il contribuera à la formation d’un mouvement poétique majeur, le Second Nouveau. Un article plus détaillé sur l’oeuvre et la vie de ce poète majeur sera prochainement publié sur Ayna. Voici pour l’instant deux poèmes pour vous donner une idée de sa poésie.
Böyle bir sevmek
ne kadınlar sevdim zaten yoktular
yağmur giyerlerdi sonbaharla bir
azıcık okşasam sanki çocuktular
bıraksam korkudan gözleri sislenir
ne kadınlar sevdim zaten yoktular
böyle bir sevmek görülmemiştir
hayır sanmayın ki beni unuttular
hâlâ arasıra mektupları gelir
gerçek değildiler birer umuttular
eski bir şarkı belki bir şiir
ne kadınlar sevdim zaten yoktular
böyle bir sevmek görülmemiştir
yalnızlıklarımda elimden tuttular
uzak fısıltıları içimi ürpertir
sanki gökyüzünde bir buluttular
nereye kayboldular şimdi kim bilir
ne kadınlar sevdim zaten yoktular
böyle bir sevmek görülmemiştir
Genel Grev
şehirde ne olduysa birden saatler durdu
sokak lambaları deli sarı patladılar
canavar düdükleri uğulduyordu
üç sehpa kuruldu üç adam asıldılar
genç bir kız bir mavi timsah doğurdu
sessizliği büyütüyor radyo pilonları
dudak dudağa değse yangın parlayacak
bir yıldırım tutuklamış telefonları
musluklarda ıslıklar sular akmayacak
özgür ve bağımsız sokakta çöp bidonları
bu nasıl şey gerçi kımıldamıyor nabız
dil simsiyah sarkmış gözler buzlu cam
oysa yürek nurdan kocaman bir yıldız
kan hala sıcak iştahlı duman duman
karşıtların birliği mi yaşadığımız
Atilla İlhan
Un amour pareil
J’en ai aimé des femmes en fait elles n’existaient pas
Elles s’habillaient de pluie pareilles à l’automne
Pour quelques caresses elles étaient comme des enfants
Leurs yeux s’embrumaient de peur dès que je les quittais
J’en ai aimé des femmes en fait elles n’existaient pas
Personne n’a connu un amour pareil
Non n’allez pas croire qu’elles m’ont oublié
Leurs lettres me parviennent encore quelquefois
Elles n’étaient pas réelles chacune était un espoir
Une vieille chanson peut-être un poème
J’en ai aimé des femmes en fait elles n’existaient pas
Personne n’a connu un amour pareil
Dans mes solitudes elles m’ont pris par la main
Leurs chuchotements lointains me font frissonner
Elles étaient comme un nuage dans le ciel
Qui sait maintenant où elles sont passées
J’en ai aimé des femmes en fait elles n’existaient pas
Personne n’a connu un amour pareil
Traduit par Ferda Fidan
Grève générale
une chose s’est passée en ville soudain les horloges se sont enrayées
les lampadaires explosèrent d’un jaune éperdu
les sirènes d’alarme retentissaient
trois échafauds se montèrent trois hommes furent pendus
d’une jeune fille un crocodile bleu naissait
le silence est décuplé par les antennes radio
si des lèvres s’embrassent un incendie éclatera
la foudre a séquestré les téléphones
dans les robinets des sifflements aucune eau ne coulera
libres et indépendants dans les rues des déchets
comment est-ce possible certes aucune pulsation
la langue pend toute noire embués les yeux
pourtant fait de lumière le cœur est une constellation
le sang est encore chaud avide fumant
serait-ce l’union des contraires ce que nous vivons
Traduction CL
Philosophie et poésie en un seul homme: Oruç Aruoba
La Turquie perd un grand homme. Oruç Aruoba (1948-2020) est décédé le 31 Mai dernier à l’âge de 72 ans. La place particulière qu’il occupait dans le monde intellectuel turc incite à ne pas laisser passer cette information sans sensibiliser un peu le lecteur francophone.
C’était un grand philosophe turc et un grand traducteur. Il a fait passer et connaître en turc les philosophes Nietzsche, Kant, Marx, les poètes Rilke, Paul Celan et la poésie japonaise du haïku avec notamment Bashô. La liste n’est pas exhaustive, tant Oruç Aruoba a passé sa vie dans la fréquentation des philosophes et des poètes et s’est toujours attaché à les faire connaître au public turc.
Il a été enseignant de philosophie à l’université d’Ankara à Hacettepe.
En dehors d’ouvrages philosophiques, il a écrit également quelques livres d’aphorismes. Il possède un large lectorat dans toute la Turquie. Ses œuvres lui survivront.
Voici ce qu’il disait dans un entretien à propos du lien entre poésie et philosophie :
Question, Kaan Özkan: Vous trouvez la poésie proche de la philosophie, qu’est-ce qui donne cette particularité à la poésie?
Réponse,Oruç Aruoba: Pas proche, je la trouve presque identique. La poésie est le seul art privilégié de la philosophie. Les autres arts peuvent être réunis ensemble sous l’appellation générale « d’art », mais la poésie occupe toujours une place à part. En-dessous ou au-dessus des autres mais pas à côté. Chaque art a ses propres matériaux, le crayon, la couleur, la pierre etc. et forme un sens de cette façon. La poésie forme un sens avec le sens, son matériel et sa production sont le sens; à partir du sens elle crée d’autres significations.
Tout est dit.
Source: Gürültü içinde sessiz, kalabalık içine yalnız, Kaan Özkan, Notos Edebiyat Dergisi, Ağustos-Eylül 2010
Photographie: gazeteduvar
Face à l’épidémie, face à la quarantaine
Depuis déjà deux semaines en France, nous vivons une période de confinement et l’épidémie de coronavirus s’étend à présent sur toute la planète. En Turquie aussi, le virus progresse. J’ai voulu demander à des auteurs et des poètes turcs ce qu’ils/elles pensaient de la situation, comment ils/elles la vivaient. Ils/elles m’ont fait la gentillesse de me répondre. Je publierai leur réponse au fur et à mesure qu’elles me parviendront.
- Gülsüm Cengiz, L’espoir est dans l’humain
- Haydar Ergülen, Qui est en quarantaine?
- Tuğrul Keskin, Un destin commun
- Metin Cengiz, Des jours inédits
- Metin Cengiz, Une attente anxieuse
- Özdemir İnce, Journées de quarantaine
- Cevat Capan, La littérature, un antidote
- Burhan Sönmez, Un désarroi mondial
Par Gülsüm Cengiz, poète et auteur. C’est une poète qui a connu des grands noms comme Sennur Sezer; elle développe une poésie intime et engagée, à la voix sensible et forte.
L’espoir est dans l’humain
Chère Claire bonjour,
Cela réconforte de savoir qu’une amie dans un autre pays pense à vous en ces jours malheureux que traversent l’humanité, nos pays et le monde. Hélas, le nombre de décès ne cesse d’augmenter chaque jour et la vie des gens n’est considérée qu’à l’aune de ces chiffres… Derrière ce chiffre, invisible, un humain avec ses histoires, ses espoirs et sa vie… La position des gouvernements qui consiste à ne pas prendre en compte les personnes âgées et les pauvres vivant dans des conditions vulnérables face au virus est inacceptable ; tout autant que celle de laisser travailler les travailleurs sans précaution en les laissant dans le dilemme entre la faim ou le virus. Néanmoins, un autre aspect de cette situation est l’attitude des classes aisées et moyenne qui considèrent la quarantaine comme des vacances et partagent leurs photos d’un verre à la main sur les réseaux sociaux.
Tandis que l’angoisse, le doute et l’insécurité étreint, partout le printemps continue avec ses mille beautés et toute sa magnificence… Les pelouses toutes vertes éblouissent, les fleurs poussent et se propagent librement. L’eau se purifie, les groupes de dauphins pénètrent jusqu’au bord des rives du Bosphore à Istanbul. La nature se régénère. J’espère que les gens sortiront de chez eux en ayant pris conscience du fait que nous partageons ce monde avec d’autres êtres vivants et de la nécessité de le partager avec eux.
Entre les quatre murs de leur maison où les gens se sont isolés par peur du virus, qui sait quelles histoires en témoignent ? Un conte connu d’Istanbul me revient souvent à l’esprit. C’est plein d’angoisse que se déroulent les journées de la princesse enfermée dans la tour de la Fille, construite en pleine mer pour qu’un serpent ne la morde pas. Tout ce qui provient de l’extérieur est regardé avec méfiance. Les gens à la liberté limitée, volontairement ou sous la contrainte, prennent conscience de la valeur de la vie : de l’importance d’une activité, du partage et de la solidarité. À l’encontre du mode de vie et des habitudes de consommation véhiculés par le système capitaliste, le nombre de personnes sensibles à la vie naturelle, à la sobriété augmente. Je sais que ces jours difficiles passeront, mais de nombreux problèmes au niveau sociétal et économique attendent l’humanité. Je ne suis pas désespérée ou pessimiste à ce sujet. Car le soleil se lève à nouveau chaque matin, l’obscurité se change en lumière, l’hiver en printemps, les douleurs en joies. Qu’importe où nous nous trouvons, qu’importe nos problèmes, l’espoir existe toujours… Le fait que votre voix me parvient de France, de Bordeaux, conforte mes pensées, accroît mon espoir. Comme Nazim Hikmet, je suis de ceux qui pensent que « l’espoir est dans l’humain ». Oui, l’espoir est dans l’humain, c’est entre les mains des humains de réunir leurs efforts pour défendre la vie et fonder un monde meilleur. Ce qui nous revient de faire à nous créateurs, c’est d’accroître l’espoir et d’embellir la vie avec nos livres, nos chansons, nos tableaux et nos poèmes. Je vous remercie de votre amitié. Salutations et bons baisers d’Istanbul.
10.05.2020. Trad.C.Lajus
***
Par Haydar Ergülen, poète, chroniqueur, organisateur du festival de poésie d’Eskisehir. C’est un poète à la voix très personnelle, nourrie de références littéraires. Pour retrouver ses poèmes (publiés chez Al Manar et L’Harmattan) voir ici
Qui est en quarantaine ?
La quarantaine et nous. La quarantaine et moi. La quarantaine et le monde. La quarantaine et ma personne et mon pays ! Nous vivons à Istanbul, mon épouse, notre fille et nos 3 chats. En reprenant un peu les paroles de cette célèbre chanson d’écoliers de la Fête de l’Indépendance et des Enfants, dont nous célébrons la centième année, nous serinons « Maintenant nous sommes écoliers/ nous sommes en classe/tous très heureux/vive notre école ! » Oui, vive notre école, longue vie à nous tous ! Mais à présent, nous devrions certainement chanter cette chanson de cette manière :« Maintenant nous sommes cloitrés/nous sommes chez nous/tous très inquiets/nous voulons vivre ! » Bon, les paroles ne sont pas parfaites, mais c’est la quarantaine…
Alors que la ville chinoise de Wuhan était barricadée, que des gens mourraient, nous étions en famille en Italie, un de mes recueils était publié en italien et j’avais des lectures, des interventions dans quelques villes. Aujourd’hui, les pays que j’aime le plus, l’Italie, la France, l’Espagne, sont sous les coups du virus, et la Turquie aussi. Quand le virus s’est déclaré dans le pays, là où nous travaillons, les universités ont été fermées puis les établissements du primaires et ceux du secondaires. Il y a eu comme un air de vacances. Les premiers jours, nous n’avons pas pris au sérieux la lente progression du nombre de morts dans les déclarations du ministre de la Santé. A ce moment-là, la plupart des institutions artistiques dans le monde et en Turquie ont ouvert leurs archives, de l’opéra au théâtre, du cinéma à la danse, de la musique à la peinture, aux musées, sur Internet tout le monde a commencé à conseiller ses films préférés et sa liste d’œuvres d’art. Nous étions comme dans la célèbre opérette de Cemal Reşit Rey : « Une vie de luuxe, une vie de luuxe/viens t’allonger, prend ton pied ! » Notre situation n’était en rien différente « Une vie de quarantaine/lis, visionne, prend ton pied ! »
Les journaux étaient encore distribués, les maisons d’édition faisaient encore livrer leurs ouvrages en collisimo, le printemps jouait de son sifflet d’un si bel azur avec toute son effronterie, mais le covid-19 coupait le sifflet au monde entier !
Bien évidemment, les institutions artistiques, les maisons d’éditions, les municipalités, etc. ne restaient pas les bras croisés, elles appelaient les poètes, les écrivains, les artistes, sollicitant des interventions, des lectures, des messages, afin de donner du moral à la population. Nous acceptions de le faire, nous récitions des poèmes, conseillions des ouvrages, et en bref nous disions « reste à la maison, reste avec la poésie, un livre, reste en bonne santé ! »
Nous le disions, mais à qui le disions-nous ? Les fonctionnaires, les ouvriers allaient encore au travail, tandis que le commerçant ouvrait sa boutique, que les transports en commun publics circulaient de manière obligatoire, c’était bien joli de dire « restez avec la poésie, restez avec un livre ! », mais ce n’était pas suffisant. A tous les travailleurs qui de bonne heure se mettaient en route que pouvions dire et conseiller ? Rien !
Le Coronavirus est arrivé, a trouvé les travailleurs, les ouvriers, les pauvres et a frappé. Il continue de le faire. A présent, en Turquie, il y a confinement uniquement les week-ends, c’est-à-dire le samedi et le dimanche. Dans la semaine, une partie des fonctionnaires, des travailleurs et des commerçants travaillent. Comme l’a avoué le Porte-parole de la Présidence « Si nous mettions en place un confinement total, le coût économique serait trop grave ! » C’est vrai, c’est ce que l’on nous répète depuis des semaines. Oui mais, l’autre coût, l’humain, qu’en sera-t-il ?
Chez nous, nous regardons des films, lisons, écoutons de la musique, dans un sens, nous trompons notre isolement. Les vrais isolés, ce ne sont pas nous qui restons à la maison. Tous ceux que nous avons laissés seuls sur la route, les ouvriers, le personnel médical, les livreurs, les facteurs, les travailleurs, eux sont en vraie quarantaine !
29.04.2020,inédit,traduction CL
***
Par Tuğrul Keskin, poète, éditeur. Il a participé au Festival de poésie Voix Vives de Sète en 2014. Il partage ici sa sensibilité écologique et son espoir pour l’avenir.
Un destin commun
Ce grand malheur a montré à tous les terriens que le monde était un lieu tout petit et qu’un événement ayant lieu sur une de ses rives nous concernait tous.
Contre les attaques sur l’écosystème du capitalisme, les gens sont restés passifs et ils ont compris que notre écosystème était tout ; ce qui nous concerne tous, ce n’est pas seulement le covid 19, mais aussi par exemple les feux en Amazonie d’il y a quelques mois ne concernaient pas que cette région du monde mais nous tous…
Au final, ce qui arrive aux personnes au Brésil arrivera à celles en France ou en Turquie !
Dans la région de l’Amazonie, dans le secteur de la cosmétique et de la médecine, on utilise les quelques quarante mille sortes de plantes qui y vivent. L’Amazonie, c’est-à-dire les forêts humides. C’est le plus grand régulateur de climat de l’Amérique du Sud et le plus grand bassin fluvial de notre planète. Elle représente 21% de nos ressources en eau douce dans le monde et produit 20% de l’oxygène dont la Terre a besoin. La disparition de la forêt amazonienne, cela signifie la disparition de l’eau et de l’air de nous tous sur cette planète. Aussi, nous aurions dû éteindre les feux d’Amazonie avec nos larmes. Les présidents ignares de ce monde qui ne cessent de pérorer ont-ils vu le problème de cette façon ? Bien sûr que non ! Ils ont estimé que ces incendies étaient le problème des indigènes brésiliens. Alors que la destruction de l’écosystème permet à n’importe quel virus de s’étendre partout sur la planète, le covid-19 en est le résultat !
La vie nous a une nouvelle fois enseigné, à nous personnes ordinaires, que nous avons un destin commun avec tout ce qui est vivant sur terre. Soit nous sommes ensemble, soit nous ne sommes rien ! J’en suis persuadé : les êtres humains sont venus à bout de tant de choses, de tant, qu’ils viendront aussi à bout de cela. Pourvu que nous conservions de la patience en nos âmes !
25.04.2020
Traduction C.L., inédit
***
Par Metin Cengiz, poète, éditeur, critique. Ce texte complète son écrit de la semaine dernière.
Des jours inédits
Nous vivons des jours inédits, le monde entier pris par un instinct primaire de conservation s’est enfermé et essaie d’échapper à la mort. Les Etats sont démunis, non-préparés et obnubilés de gagner toujours plus, ils se comportent sans humanité. Pas d’eau de Cologne à mettre sur nos mains ni de désinfectant, pas même de simples masques à produire, les Etats glorieux (!) sont dépendants d’une aide des pays à moitié socialistes qu’ils ne cessaient de décrier, tels que la Chine, Cuba, la Corée. L’Union Européenne, l’OTAN, oubliant le but de leur alliance, rechignent même à aider les plus proches de leurs voisins. Les hôpitaux sont en nombre insuffisants, les patients attendent la mort par manque de matériel médical et de médicaments suffisants. A Las Vegas, produit scintillant du capitalisme, les morts débordent sur les trottoirs. Le capitaine du monde, les USA sont pris par la maladie, tous ses efforts se font envers les plus riches. Le pauvre est en enfer. En Afrique, les morts attendent dans les rues d’être enterrés. Comme si les réfugiés et leurs enfants avaient jeté un mauvais sort, eux qui fuient le bourbier de la Syrie où des forces se disputent pour leurs intérêts et poussent le peuple de ce pays dans les bras cruels de la barbarie, de l’horreur, eux qui tentent de rester en vie, mais rendent l’âme dans les eaux salées de la Méditerranée ou dans les vagues de la Mer Egée. Peut-on écrire une histoire, un roman, faire une peinture de ces événements ?
Bien sûr. Un poète écrira deux vers, tout ce que nous aurons vécu nous frappera au visage sans détour. Un autre écrira le roman de cette honte, un autre encore une peinture. Ces poèmes, romans, histoires, films seront là pour nous faire revivre le drame de l’humanité battue par le Coronavirus et comprendre notre situation misérable. N’oublions pas que Giovanni Boccace a écrit les nouvelles du Décaméron en 1348 durant la peste de Venise. Il a terminé son livre en 1353.
Sept siècles avant, pour échapper à la peste sévissant à Florence, dix hommes et femmes se retrouvent dans une maison de campagne, pour passer le temps, durant dix jours (décaméron signifie dix jours) ils vont se raconter des histoires, au total 100, ce livre est le fruit d’une réaction contre ces jours d’épidémie de la peste.
Contre le désespoir, tous les aspects naturels de l’homme ont été décrits et le système d’exploitation de l’homme par l’homme et la religion ont été désignés comme la véritable peste. Comme dans La Peste de Camus.
C’est le moment de s’interroger : est-ce l’exploitation de l’homme par l’homme le danger ou bien le coronavirus ? Quelle conscience est-elle nécessaire pour l’exercice de cette exploitation, quelle croyance ? Il n’est même pas suffisant de comparer les impérialistes qui nous exploitent cruellement aux loups-garous, vampires et autres zombies que nous voyons dans les films. Eux au moins ne tuent pas en avilissant l’humain. À mon avis, le capitaliste qui ne donne aucune valeur à l’humain est plus dangereux que les dangers liés au coronavirus, plus mortel.
En Afrique, combien de personnes meurent de maladie, de désespoir, de faim ? En Amérique, dans les plus grands et opulents centres, combien de personnes vivent dans la rue ? Combien de personnes sont assassinées ?
Le poète, l’écrivain, l’artiste, est-il seulement un gratte-papier, se servant de son intelligence pour inventer des histoires ? Ou bien le représentant de la langue qu’il utilise, la conscience des hommes qu’il côtoie ?
Quel que soit la sensibilité politique d’un écrivain, c’est la langue qu’il écrit et la personne qu’il côtoie qui l’engagent. Il y a quelque chose à ne pas oublier : tous les écrits et en premier lieu la poésie et les arts plastiques sont des arts d’expression de l’humain. Comment un art pourrait n’être que le matériel dont il se sert, un jeu, un scénario ? Il serait amorphe, sans profondeur et dénué de sens. Il ne faut pas oublier que même l’art le plus abstrait comme la musique est pérenne et nous touche, fait gagner du sens.
L’humanité se sortira bien sûr de cette épidémie. Mais le véritable danger est de ne pas voir la peste en nous, de se soumettre aux Caligulas modernes.
En ces jours de coronavirus, le mieux pour chaque artiste, auteur, est de raconter l’humain. Racontons l’humain, luttons pour l’humain. Ce monde est à nous tous. Aux humains, aux animaux et aux plantes. Le monde est entre les mains de la responsabilité et de la conscience humaine. Il est possible avant tout d’instaurer un monde où vivre sans oublier notre communauté de destin avec les animaux et les plantes et d’instaurer une telle prise de conscience.
15.04.2020, traduit par CL
***
Par Metin Cengiz, poète, éditeur, critique. Présent dans la revue, ici, Metin Cengiz fait depuis des années un grand travail d’édition et de critique littéraire à travers sa maison Şiirden. Il dirige également une revue du même nom.
Une attente anxieuse
C’est arrivé d’un coup. De Chine en Italie et dans d’autres pays, ça s’est propagé. Il n’avait pas encore franchi nos frontières. A ce sujet, une petite voix était dans chaque tête. L’information comme quoi les Grecs et les Turcs d’un point de vue génétique avaient moins de probabilité d’attraper le virus nous a un court instant rassuré, mais la situation planétaire restait inquiétante. En plus, le palais et les responsables au gouvernement avaient laissé libre les citoyens revenant de pèlerinage à la Mecque. Même si les entrées et sorties de l’Iran étaient contrôlées, elles n’étaient pas encore interdites. Et les gens se baladaient dans la rue, sur les places, avec la tranquillité impudique de se dire « il ne nous arrivera rien ». Il y avait de l’inquiétude, mais aussi un courage idiot. De plus chez nous, il n’y avait encore aucun cas. Le ministre de la santé informait chaque jour la population à ce sujet.
Comme partout dans le monde, en Italie, en Iran, en France, en Espagne, en Angleterre, en Russie, en Grèce et aux USA, chez nous aussi des cas de corona apparurent, chez les pèlerins, et des mesures furent prises. D’abord est apparue l’interdiction de sortir pour les citoyens de plus de 65 ans, puis avec l’augmentation des cas, les moins de 20 ans ont été également inclus dans l’interdiction. Des décisions incroyables. Comme si les gens de plus de 65 ans vivaient tout seul chez eux, comme si les moins de 20 ans étaient sans parents. Les gens avertis attendaient un ordre de confinement général, mais en vain. En plus de ces décisions incroyables et irresponsables, une campagne de dons a été lancée auprès des citoyens. Le président défend mordicus cette campagne, il en rajoute avec comme slogan « nous nous suffisons à nous-mêmes ». Pourtant, avec une loi de 2014, l’argent des riches recueilli par la présidence durant les situations exceptionnelles est défiscalisé. Donc, le riche donne à l’Etat de la main droite et puis le reprend de la main gauche en payant moins d’impôt. Le poids du don retombe sur les pauvres, qui ne peuvent pas bénéficier de cette possibilité.
Même si le virus semble disparu en Chine, la peur créé par l’envolée spectaculaire des cas en Iran, Italie, Espagne, et USA, ce genre d’événements porteurs de désespoir, suscite la colère chez les gens éclairés comme nous, tandis que le peuple s’en fiche.
Trump, le président des USA et un des nouveaux Caligula important de notre époque, a déclaré, c’est bien si l’on s’en tire avec 100 000morts. Nous attendons au moins 200 000morts. Au sujet de la propagation du virus parmi sa population pauvre, il se comporte avec inconscience et inhumanité, mais en Europe, dans des pays comme la France, l’Espagne et l’Italie, émergent des promesses et des espoirs sur notre avenir, qui délaissent la mode des pays capitalistes à privatiser pour plutôt nationaliser. A propos de l’après virus et de l’avenir du monde, des intellectuels, comme Chomsky ont fait des commentaires qui donnent espoir, des mises en place socialistes se généraliseront, l’idée d’un Etat social se répandra.
Pour l’instant, nous sommes dans la confusion. La peur rôde. J’ai de l’hypertension. J’ai des vertiges et une des veines alimentant le cerveau bouchée. Mon épouse aussi fait de l’hypertension. Elle a un problème de surpoids. Nous avons tous deux plus de 65 ans. Nous ne sortons pas de chez nous et nous ne recevons pas, ni notre fils, notre belle-fille et nos petits-enfants, mais afin de continuer un semblant de vie, nous buvons parfois un petit quelque chose.
Comment se passent les journées ? Voilà, des choses qu’un intellectuel fait et peut faire : écrire, lire, visionner des films, dans une attente anxieuse.
1.04.2020, traduit par CL
***
Par Özdemir İnce, poète, traducteur, essayiste. Vous retrouverez ses poèmes, sa biographie et des articles sur lui dans notre revue. C’est un des représentants de la poésie turque les plus productifs et inventifs de sa génération.
Journées de quarantaine
J’ai reçu un message de France. De ma traductrice Claire Lajus. Claire, poète et traductrice, a travaillé 5 ans en tant que chargée de cours à l’Université Ondokuzmayis, à la Faculté de Pédagogie dans la section de Langue et Littérature française. Rentrée en France, elle crée une revue en ligne pour promouvoir la poésie et la littérature contemporaine turque. Elle contribue à rendre visible cette poésie et littérature turque contemporaine, participe à des rencontres. Donc, elle, notre Claire, a envoyé le message ci-dessous à des poètes et auteurs turcs. Les réponses seront publiées dans sa revue (www.revueayna.com).Voici la question d’Ayna et ma réponse.
***
« Nous sommes face à une situation extraordinaire au niveau mondial. Nous tous, que nous soyons Français, Américains, Turcs sommes face au même problème. Les mesures de confinement se multiplient, nous sommes presque 3 milliards de personnes à rester chez soi. Nous sommes tous en plein désarroi. D’un côté, des mesures sanitaires sont prises, d’un autre côté des réductions inquiétantes de liberté.
J’aimerais connaître votre point de vue vis-à-vis de cette situation. En tant qu’auteur, que penseur, que vous amène à penser cette situation ? Comment appréhendez-vous cette situation ? »
***
J’ai passé un long moment devant mon appareil pour me rappeler et trouver le mot « quarantaine » qui figure dans le titre. J’ai fait des associations d’idées. Finalement, « la quarantaine » est sortie de quarantaine. Et je me suis souvenu qu’il existe un quartier à Izmir qui s’appelle Karantina, quarantaine.
C’est mon caractère, je donne la définition : « La quarantaine est un isolement sanitaire, elle représente toutes les actions de précaution prises pour éviter les contacts durant la période d’incubation de la maladie pour les personnes ou les animaux susceptibles d’avoir contracté une maladie contagieuse. La racine du mot est italienne. Dans la République de Venise dont l’économie était dépendante du commerce, afin qu’une maladie contagieuse ne se propage pas dans la capitale Venise, les bateaux attendaient au large durant 40 jours avant d’accoster dans la ville. Voici l’origine du mot quarantaine. »
***
Dans cette définition, j’ai retenu le mot « isolement ». Vous pouvez vous isoler vous-même contre une maladie ou contre quoi que ce soit de particulier, mais vous ne pouvez pas vous isoler de la vie. Durant les journées du 4-8 Septembre 1981, lors d’une conversation avec Yannis Ritsos à Karlovassi (île de Samos), il m’avait confié ceci :
« Jusqu’à mes quarante-huit ans des obstacles me bridaient mes journées : le secrétariat pour un avocat, le sanatorium, le théâtre, les camps de concentration, la déportation, mon travail d’édition. Quand à 48 ans la possibilité de vivre de mes droits d’auteurs est apparue, j’ai ressenti une inquiétude. Si je me retire dans mon bureau, que je coupe mes liens avec le monde, ma source d’inspiration se tarira-t-elle ? J’ai compris peu après que mes craintes n’avaient pas lieu d’être. Au contraire, mon bureau a accueilli l’univers tout entier, ma source d’inspiration s’est approfondie et s’est multipliée, car à présent tout mon temps était consacré à la poésie. Tant que je travaille, que je ne sors pas de mon bureau, personne ne me dérange. Je ne réponds pas au téléphone. Qu’importe le temps passé, je sors de mon bureau juste quand mon travail est fini. »
***
Quand Ritsos m’a confié cela, il avait 72 ans et moi 45. Moi aussi, depuis 1982 jusqu’à nos jours, depuis mes 46 ans, depuis que j’ai été licencié de la télévision TRT, je vis de la même façon que lui. En traduisant, en faisant un travail d’édition, en écrivant dans les journaux depuis les années 2000 jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours vécu en quarantaine à la fois volontaire et obligatoire. La plupart des auteurs vivent ainsi. J’écris et je travaille de 5 heures du matin en été, de 7 heures en hiver, jusqu’à minuit. C’est pourquoi l’interdiction de sortir de chez moi, cette quarantaine, ne me fait ni chaud ni froid. Même si ce machin nommé Corona ne s’était pas incrusté, j’aurais continué à vivre ainsi. J’ai 83 ans, je vivrai ainsi jusqu’à finir entre quatre planches d’une mort naturelle ou d’un virus.
***
Ces types irresponsables disent « La vie (ou le monde) se loge dans vos maisons », ils racontent des salades. Ils disent des sottises. Et ils montrent en exemple les photographies de confinement de riches sportifs, de stars du secteur du divertissement, de millionnaires. Les travailleurs pauvres qui composent plus de quatre-vingt pour cent de la population vivent dans des maisons de 30-40 mètres carré dans les bidonvilles. À cinq ou dix parfois. C’est une vie infernale. Ils ne savent pas ce que c’est. Je le sais, moi, parfaitement.
Nous connaissons sans fard la situation de notre pays : retraités : 12 millions ; ouvriers : 14 millions ; ouvriers syndiqués : 1 millions 917 ; chômeurs : 4 millions 394. À cause de sa majesté le virus, les patrons mettent les travailleurs à la porte. Au moins 40 millions de la population vivent sous le seuil de pauvreté.
Pour leur salut, au lieu de démettre l’AKP, ils attendent le Messie.
***
J’avais 15 ans, en 1951, avec mon père, ma mère et mes quatre frères et sœurs, nous vivions à 7 dans une pièce de 30 mètres carré. Sans électricité si eau courante. Il était impossible que j’étudie ou que je bouquine. Ma vie infernale était un vrai enfer. Je lisais dans un parc au bord de la mer ou dans un café nommé Akkahve.
C’est pourquoi, chers messieurs, ne me demandez surtout pas comment les travailleurs pauvres vivent ces jours de quarantaine. Ça finira mal entre nous.
Traduit par C.Lajus, publié dans le journal Cumhuriyet ce jour le 3 Avril 2020
***
Par Cevat Çapan, poète et traducteur (anglais). Vous pouvez retrouver les détails de sa bio et ses poèmes dans notre revue, ici. Cevat Çapan est un des doyens de la poésie contemporaine turque.
La littérature, un antidote
Bonjour Claire,
Durant ces jours sombres et soucieux où nous sommes enfermés chez nous, qu’il est bon de recevoir un de vous un tel appel de solidarité. Nous sommes enfermés chez nous, mais s’ouvrir au monde et aux personnes qui partagent les mêmes problèmes, même si c’est au travers d’une revue, suffit à nous sauver de la solitude et du désespoir. Nous sommes enfermés chez nous, mais avec nos amis de longue date nous nous appelons plus qu’avant, nous créons de nouvelles amitiés par le biais des moyens de communication. Nous nous intéressons à tous les sombres événements qui se déroulent partout dans le monde, pas seulement dans notre pays ; avec un sentiment entier de solidarité et avec le soutien moral et matériel que nous pouvons, nous essayons d’aider. Je crois que la littérature nous procure de l’aide à tous comme une force intérieure, un antidote face à la catastrophe de la pandémie, face à cette violence extérieure. Quand on songe à l’apport des artistes dans l’Histoire de l’humanité, nous comprenons mieux en une telle période quelle source de force illimitée ils nous ont laissé.
03Avril2020
Traduit par C.Lajus, inédit
***
Par Burhan Sönmez, auteur et avocat. Il a publié 4 romans, publiés en une quarantaine de langues. Il a reçu plusieurs prix. En français, vous pouvez trouver Maudit soit l’espoir (traduit du turc par Madeleine Zicavo, Gallimard 2018) et Labyrinthe (traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes, Gallimard 2020).
Un désarroi mondial
Je pense que nous sommes dans un désarroi mondial. C’est une situation que nous ne parvenons pas à croire complètement et qui en même temps nous panique. Dans le film « Minuit à Paris », le temps change et le héros du film passe dans une autre temporalité. Nous sommes un peu comme lui, tombés dans un autre espace-temps. J’espère que notre final ressemblera à celui du héros du film et que tout finira bien. Ce qui angoisse, c’est l’incertitude. Si l’on nous avait raconté il y a un mois ce que nous allions vivre, nous n’y aurions pas cru. Dans l’incertitude actuelle, nous ignorons ce que sera la situation un mois après et nous craignons le pire.
Le mois dernier, j’étais en Italie, il y a trois semaines j’étais à Paris puis à Genève. Tandis que l’épidémie et la peur se répandaient insidieusement, je suis revenu chez moi inquiet. Je me suis mis en auto-quarantaine de deux semaines. Je n’ai rien attrapé. Mais en fait, nous avons tous attrapé quelque chose. Le coronavirus s’est infiltré dans toute la société, même s’il nous épargne au niveau physique, il touche notre culture et notre psychologie, il nous affecte tous. Nous verrons ensemble ses conséquences dans les prochaines années, mais nous pouvons déjà en prévoir des positives et des négatives. Nous défendrons les politiques bienveillantes qui mettront en avant la protection de l’humanité et de la planète, mais face à nous un monstre très puissant se profile : des entreprises, des groupes, des gouvernements va-t-en-guerre, cupides, égoïstes, continueront à détruire nos vies et la Terre. J’espère que cette fois nous pourrons arrêter cette folie. Soit nous en réchapperons tous, soit ce sera notre fin à tous.
27 Mars 2020
Traduction C.Lajus, inédit
- Gülsüm Cengiz, Umut insanda
- Haydar Ergülen, Kim karantinada?
- Tuğrul Keskin, Ortak kader
- Metin Cengiz, Olağanüstü günler
- Metin Cengiz,Tedirgin bir bekleyiş
- Özdemir İnce, Karantina günleri
- Cevat Capan, Edebiyat bir panzehir
- Burhan Sönmez, Küresel bir şaşkınlık
Gülsüm Cengiz’den, şair ve yazar. Sennur Sezer gibi Türk şiirinin önemli isimleriyle arkadaşlık eden şairin şiirleri içten ve girişken; üstelik sesi hem duyarlı hem de güçlü.
Umut insanda
Sevgili Claire merhaba,
Dünyanın, ülkelerimizin, insanlığın içinden geçtiği bu sıkıntılı günlerde, başka bir coğrafyada sizi düşünen, anımsayan bir dostun olduğunu bilmek güç veriyor insana. Ne yazık ki ölen insan sayısı gün geçtikçe artıyor ve insan yaşamları yalnızca bir sayı olarak ifade ediliyor… O sayının ardında görünmeyense yaşamıyla, umutlarıyla, öyküsüyle bir insan… Hükümetlerin tutumu, yaşlıların ve virüse direnemeyecek koşullarda yaşayan yoksulların gözden çıkarılmış olması, işçilerin önlemsiz biçimde çalıştırılarak açlık ya da virüs ikileminde bırakılması kabul edilebilir bir durum değil kuşkusuz. Öte yandan, tuzu kuru varlıklıların ve orta sınıfın, evde kalma sürecini tatil olarak algılayıp ellerindeki şarap kadehleriyle sosyal paylaşım sitelerinde fotoğraflar paylaşması ise durumun bir başka boyutu.
Kaygı, kuşku ve güvensizlik sarmışken her yanı, bahar olanca güzelliğiyle ve görkemiyle hükmünü sürüyor… Yemyeşil çimenler fışkırıyor, çiçekler özgürce gelişip serpiliyor. Sular arınıp temizleniyor, yunus sürüleri İstanbul Boğazı’nda kıyılara kadar sokuluyor. Doğa kendini onarıyor. Dilerim insanlar, bu dünyayı öteki canlılarla paylaştığımızın, paylaşmamız gerektiğinin ayrımına varmış olarak çıkarlar evlerinden.
İnsanların virüs korkusuyla kapandıkları evlerin dört duvarları, kim bilir hangi öykülere tanıklık ediyor? Bilinen bir İstanbul masalı geliyor aklıma sık sık. Yılan sokmasın diye denizin ortasına yapılan Kız Kulesi’ne kapatılan prensesin tedirginliği içinde geçiyor günler; dışardan evlere giren her şeye kuşkuyla bakılıyor. Gönüllü ya da zorunlu özgürlüğü kısıtlanan insanlar yaşamın değerini; üretkenliğin, paylaşımın ve dayanışmanın önemini fark ediyorlar. Kapitalist sistemin dayattığı tüketim alışkanlıklarına, yaşam biçimine karşı doğal yaşama, sadeliğe özlem duyanların sayısı artıyor. Biliyorum, bu sıkıntılı günler geçip gidecek, ama insanlığı ekonomik ve toplumsal açıdan pek çok sorun bekliyor. Buna karşın karamsar ya da umutsuz değilim. Çünkü güneş her sabah yeniden doğar; karanlık aydınlığa, kış bahara, acılar sevinçlere dönüşür. Nerede olursak olalım, sorunlarımız ne olursa olsun; umut hep vardır… Fransa’dan, Bordeaux’dan bana ulaşan sesiniz bu düşüncemi haklı kılıyor, umudumu çoğaltıyor. Ben de Nazım Hikmet usta gibi « umut insanda » diyenlerdenim. Evet, umut insanda; insanların daha güzel bir dünya kurmak için yaşamı savunma imecesinde birleştirdiği ellerindedir. Bizlere düşen de şiirlerimizle, resimlerimizle, ezgilerimizle, kitaplarımızla yaşamı güzelleştirmek ve umudu çoğaltmaktır. Dostluğunuza teşekkür ediyorum. İstanbul’dan sevgi ve selamlarımı iletiyorum.
10.05.2020
***
Haydar Ergülen’den, şair, köşe yazısı, Eskişehir şiir festivalinin editörü. Sesini kendine özel ve edebi referanslarla dolu. Şiirlerini buraya bulabilirsiniz (L’Harmattan’da ve Al Manar yayınevinde yayımlandı).
Kim karantinada?
Karantina ve biz. Karantina ve ben. Karantina ve dünya. Karantina ve şahsım ve ülkem!
İstanbul’da yaşıyoruz, eşim, kızım ve üç kedimizle. 100. yılını kutladığımız, Ulusal Egemenlik ve Çocuk Bayramımız 23 Nisan’da, şu ünlü okul şarkısını, sözlerini değiştirerek tekrarlıyoruz: “Şimdi okullu olduk/sınıfları doldurduk/sevinçliyiz hepimiz/yaşasın okulumuz!”
Evet, yaşasın okulumuz, yaşayalım hepimiz! Ama galiba şarkıyı artık şöyle söylemeliyiz: “Şimdi izole olduk/evlerimizi doldurduk/tedirginiz hepimiz/yaşamayı isteriz!” Pek iyi olmadı sözler ama, karantina günleri…
Çin’in Wuhan kenti kapatılırken, insanlar ölürken, İtalya’daydık ailecek, İtalyanca kitabım yayımlandı ve birkaç kentte okumalarım, söyleşilerim vardı. Şimdi İtalya, İspanya ve Fransa gibi en çok sevdiğim ülkeler kırılıyor virüsten, tabii Türkiye de. Virüs ülkemde de görüldüğünde, önce çalıştığımız üniversiteler tatil edildi, sonra da ilk ve ortaöğretim kurumları. Ve tatil havasına girdik. İlk birkaç gün televizyonlarda sağlık bakanının yaptığı açıklamalarla ölümlerdeki yavaş artışları hafife aldık. O sırada dünyada ve Türkiye’de pek çok sanat kurumu, operadan tiyatroya, sinemadan dansa, müzikten resme, müzelere arşivlerini açınca, internette herkes sevdiği filmleri, sanat yapıtlarını listeleyip önermeye başladı. Tıpkı Cemal Reşit Rey’in ünlü operetindeki gibiydik, “Lüküs hayat lüküs hayat/ yan gel de yat keyfine bak!” Bizimki de pek farklı sayılmazdı, ‘karantinada hayat/oku, izle, keyfine bak!’
Gazeteler hala dağıtılıyor, kargolar hala yayınevlerinden kitapları taşıyor, bahar o güzelim mavi ıslığını tüm dalgacılığıyla öttürüyor, ama Covid-19 da dünyayı öttürüyordu!
Tabii sanat kuruluşları, yayınevleri, belediyeler, vb. boş durmuyor, şairleri, yazarları, sanatçıları arıyor, onlardan konuşmalar, okumalar, mesajlar rica ediyor, bunlarla halka umut vermek istiyorlardı. Biz de kıramıyorduk onları ve şiirler okuyor, kitaplar öneriyor, ‘evde kal, şiirle kal, kitapla kal, sağlıklı kal!’ diyorduk özetle.
Diyorduk da kime diyorduk? Memurlar, işçiler hala işe gidiyor, esnaf dükkanını açıyor, kamu ulaşım araçları zorunlu olarak çalışıyorken, ‘şiirle kalın, kitapla kalın!’ demek güzeldi güzel olmasına da yeterli değildi. Yine her sabah erkenden yollara dökülen emekçilere ne söylüyor, ne önerebiliyorduk? Hiç!
Korona virüsü gelmiş yine, çalışanı, emekçiyi, yoksulu bulmuştu, vurmuştu. Vurmayı da sürdürüyor. Şimdi iki haftadır sadece haftasonları, yani Cumartesi—Pazar günleri sokağa çıkma yasağı uygulanıyor Türkiye’de. Haftaiçi memurlar, işçiler ve esnafın bir bölümü çalışıyor. Cumhurbaşkanlığı Sözcüsünün de itiraf ettiği gibi, ‘sokağa çıkma yasağı uygulanırsa, bunun ekonomik maliyeti çok ağır olur!’ Doğru, zaten haftalardır söylenen de bu. Peki, öbür maliyet, yani insan ne olacak?
Evde film de izliyoruz, kitap da okuyoruz, müzik de dinliyoruz, bir anlamda yalnızlığımızı gideriyoruz. Asıl yalnızlar, karantinada olan biz evdekiler değiliz, bizim yalnız bıraktığımız yoldakiler, emekçiler, sağlık çalışanları, kuryeler, kargo taşıyanlar, çalışanlar asıl karantinada!
***
Tuğrul Keskin’den, şair, editör. 2014 yılında Sete şehrinde Voix Vives şiir festivaline katıldı. Bu yazısıyla doğaya karşı hassasiyetini ve gelecek için umudunu bizimle paylaşıyor.
Ortak kader
Bu büyük felaket bütün dünyalılara gösterdi ki, dünya küçücük bir yerdir ve bir kıyıcığında olan bir olay hepimizi ilgilendirir.
Küresel kapitalizmin ekosistemimize saldırılarına kayıtsız kalan insanlık da gördü ve anladı ki, ekosistemimiz her şeydir ve yalnızca covit-19 değil, sözgelimi birkaç ay önce Amazonlar’da çıkan yangın, yalnızca o bölgeyi değil hepimizi, bütün insanlığı ilgilendiriyordu…
Sonuçta Brezilya’daki insana ne olacaksa elbette Fransa’daki yahut Türkiye’deki insana da o olacaktı!
Çünkü Amazon Bölgesi’nde yetişen kırk bini aşkın bitki türü başta kanser olmak üzere, tıp ve kozmetik sahasında kullanılıyor. Amazonlar, yani yağmur ormanları; Güney Amerika’nın en büyük iklim dengeleyicisi ve gezegenimizin en büyük nehir havzası. Dünyanın tatlı su kaynaklarının yüzde yirmi birini oluşturuyor ve dünyanın ihtiyaç duyduğu oksijenin yüzde yirmisini üretiyor. Amazon Ormanları’nın yok oluşu, içinde hepimizin olduğu gezegenimiz için, suyun ve havanın yok oluşu anlamındadır. Öyleyse, gözyaşlarımızla söndürmeliydik Amazon yangınını. Dünyanın sürekli böbürlenen cahil başkanları böyle baktılar mı meseleye? Elbette hayır! O yangını Brezilya yerlilerinin sorunu olarak gördüler. Oysa ekosistemin bozulması, dünyayı kuşatacak her tür virüse de yaşam alanı sağlıyordu; işte covit-19’da bu deformasyonun bir sonucu!
Hayat biz sıradan insanlara bir kez daha öğretti ki, dünya üstünde yaşayan hepimizin kaderi ortaktır; ya biriz, ya da hiç! Şuna inancım tam; insanlık nelerin, nelerin üstesinden gelmiş ve bunun da üstesinden gelecek! Yeter ki sabrı ruhtan uzaklaştırmayalım!
25.04.2020
***
Metin Cengiz’den, şair, yayıncı, eleştirmen. Geçen haftaki yazısını tamamlıyor.
Olağanüstü günler
Olağanüstü günler yaşıyoruz, bütün dünya insan için ilkel denebilecek bir duyguyla, hayatta kalma güdüsüyle eve kapanmış, ölümden kurtulmaya çalışıyor. Devletler çaresiz, hazırlıksız ve yalnızca daha fazla kazanmaya koşullandıkları için bütün gayri insani yanlarıyla sırıtıyorlar. Ellerimize sürecek kolonya, dezenfektan ve ağzımızı burnumuzu kapatacak basit bir maske üretmekten bile aciz görkemli devletler(!) hakir görüp sürekli karaladıkları Çin, Küba, Kuzey Kore gibi yarı sosyalist ülkelerden gelen yardımlara muhtaç. Avrupa Birliği, Nato gibi birlik oluşturmuş ülkeler amaçlarını unutup en yakınındaki komşularına yardım etmekten bile acizler. Hastahaneler yetersiz, hastalar şifa bulmak için yeterli ilaç ve tıbbi araçtan yoksun ölümlerini bekliyorlar. Kapitalizmin şaşaalı ürünü Las vegas’ta sokaklarda ölü taşıyor kaldırımlara. Dünyanın kaptanı Amerika hastalığa teslim olmuş durumda, bütün gücünü zenginlerini kurtarmaya adamış görünüyor. Yoksulun canı cehenneme. Afrika’da ölüler sokaklarda gömülmeyi bekliyor. Sanki büyük güçlerin çıkar için birbirine girdiği ve bölge halkını dehşetin, barbarlığın kollarına acımasızca ittiği savaşın bataklığındaki Suriye’den kaçıp sağ kalmak için uğraşan, ancak Akdeniz’in tuzlu sularında ya da Ege denizinin dalgalarında can veren, çoluk çocuk göçmenlerin ahı tutmuş gibi.
Böyle olayların romanı, resmi, hikayesi yazılabilir mi?
Yazılabilir elbette. Bir şair çıkar iki dize yazar, bütün bu yaşadıklarımızı daha etkileyici bir biçimde yüzümüze vurur. Bir başkası romanını yazar bu utancın, bir başkası resmini yapar. Korona Virüs’e yenilen insanlığın dramını yeniden yeniden yaşayıp zavallı halimizi anlamak için bu şiirler, romanlar, hikayeler, filimler vesile olur. Olabilir mi?
Unutmayalım ki Giovanni Boccaccio’nun « Decameron » öykülerini 1348′deki Veba salgını günlerinde yazdı. Boccaccio kitabı 1353′te tamamladı.
Günümüzden yedi asır önce Floransa’daki veba salgınından kaçan on kadın ve erkeğin bir kır evinde zaman geçirmek için on gün boyunca (decameron on gün demek) birbirlerine anlattıkları toplam 100 hikayenin kitabı o veba salgını günlerine köklü bir itirazın ürünüdür.
Çaresizliğe karşı insan tüm doğal yanlarıyla anlatılmış, asıl vebanın o kırım günlerinde insanı iliğine değin sömüren sömürü sistemi ve din olduğu işaret edilmişti. Tıpkı Camus’nün Veba’sında olduğu gibi.
Şimdi yine sorma zamanı: İnsanın insanı sömürmesi mi tehlikeli, yoksa korona virüs mü? İnsanın insanı sömürüp iliğine kadar emmesi nasıl bir bilince sahip olmayı, hangi dini inanca saplanıp kalmayı gerektirir? Kurt adam, vampir, zombi filmi izlemek, bunları bizleri sömüren insan kılıklı acımasız emperyalistlerin yerine koymak bile yeterli değil. Kurt adam, vampir, zombi insanı süründürerek öldürmüyor hiç değilse. Bence insanı hiçe sayan kapitalizm korona virüsün yol açtığı tehlikelerden daha tehlikeli, daha ölümcül?
Afrika’da kaç insan ölüyor hastalıktan, çaresizlikten, açlıktan? Amerika’nın en zengin ve büyük şehirlerinde kaç insan sokakta yaşıyor? Kaç insan öldürülüyor? Ya dünyanın diğer büyük ve görkemli, neon ışıklarıyla gözalıcı görünen şehirlerinde neler oluyor?
Bir şair, yazar, sanatçı yalnızca kalemini kullanan, zekasıyla kurgu yapıp yazan biri mi? Yoksa yazdığı dilin temsilcisi, birlikte yaşadığı insanın vicdanı mı?
Bir yazarın siyasi görüşü ne olursa olsun asıl angaje olması gereken yazdığı dili ve birlikte yaşadığı insandır.
Unutulmaması gereken bir şey vardır, başta şiir olmak üzere bütün yazılı ve plastik sanatların insanı anlatma sanatı olduğudur.
Şiirin oyuna, romanın, hikâyenin, denemenin kurguya indirgendiği, resmin malzemeden ibaret görüldüğü sanat nasıl bir sanat olabilir? Amorf, içeriksiz ve anlamsız. En soyut sanat olan müzik bile seslerin bize dokunduğu, duygularımızı kamçıladığı zaman anlam kazandığını ve kalıcı olduğunu unutmamak gerekir.
İnsanlık elbette bu salgından da kendini kurtaracaktır. Ancak asıl tehlike çağdaş Caligula’lara teslim olmak, içimizdeki vebayı görmemektir.
Öte yandan hepimizi etkileyen sanat eseri, ister müzik, ister resim, şiir, roman, deneme olsun, bizi etkileyen, yarattığı etkiyle dikkati üstüne çeken insana dair hakikattir. Onun için bu korona günlerinde en doğru yol her sanatçının, yazarın, şairin insanı kendince anlatmasıdır. İnsanı anlatalım, insan için mücadele verelim. Bu dünya hepimizindir. İnsanın, hayvanın ve bitkinin. Demek ki dünya insanın sorumluluğuna ve bilincine emanet. İnsanın bitkiyle, hayvanla kardeş olduğunu unutmadan yaşayacağı bir dünya yaratması öncelikle böyle bir bilincin yerleşmesiyle olanaklıdır.
15.04.2020
***
Metin Cengiz’den, şair, yayıncı, eleştirmen. Dergimizde yayımladığımız Metin Cengiz, burada, Şiirden adlı yayınlarının ve dergisinin aracılığıyla yıllardır büyük ve önemli bir yayıncılık faaliyeti yürütüyor ve aynı zamanda edebiyat hakkında başlıca eleştirileri ve çalışmaları var.
Tedirgin bir bekleyiş
Birden olan oldu. Çin’den sonra İtalya’da ve başka ülkelerde de yaygınlaştı. Bizim ise henüz sınırlarımıza girmemişti. Bu konuda her kafadan bir ses çıkıyordu. Yunanlıların ve Türklerin virüse yakalanma olasılıklarının genetik yapılarından dolayı daha düşük olduğu bilgisi bir an olsa da rahatlattı bizi ama dünyanın genel gidişatı hiç de kaygı giderici değildi. Hatta öyle ki saray ve yönettiği hükümet yetkilileri Umre ziyareti için vatandaşlarımızı serbest bırakmıştı. İran’a giriş-çıkış kontrollü olsa da henüz yasaklanmamıştı. Ve insanlarımız sokaklarda, meydanlarda biraz da « bize bir şey olmaz » arsızlığıyla rahatça dolaşıyordu. Kaygı vardı ama aptalca bir cesaret de vardı. Hem zaten bizde henüz bir vaka yoktu. Sağlık bakanı her gün bu konuda insanları bilgilendiriyordu.
Dünyada, özellikle de İtalya, İran, Fransa, İspanya, İngiltere, Rusya, Yunanistan ve ABD derken Umre’den dönüşle bizde de korona virüs vakıaları görülmeye başlandı ve önlemler de bunu takip etti. 65 yaş üstü olan vatandaşlarımıza sokağa çıkma yasağı geldi önce, vakıa sayısının artması üzerine yaş sınırı yirminin altını da kapsadı. İnanılmaz kararlardı bunlar. Sanki 65 yaş üstünde olanların hepsi yalnız yaşıyormuş gibi. Ya da yirmi yaşın altındakiler anasız-babasız imişler gibi. Aklı başında olanlar sokağa çıkma yasağı kararının verilmesini bekliyor ama nafile. Bu inanılmaz ve akıl almaz kararlara bir de yardım bekleyen vatandaştan yardım alma/bağış kampanyası eklendi. Cumhurbaşkanı bu kampanyayı canla başla savunuyor, « biz bize yeteriz » sloganıyla pompalıyor. Oysa 2014′te çıkarılan bir yasayla bu türden cumhurbaşkanı tarafından olağanüstü hal durumlarında toplanacak paranın zenginlerden alınan kısmı için vergiden düşme karara bağlanmıştı. Yani zengin sağ eliyle devlete veriyor, sonra sol eliyle vergiden düşerek geri alıyordu. Bağışın yükü yine bu olanaktan yoksun zavallı yoksulların sırtına bindirilmişti. (Verilen yüz, bin, on bin liranın makbuzu olmaz ama milyon liranın makbuzu olur. Ve vergiden düşer.)
Virüsün Çin’de bitse de İtalya, İspanya, İran ve ABD’de akıl almaz boyutlara tırmanışının verdiği korku bu türden umutsuzluk verici olaylarla bizde bilinçli insanlarda öfkeye yol açsa da halkın pek umurunda değil.
ABD başkanı ve çağımızın önemli yeni Caligula’larından Trump yüz bin kişinin ölümüyle kurtulsak iyi. En az iki yüz bin ölüm bekliyoruz. Diyerek yoksul vatandaşları arasında vürüsün yayılması konusunda tam bir vurdumduymazlık ve sorumsuzlukla davranırken Avrupa’da İtalya, İspanya, Fransa gibi ülkelerde günümüz kapitalist ülkelerinin modası özelleştirme yerini devletleştirmelere bırakınca geleceğimiz hakkında umut da vaat etmeye başladı. Virüs sonrası dünyanın geleceği hakkında Chomski gibi düşünürler sosyalist düzenlemelerin çoğalacağı, sosyal devlet anlayışının yaygınlaşacağı yolunda umut verici
yorumlar bile yaptı.
Şimdilik kafamız karışık. Korku dağları bekliyor. Ben tansiyon hastasıyım, hiper tansiyonum var. Azgın bir vertigo ve beyni besleyen damarlardan biri de tıkalı. Eşim de hiper tansiyon hastası. Kilo sorunu var. Her ikimiz de 65 yaş üstüyüz. Evden çıkmıyoruz, oğlumuz, gelinimiz ve torunumuz ile görüşmüyoruz, arkadaşlarla da ama hayatı ertelememek adına arada bir iki yudum bir şey de içiyoruz.
Günler nasıl mı geçiyor? İşte bir entelektüelin yapabileceği ve yaptığı şeyler, yazmak, okumak, film seyretmek, tedirgin bir bekleyişle.
10.04.2020
***
Özdemir İnce’den, şair, çevrimen(Fransızca), köşe yazarı. Şiirlerini, özgeçmişini ve onun hakkındaki yazılarını dergimizde bulabilirsiniz. Türk şiiri temsilcileri neslinden çok üretken ve yaratıcı şairlerindendir.
Karantina günleri
Fransa’dan bir mesaj geldi. Benim çevirmen Claire Lajus’den. Claire, şair ve çevirmen. Türkiye’de Ondokuzmayıs Üniversitesi Eğitim Fakültesi Fransızca Dili ve Edebiyatı bölümünde 5 yıl öğretim görevlisi olarak çalıştı. Fransa’ya dönünce Internet üzerinde çağdaş Türk şiirini tanıtmak amacıyla bir e-dergi kurdu. Türk şiiri ve Türk edebiyatını tanıtmaya çalışıyor, söyleşilere katılıyor. İşte, bu, bizim Claire, Türk şair ve yazarlarına aşağıdaki iletiyi gönderdi. Cevapları dergisinde (www.revueayna.com) yayımlayacak.
AYNA’nın sorusu ve cevabım aşağıdadır:
***
«Dünyaca olağanüstü bir durumla karşı karşıyayız. Hepimiz, Fransız olsun, Amerikalı, Türk olsun, aynı dertteyiz. Evden çıkma yasakları çoğalıyor, neredeyse 3 milyar insan evlere kapandı. Hepimiz şaşırıp kalıyoruz. Bir yandan sağlık önlemleri alınıyor, öbür yandan kaygı verici özgürlük kısıtlamaları.
Bu durum karşısındaki bakış açınızı öğrenmek istiyorum. Yazar, düşünür olarak bu durum size neler düşündürüyor?»
***
Yazının başlığındaki “karantina” sözcünü bulmak, hatırlamak için uzun sure makinenin önünde oturdum. Çağrışımlara başvurdum. Sonunda “karantina” karantinadan çıktı. Çıkınca da İzmir’de bir Karantina semti olduğunu anımsadım.
Huyumdur ve tanımlarım: «Karantina, bulaşıcı bir hastalığa maruz kalan şüpheli durumdaki insan ve hayvanları, hastalığın en uzun kuluçka devresine eşit bir süre kimse ile temas ettirmemek suretiyle alınan tedbirsel faaliyetlerin tümü, sağlık yalıtımı. Kelimenin kökeni İtalyancadır. Ekonomisi ticarete dayanan Venedik Cumhuriyetinde, başkent Venedik’e salgın hastalık bulaşmasın diye kentte gelen gemiler 40 gün şehir açıklarında denizde beklermiş. Karantina kelimesi buradan gelir. »
***
Bu tanımda «yalıtım» sözcüğünü tuttum. Kendinizi herhangi özel bir şeye, hastalığa falan karşı yalıtabilirsiniz ama hayata karşı yalıtamazsınız. 4-8 Eylül 1981 günlerinde Yannis Ritsos’la Karlovassi’de (Samos adası) konuşurken bana şöyle demişti :
« Kırk sekiz yaşıma kadar 24 saatimi bölen engeller vardı: avukat yanında yazmanlık, sanatoryum, tiyatro, toplama kampları, sürgün, bir yaymevindeki işim. Kırk sekiz yaşımda, telif ücretlerimle yaşayabilmek olanağı çıkınca, bir çekingenlik duydum. Acaba çalışma odama çekilip dünya ile ilişkim kesilince esin kaynağım kuruyacak mıydı? Kuşkularımın boşuna olduğunu anladım bir süre sonra. Tam aksine çalışma odam bütün evreni kapsadı, esin kaynağım derinleşti ve çoğaldı, çünkü artık bütün zamanım şiire aitti. Çalıştığım sürece, odamdan çıkmadıkça kimse rahatsız etmez beni. Telefonlara cevap vermem. Süre önemli değildir, çalışmam bitince odamdan çıkarım.”
***
Bunları bana söylediği sırada Ritsos 72 yaşında ben de 45 yaşımdaydım. Ben de 1982’den, 46 yaşımdan, TRT Televizyonu’ndan atıldığımdan bu yana onun gibi yaşıyorum. Çeviri yaparken, editörlük yaparken, gazetede sürekli yazmaya başladığım 2000 yılından bu yana hep gönüllü ve zorunlu karantinada yaşadım. Yazarları büyük bir çoğunluğu böyle yaşar. Yazları 05’te, kışları 07’den itibaren gece 12’ye kadar böyle çalışıp yazarım. Bu nedenle, evden çıkma yasağı, karantina bana vız gelir. Corona adlı zımbırtı ziyarete gelmeseydi de ben böyle yaşayacaktım. Yaşım 83, virüstan ya da doğal ölümle tahtalı köyü boylayıncaya kadar böyle yaşayacağım.
***
Densiz herifler “Hayat (ya da dünya) evinize sığar” diye cevize (vecize) döktürüyorlar. Halt etmişler. Bir de milyonerlerin, eğlence sektörünün yıldızlarının, spor zenginlerinin karantina esaretinden fotoğraflı örnekler veriyorlar. Nüfusun yüzde doksanından fazlasını oluşturan yoksul emekçiler gecekondularda, 30-40 metre kare evlerde oturuyorlar. Beş ile on arasında değişen bir nüfusla. Bir cehennem hayatıdır. Bilmezler. Ben çok iyi bilirim.
Ülkenin yalansız halini biliyoruz: Emekli = 12 milyon; İşçi = 14 milyon; sendikalı işçi = 1 milyon 917 bin; İşsiz = 4 milyon 394 bin. Virüs hazretleri yüzünden patronlar emekçileri kapının önüne koymakta. Nüfusun en azından 40 milyonu açlık sınırında yaşıyor.
Kurtuluş için AKP’yi devirmek yerine Hızır Hazretleri’ni bekliyorlar.
***
15 yaşımda, 1951 yılında annem-babam ve 4 kardeşimle birlikte 7 kişi 30 metre karelik bir odada yaşıyorduk. Evde su ve elektirik yoktu. Ders çalışmamın, bir bir kitap okumam olanaksızdı. Cehennem hayatım gerçek bir cehennemdi. Deniz kıyısındaki parkta ve Akkahve diye bir yerde okuyordum.
Bu nedenle, efendiler, bana yoksul emekçilerin Karantina günlerinde nasıl yaşadıkları sorulmasın. Külahları değişiriz.
7 Nisan 2020 Cumhuriyet gazetesinde yayınlandı
***
Cevat Çapan’dan,Şair ve çevirmen (İngilizce). Özgeçmişini ve şiirlerini dergimizde bulabilirsin, buraya. Cevat Çapan, Türk çağdaş şiirinin büyüklerinden biridir.
Edebiyat, bir panzehir
Merhaba Claire Hanım,
Evlere kapandığımız bu karanlık ve sıkıntılı günlerde sizden böyle bir dayanışma çağrısı almak ne güzel. Evlere kapandık ama dünyaya açılmak ve aynı sorunları paylaşan insanlarla bir dergi aracılığı ile olsa bile bizi yalnızlıktan ve umutsuzluktan kurtarmaya yetiyor. Evlere kapandık ama eski dostlarımızla eskisinden daha çok birbirimizi arıyor, iletişim araçlarının yarattığı olanaklarla yeni dostlar ediniyoruz. Yalnız kendi ülkemizde değil, dünyanın her yerinde yaşanan olumsuz olaylarla ilgileniyor, tam bir dayanışma duygusuyla ve elimizden gelen maddi ve manevi destekle yardımcı olmaya çalışıyoruz. Bu konuda edebiyatın da salgın felaketinin dış şiddetine karşı bir iç şiddet,bir panzehir olarak hepimize yardımcı olacağına inanıyorum.İnsanlık tarihindeki sanatçıların birikimini düşündükçe onların bize nasıl sınırsız bir güç kaynağı bıraktığını böyle günlerde daha iyi anlıyoruz.
03 Nisan 2020
Foto:Lütfi Özgünaydın, https://www.edebiyathaber.net/fotograflarla-cevat-capanin-dunyasi-lutfi-ozgunaydin/
***
Burhan Sönmez’den. Avukat ve yazar. İlk romanı Kuzey 2009’da yayımlandı. Masumlar 2011’de ve İstanbul İstanbul 2015’te yayımlandı. Labirent (2018) Burhan Sönmez’in dördüncü romanıdır. Romanları kırk dilde yayımlanmaktadır. Bir çok ödüle layık görüldü.
Küresel bir şaşkınlık
Sanırım küresel bir şaşkınlık içindeyiz. Bir yandan panik yaşıyor, diğer yandan tam inanamıyoruz düştüğümüz bu duruma. “Midnight in Paris” filminde, zaman değişir ve filmin kahramanı başka bir zamana geçerdi. Biz de onun gibi başka bir zamana düşmüş gibiyiz. Umarım bizim sonumuz filmlerdeki kahramanlara benzer, her şey iyi biter. Kaygı verici olan şey, belirsizlik. Bir ay önce bu duruma düşeceğimizi söyleseler inanmazdık. Şimdiki belirsizlikte bir ay sonra ne olacağını bilmiyoruz ve en kötüsünün olmasından korkuyoruz.
Ben geçen ay İtalya’da, üç hafta önce Paris’te ve sonra Geneva’daydım. Salgın ve korku sinsice yayılırken ben de evime kaygı içinde döndüm. İki hafta self-karantina’da kaldım. Şimdi temiz çıktım. Aslında artık hiçbirimiz temiz değiliz. Fiziken değilse bile psikolojik olarak ve kültürel olarak coronavirüs bütün topluma yayıldı ve hepimizi etkiledi. Önümüzdeki yıllarda bunun sonuçlarını hep birlikte görürken, bu sonuçların bir yanda iyi diğer yanda kötü gelişeceğini öngörebiliriz. Dünyayı ve insanlığı korumayı öne alan sağduyulu siyasetleri savunacağız, ama karşımızda çok güçlü bir canavar var: Bencil, açgözlü, savaş-sever şirketler, gruplar ve hükümetler yine hayatımızı ve dünyamızı yok etmeye devam edecekler. Dilerim bu sefer durdurabiliriz bu çılgınlığı. Ya hep beraber kurtulacağız, ya da hepimizin sonu gelecek.
27 Mart 2020
Soirée poétique et musicale autour des poèmes d’Hasan Erkek
Le 15 Décembre dernier, une soirée poétique et musicale s’est déroulée au Centre Culturel d’Anatolie à Paris. La poésie d’Hasan Erkek était au centre de la soirée.
Le président du centre, le Dr.Demir Fıtrat Onger, a fait un discours avant de passer la parole à Ada Mondès, poète et traductrice qui a présenté brièvement le poète Hasan Erkek. La soirée avait réuni de nombreuses personnes, très attentives aux poèmes qui ont été chantés en espagnol, français et anglais par la musicienne d’origine argentine Daniela Horovitz qui s’accompagnait du piano, de la lyre et de la guitare.
Hasan Erkek a lu des poèmes tirés de ses recueils Ō Vie Fais-Moi Renaître et La Violette Blanche, lesquels ont été publiés en France, en Bulgarie et en Roumanie. Il a également lu des poèmes inédits en français issu de son recueil Sevdadan Kanadım. Ces poèmes ont été lus par le poète lui-même, par Ada Mondès, Georges Daniel, Selin Altıparmak, Gülay Hacer Toruk, Tuğçe Yaşar et cela en quatre langues: turc, français, espagnol et anglais. Les poèmes ont été respectivement traduits par Jean-Louis Mattei pour le français, par Ada Mondès, Osmany Echevarria Velazquez, Berna Talun, Blanca Formosa pour l’espagnol et par Tarık Günersel pour l’anglais.
A la fin de la soirée, le poète a dédicacé ses recueils Ō Vie Fais-Moi Renaître et La Violette Blanche à ses admirateurs. La rencontre s’est conclue par un cocktail de l’amitié. Nous pouvons féliciter le Centre Culturel d’Anatolie d’être toujours très accueillant pour les poètes et permettre au public de découvrir des univers poétiques originaux. Le fait d’avoir organisé la soirée autour de plusieurs langues et non autour du seul face-à-face turc/français est également une belle marque d’ouverture. Cela a également permis de mettre en valeur à notre avis la personnalité du poète Hasan Erkek, toujours avides de rencontres et de nouvelles cultures.
Pour en apprendre plus sur Hasan Erkek, cliquez ici, pour lire ses poèmes ici.
Hasan Erkek’in şiiri üzerine Paris’te müzikli şiir akşami düzenlendi
15 Aralık 2019’da, Paris’te, Anadolu Kültür Merkezinde Hasan Erkek’in şiiri üzerine bir gece düzenlendi.Gece, Anadolu Kültür Merkezi başkanı Dr. Demir Fıtrat Onger’in sunuş konuşmasıyla başladı. Etkinlik,şair, çevirmen Ada Mondès’nin Hasan Erkek’in şiir geçmişini özetlemesiyle devam etti.
Geniş bir katılım ve büyük bir ilgiyle gerçekleşen gecede, Hasan Erkek’in şiirlerini İspanyolca, Fransızca ve İngilizce olarak bestelemiş olan Arjantinli müzisyen Daniela Horovitz, şarkılarını Piyano, Lirve Gitar eşliğinde seslendirdi.
Hasan Erkek’in, Türkiye’nin yanısıra, Fransa’da, Bulgaristan’da ve Romanya’da da yayımlanan Hayat Yenile Beni ve Beyaz Menekşe ile Türkiye’de yayımlanan Sevdadan Kanadım adlı kitaplarından şiirler okundu. Şiirler tiyatro oyuncuları ve şairler, Ada Mondès, Georges Daniel, Selin Altıparmak, Gülay Hacer Toruk, Tuğçe Yaşar ve Hasan Erkek seslendirdi. Şiirler, Türkçe, Fransızca, İspanyolca ve İngilizce olarak sunuldu.
Gecede okunan şiirler, Jean-Louis Mattei tarafından Fransızca’ya, Ada Mondès, Osmany Echevarria Velazquez, Berna Talun, Blanca Formosa tarafından İspanyolca’ya ve Tarık Günersel tarafından İngilizceye çevrildi.
Hasan Erkek, Fransa’da yayımlanmış olan Ō Vie Fais-Moi Renaître(L’Harmattan Yayınevi) ve La Violette Blanche(Le Temps des Cerises Yayınevi) adlı şiir kitaplarını şiir tutkunlarına imzaladı. Gece, Anadolu Kültür Merkezi(Centre Cultural Anatolie)tarafından konuklara sunulan bir kokteyle sona erdi.
küçük İskender : un poète qu’on n’oubliera pas
Aujourd’hui est décédé le poète küçük İskender. Le cancer l’aura vaincu, après une année de lutte. Il est mort à 55 ans, laissant derrière lui une vingtaine de recueils de poésie, trois romans, des essais et de nombreux travaux. De son vrai nom İskender Över, küçük İskender (Alexandre le petit) aura marqué sa génération. Il a créé une poésie très originale, intime, parfois hermétique. Il était un poète et auteur courageux, revendiquant son homosexualité et l’évoquant dans ses écrits.
Il a commencé à se faire publier dans les années 80 en revue, puis rapidement recueils et prix ont suivi. Il a obtenu en 2000 le prix Orhon Murat Arıburnu, en 2006 le prestigieux prix Melih Cevdet Anday, en 2014 le prix Erdal Öz, le jury soulignant l’apport personnel du poète à la langue turque et à sa poésie, se félicitant de la cohérence de sa démarche poétique depuis 30 ans. küçük İskender faisait de nombreuses performances et participait à des ateliers ou rencontres nationales et internationales. Lui qui avait intitulé un de ses romans « Stratégies pour aller en enfer » et un récit « Le Livre de la mort » était travaillé par ces questionnements sur l’existence, la mort et la persévérance de l’être. Aujourd’hui ses lecteurs et ses proches le pleurent.
Le massacre de Madımak: 2 Juillet 1993
Aujourd’hui sont commémorées dans de nombreuses villes de Turquie les victimes d’uns des pages les plus noires de l’histoire contemporaine de la République turque.
Le 2 Juillet 1993 était organisé à Sivas, une ville en Anatolie centrale, le Festival Pir Sultan Abdal, du nom d’un poète troubadour très connu. Ce festival réunissait de nombreux intellectuels et artistes, en majorité des gens de gauche connus. Parmi eux, Aziz Nesin, auteur et poète, cible d’attaques des milieux conservateurs et intégristes. Athée déclaré, il était haï encore plus depuis son article sur les Versets sataniques de Salman Rushdie. En fin de journée, alors que les invités du festival se trouvaient dans l’hôtel Madimak où ils étaient logés, une foule en colère se rassemble devant l’hôtel en scandant des slogans, notamment « Sivas sera la tombe des laïcards » ou bien « La République a commencé à Sivas, elle se terminera à Sivas ». Au bout d’environ deux heures, 15000 personnes se masse là sans que les autorités prennent les mesures nécessaires. Des voitures devant l’hôtel sont incendiées et bientôt l’hôtel prend feu. Les intellectuels et artistes à l’intérieur voyant que les secours demandés ne venaient pas se préparent à mourir, car sortir revenait à se faire lyncher ou rester et mourir par les flammes. 33 intellectuels et artistes ont été tués, deux personnels de l’hôtel et deux des manifestants. Aziz Nesin a pu s’en sortir, en échappant à la foule qui l’avait repéré et commencé à le lyncher. Il a été récupéré par les pompiers puis la police, gravement blessé.
Les autorités de l’époque minimisent l’événement et font preuve d’une grande indifférence à l’égard des victimes et de leurs familles réclamant justice. Le procès conduira à des condamnations de 33 personnes à perpétuité, plusieurs personnes sont encore en fuite et les responsables de l’organisation de ce lynchage vraisemblablement orchestré restent inconnus. En 2012, le procès est déclaré clos. Tayyip Erdogan, alors Premier Ministre, s’en félicite ouvertement. Il faut dire que son parti ainsi que le parti Refah a toujours été du côté des agresseurs.
Parmi les victimes, il y avait notamment Behçet Aysan, Asim Bezirci, Nesimi Cimen, Muhlis Akarsu, Hasret Gultekin, Metin Altiok.
Afin de commémorer à ma façon ce deuil et cette plaie encore ouverte pour de nombreux intellectuels et artistes en Turquie, j’ai retraduit un poème de l’excellent poète Metin Altiok. A leur mémoire.
Bir Gün Ölürüm
Uzak, solgun çocukluğum;
Akşam alacası, kasaba,
Çatılarda kargalar.
Hüzünlü gençliğim;
Sabahçı kahveleri,
Umutsuz aşklar.
Bir anı tüneği şimdi
Yaşadığım geçmiş yıllar.
Ben derim ki;
Ömrüm, ömrüm!
Mumlar neden eriyip sönerler de
Tersine doğru yanmazlar
Uzayarak yeniden
Ve insan doğmak ister mi
Bir daha ölmek için?
Ölümü arayarak geçti
Bunca yılım.
Kötü annem.
Beni komşunun oğlu kadar seven,
Yok olan babamdı belki
Ölüm tutkumu pekiştiren.
Elbet bir gün ölürüm.
Ömrüm ömrüm
Ve yanan mum
Koca bir fitil bırakan ardında
Ne kadar benziyor birbirine.
Zifiri karanlıktı gece.
Mum bitti yanmadı tersine
Beyaz mürekkeple yazdım
Bu şiiri karanlığın üstüne.
Ben derim ki;
Geçip gider zaman.
Geri alınmaz bazı şeyler.
Ömrüm ömrüm
Ve yanan mum biter.
Soğur cehennem bile!
Un jour, je mourrai
Mon enfance, pâle et lointaine
Crépuscule, bourgade
Corbeaux sur les toits.
Ma jeunesse mélancolique
Troquets du matin,
Amours sans espoirs.
Mes années passées
A présent, perchoir à souvenirs.
Moi, je clamerai
Ma vie, ma vie !
Pourquoi les bougies fondent-elles puis s’éteignent
Au lieu de brûler à l’envers
S’étirant de nouveau
Serait-ce pour mourir encore
Que l’on souhaite renaître ?
Tant de mes années se sont envolées
A chercher la mort.
Ma mauvaise mère.
Ne m’aimant pas plus que le fils de la voisine,
Ou mon père absent peut-être
M’ont insufflé ma passion pour la mort.
Un jour, je mourrai, c’est évident.
Ma vie, ma vie
Et la bougie qui se consume
Ne laissant qu’une grosse mèche derrière elle
Elles se ressemblent tant.
Très sombre était la nuit.
La bougie est finie, à l’envers elle n’a pas brûlé
Ce poème, c’est à l’encre blanche
Que je l’ai écrit à même l’obscurité.
Moi, je clamerai
Il passe et s’enfuit le temps.
Certaines choses jamais ne se rattrapent.
Ma vie, ma vie
Et la bougie s’épuiseront.
Même l’enfer se refroidira !
Trad. C.Lajus
Metin Altiok (1941-1993) né à Bergama (Izmir) étudie puis enseigne la philosophie dans plusieurs lycées d’Anatolie. Homme de gauche, il est peintre et poète.
Il publie ses premiers poèmes dans les années 70. Il est influencé par le Second Nouveau, courant esthétique de la poésie turque qui se positionnait contre le lyrisme, la poésie nationaliste et qui cherchait à faire de l’art pour l’art avec des emprunts à la poésie très codifiée de la période ottomane.
Il est cependant un des poètes les plus sentimentaux et romantiques de sa génération. Il a su trouver sa propre voix, usant d’un vocabulaire simple, musical et sentimental.
Les onze recueils qu’il a publiés ont été rassemblés dans un recueil intitulé Locataire d’une souffrance, publié postmorterm en 1998. Il meurt en juillet 1993 à Sivas dans l’incendie d’un hôtel que provoque des intégristes islamistes et qui coûte la vie à trente-six autres poètes et intellectuels de gauche venus participer au festival Pir Sultan Abdal. C’est un des pires événements de la Turquie moderne contre les poètes. Le célèbre pianiste et compositeur turc Fazil Say a composé un oratorio qui lui est dédié Requiem pour Metin Altiok, 2003.
(photographie:http://www.pirsultan.org/blog/2017/04/20/249/)
Les poètes de Turquie invités au festival des Voix Vives à Sète cet été 1/2
Seyhmus Dagtekin
Seyhmus Dagtekin sera un des poètes représentant la Turquie au Festival international de poésie des Voix Vives, organisé à Sète du 20 au 28 Juillet.
Mais qui est Seyhmus Dagtekin?
Poète et romancier, Seyhmus Dagtekin est né et a grandi dans un village kurde au sud-est de la Turquie.
Il appartient à la génération d’enfants de son village qui a pu avoir accès à l’éducation et à l’apprentissage de la langue turc, la langue kurde étant interdite dans l’enseignement et à l’époque également dans les médias.
Il fait des études supérieures à Ankara en journalisme.
Il vit à Paris depuis 1987 où il a terminé ses études et appris le français. La découverte du français est pour lui une rencontre capitale. Il écrit en turc, en kurde ou directement en français.
Il a reçu le Prix de l’Académie française Théophile Gautier pour Juste un pont, sans feu (Le Castor Astral, 2007). Seyhmus Dagtekin est également lauréat du Prix Mallarmé 2007 pour le même recueil, et du Prix international de poésie francophone Yvan Goll pour Les chemins du nocturne (Le Castor Astral, 2000). Son roman A la source, la nuit (Robert Laffont, 2004) a reçu la mention spéciale du Prix des Cinq Continents de la Francophonie.
Ses textes ont été publiés dans de nombreux revues et anthologies.
Seyhmus Dagtekin a largement publié en français, une langue apprise sur le tard. Le kurde est sa langue maternelle et le turc sa langue seconde.
Il a publié au mois de Mars dernier un manifeste « Sortir de l’abîme » chez le Castor Astral, son éditeur.
En couverture du livre on peut lire : » la poésie est cette utopie, cet entêtement à ne pas se résigner devant l’injustice, à ne pas abdiquer face au pouvoir. Dire qu’une autre manière de vivre doit être possible, qu’une autre façon d’exister ensemble doit être possible. Non plus une poésie dans les marges, dans les périphéries, mais une poésie au centre des choses, au cœur des êtres… »
C’est un manifeste bref mais percutant où il défend l’idée d’une poésie comme rempart à la soif de puissance et en même temps une poésie qui aide à demeurer libre et à être en interaction avec ses semblables de manière constructive. Il semble important de souligner ce dernier ouvrage car il permet de voir l’engagement du poète et sa préoccupation du monde. Seyhmus Dagtekin n’est pas dans sa tour d’ivoire, écrire de la poésie est pour lui un engagement autant qu’une vocation.
Il est donc naturellement généreux dans l’échange, et il participe à de nombreuses rencontres littéraires.
Voici son site internet: http://www.seyhmusdagtekin.fr/index.html
et voici le lien d’une émission de France Culture « Jacques Bonnafé lit la poésie » du 30 mai 2018 où vous trouverez des informations complétant cette présentation.
:https://www.franceculture.fr/emissions/jacques-bonnaffe-lit-la-poesie/mai-mai-mai-34-un-pont-sans-feu-seymous-dagtekin
Reproche aux mots va-t-en-guerre
Nous allons vous faire lire un poème inédit en français de Haydar Ergülen publié par les éditions Unicité. Créées en 2010 par François Mocaër, les éditions Unicité publient notamment de la fiction, de la poésie, des témoignages, des essais. Catalogue varié et ouvert, avec une volonté d’exigence de qualité. Ce poème ci-dessous, au côté d’un poème du poète Hasan Erkek (également présent dans Ayna), prend place dans une anthologie préparée par Pablo Poblète, intitulé PAIX!, dans la collection poètes francophones planétaire, réunissant 123 poètes. Elle a été présentée au public lors du Marché de la poésie à Paris en juin 2018. Ce poème a été publié en 2007 mais il garde une grande résonance avec l’actualité, qu’elle soit internationale ou turque. Le langage qui prépare les consciences à la guerre, qui biaise les réalités, les mots au service des va-t-en-guerre que les gens réutilisent ensuite peut-être de manière anodine, comme les mots camps, axe ou mur égrainent aujourd’hui les conversations. Les mots, anodins? Certainement pas et le poète Haydar Ergülen nous le rappelle bien.
Ce poème est un exemple intéressant sur les aspects de l’écriture d’Ergülen: il mêle références populaires (chants) et littéraires à un travail sur les jeux de mots, avec un ton ouvertement candide tout en abordant un thème extrêmement sérieux.
Reproche aux mots va-t-en-guerre
de Haydar Ergülen
Mots, où donc allez-vous, partez-vous à la guerre,
est-ce le désert où la mort est partout comme le sable qui vous appelle,
sortis vaincus de chaque guerre, vous êtes éreintés
vous alliez vous reposer, vous amuser dans quelques poèmes
à être mot, passant d’une langue à l’autre, à murmurer…
C’était l’automne, la vie de nos proches allait aussi être
automnale, nous l’ignorions, nous le refusions,
nous allions dire à nos cœurs inquiets,
doucement, tu vas me tuer, doucement,
passerons-nous un hiver de plus ensemble
sans bien sûr avouer notre douleur, sans un « hé, où vas-tu ? »
adressé à Mehmet Koyunoğlu disparu, sans pouvoir lui dire, tu es en avance l’ami ;
sans pouvoir lancer un « Ce cœur peut-il t’oublier » à Fikret Kızılok
fugace comme notre jeunesse, aux chansons aussi pénétrantes qu’un poème,
nous le savons, notre cœur n’oubliera pas, les automnes de ce monde
le dernier hiver et le prochain
s’il reste en vie, notre cœur n’oubliera rien !
Mots, où donc allez-vous, partez-vous à la guerre, vous étiez
bleus, rouges, blancs, violets, verts, vous êtes à présent
marron, gris, noirs, kaki, vous allez vers des langues inconnues,
une armée de lettres tel un troupeau de sauterelles
un régiment de poèmes tel un convoi de fourmis, un peloton de phrases,
vous allez vers des déserts où vous ne vous êtes jamais aventurés
comme « des écoliers allant en guerre » et en plus
sous les yeux d’enfants qui vous aiment
comme leur chat, comme leur train, comme un ami,
s’ils grandissent, ils ne vous murmureront jamais plus peut-être
s’ils tombent amoureux, ils ne traceront pas une seule de vos lettres pour leur aimée
ils n’attendront pas un seul message de vous, ne prieront pas
Dieu avec vous, ils pleureront à chaudes larmes sans un mot,
ils ne feront même pas la sieste blottis dans l’ombre d’une lettre…
Car, c’est vous qui vous êtes inscrits en premier à la guerre, avant les armes,
avant les soldats, on envoie à présent les mots contre « l’ennemi »
et étrangement les mots vont à la guerre
la fleur au fusil, la plume en berne !
Mots, mes frères, qu’allez-vous faire à la guerre,
sans égards pour votre âge, une à une vos lettres seront brisées
d’autres combats vous attendent, vous l’ignorez donc, l’amour
attend, la plus belle des batailles, les maisons attendent
« la plus opiniâtre des batailles », les jeux attendent, les jardins aussi
les pages attendent, personne n’a jamais été aussi attendu,
les routes attendent, les yeux attendent, les grenades, les figues, les raisins
les olives vous attendent, mes frères mots, où allez-vous donc
abandonnant les poèmes, les septembres, les chagrins,
les neiges à venir, les automnes peut-être passés peut-être à venir…
Laissez au moins un mot qui n’ait pas mis les fusils en faisceaux
qu’avec lui je fasse des reproches à ses frères va-t-en-guerre !
Traduit par Claire Lajus
Notes du poète:
-Mehmet Koyunoğlu: un célèbre peintre turc disparu prématurément, mon ami.
-Fikret Kızılok: musicien mythique, un des noms importants du rock anatolien, mort trop jeune…
-« Ce cœur peut-il t’oublier » : une des chansons populaires de Fikret Kızılok.
-« des écoliers allant en guerre » : titre d’un roman en turc publié dans l’Union Soviétique en 1961 par l’écrivain d’origine arménienne et géorgienne, le poète et musicien Bulat Okucava
-« la plus opiniâtre des batailles », tiré du poème « Bataille avec les maisons » du grand poète turc Behçet Necatigil.
-Reproche aux mots va-t-en-guerre, est tiré du recueil Üzgün Kediler Gazeli d’Haydar Ergülen publié en 2007 (Kırmızı Kedi Y., 2018, 14. baskı, s.107-107)
“Harbe Giden Kelime”ye Sitem
Haydar Ergülen
Kelimeler nereye gidiyorsunuz böyle, savaşa mı
ölümün kum gibi kaynadığı çöl mü çağırıyor size,
oysa yenik çıkmıştınız her savaştan, hayli yorgundunuz
dinlenecektiniz biraz, birkaç şiirde keyfini çıkaracaktınız
kelime olmanın, dilden dile dolaşmanın, mırıldanmanın…
Vakit dünyanın sonbaharıydı, sevdiklerimizin de sonbaharı
olacakmış meğer hayat, hiç bilmeden, hiç istemeden,
‘birlikte bir kışımız daha olur mu’ diye telaşlı yüreğimize,
‘yavaş biraz, beni öldüreceksin, yavaş’ diyecektik, acıdığını
söylemeyecektik elbet, ‘nereye gidiyorsun ya hu’ diyemeden giden
Mehmet Koyunoğlu’na, ‘pek erkencisin arkadaş’ demeyecektik;
gençliğimiz gibi gidene, hani şiir gibi şarkılar yakan
Fikret Kızılok’a, “Bu kalp seni unutur mu?” demeyecektik,
biliriz, unutmaz, dünyanın bu son/baharına, sondan
sonraki kışına ne kalırsa kalbimizden,
kalırsa yani kalbimiz, unutmaz!
Kelimeler nereye gidiyorsunuz böyle, savaşa mı, maviydiniz,
kırmızıydınız, beyazdınız, mordunuz, yeşildiniz, şimdi
kahverengiler, griler, siyahlar, hakiler içinde hiç bilmediğiniz
dillere gidiyorsunuz, çekirge sürüsünden harf ordusu
karınca katarından şiir alayı, cümle mangası, hiç düşmediğiniz
çöllere gidiyorsunuz, “harbe giden mektepli” gibi, üstelik sizi
arkadaşı gibi, treni gibi, kedisi gibi seven çocukların gözü önünde,
yaşarlarsa eğer sizi bir daha hiç mırıldanmayacaklar belki
aşık olurlarsa yazmayacaklar sevdiklerinize bir harfinizi
sizden bir mektup beklemeyecekler, Tanrı’ya sizinle
dua etmeyecekler, gözyaşı dökmeyecekler yağmur gibi kelimelerle,
bir harfin bile gölgesine kıvrılıp uyumayacaklar ikindiyi…
Çünkü önce siz yazıldınız savaşa, silahlardan önce
askerlerden önce kelimeleri gönderiyorlar artık, ‘düşman’ın üstüne
ve ne tuhaf, güle oynaya, yaza sızıla
savaşa gidiyor kelimeler de!
Kelimeler, kardeşlerim, savaşta işiniz ne, büyük küçük
demeden birer birer kırılacak harfleriniz de
sizi başka savaşlar bekliyor bilmiyor musunuz, aşk
bekliyor işte, savaşların güzeli, evler bekliyor
‘savaşların çetini’, oyunlar bekliyor bahçeler gibi,
kağıtlar bekliyor ki kimse kimseyi beklememiştir öyle,
yollar bekliyor, gözler bekliyor, narlar, incirler, üzümler,
zeytinler bekliyor sizi, kelimeler kardeşlerim, nereye
gidiyorsunuz terk edip şiirleri, eylülleri, kederleri, yağacak
karları belki gelecek belki de geçmiş sonbaharları…
Bari tüfek çatmamış bir kelime bırakın da geriye
onunla sitem edeyim harbe giden kardeşlerine!
Notlar:
-Mehmet Koyunoğlu: Genç yaşta ölen ünlü Türk ressamı, arkadaşım.
-Fikret Kızılok: Efsanevi müzisyen, Anadolu Rock’ın öncü isimlerinden, erken
gidenlerden…
-“Bu kalp seni unutur mu?”-Fikret Kızılok’un çok sevilen bir şarkısı.
-“Harbe Giden Mektepli”: Gürcü-Ermeni asıllı yazar, müzisyen, şair Bulat
Okucava’nın 1961’de Sovyetler Birliği’nde yayımlanan romanının Türkçe adı.
-“savaşların çetini”: Büyük Türk şairi Behçet Necatigil’in “Evlerle Savaş” şiirinden.
-“Harbe Giden Kelime”ye Sitem, Haydar Ergülen’in 2007’de yayımlanan Üzgün
Kediler Gazeli(Kırmızı Kedi Y., 2018, 14. baskı, s.107-107) kitabından
La vie littéraire turque en ce mois de Mai
10°édition du Festival International de littérature d’Istanbul
Ce festival, qui contre vents et marées se déroule chaque année depuis 10 ans, est un rendez-vous très important de la vie littéraire en Turquie. Il réunit les romanciers, les nouvellistes, les poètes et offre même une scène ouverte aux auteurs amateurs. Il a lieu du 4 au 12 Mai. Pour ceux qui seraient de passage à Istanbul, il est encore temps d’en profiter! Le festival se déroule dans 22 lieux différents: on compte des librairies bien sûr, mais aussi des écoles et des centres culturels, comme l‘Institut Français, le Goethe Institut, le Centre culturel italien. Des performances, des lectures, des rencontres pour grands et petits, des DJ set poétiques sont organisés à diverses heures de la journée.
Le 6 Mai s’est déroulée une rencontre intitulée Poésie Interculturelle. Des poètes turcs et allemands se sont retrouvés sur scène pour parler des pouvoirs de la poésie à notre époque, des diverses possibilités de raconter quelque chose. La rencontre était animé par la poète Nurduran Duman avec les poètes Franck Schablenski et Max Czollek.
Un hommage au poète Enver Ercan, récemment disparu, aura lieu le 9 Mai à 20:30.
Il est à noter une rencontre liée à la traduction: Les rencontres Auteurs-Traducteurs. L’écrivain rencontre son traducteur et répond à ses questions (ou bien des traducteurs se rencontrent). Des échanges s’ensuivent.
Tout cela pour vous donner une idée de la vivacité de cette vie littéraire turque! La littérature, lieu où l’on respire, où l’on se ressource, où l’on s’évade, laissant entre parenthèse -ou allégeant- pour un temps le poids de l’Histoire…
Lien du site( une version anglaise existe): https://www.itef.com.tr/
Les Rencontres poétiques d’Eskişehir, 8° édition
Rencontres du 3 au 6 Mai à Eskişehir cette ville pleine de statues, de verdure et de poètes!
Ces rencontres sont internationales, se retrouvent 38 poètes invités de 10 pays (Allemagne, France, Finlande, Inde, Iran, Chypre, Portugal, Roumanie). Organisé sous la houlette de la municipalité Tepebaşı, ces rencontres proposent des lectures publics, des panels, des concerts. Cette année, les organisateurs mettent à l’honneur le poète Metin Cengiz (poète présent dans la revue Ayna) et le poète Ülkü Tamer, récemment disparu (voir article précédent).
Le directeur de la programmation est le poète Haydar Ergülen, il a choisi dans son discours d’ouverture des rencontres de mettre cette année l’accent sur la situation politique de son pays. « La Turquie est sous l’état d’urgence, et vraiment nous sommes en état d’urgence », a-t-il dit, « nous espérons que les élections anticipées du 24 juin, nous ramèneront la démocratie » a-t-il ajouté en soulignant l’importance de la poésie pour motiver l’espoir et la résilience.
Pour plus d’information, cliquez sur ce lien: https://www.ntv.com.tr/sanat/8inci-uluslararasi-eskisehir-siir-bulusmasi-basliyor,ar-KKxGeqESJYJErAjMYiQ
Ülkü Tamer (1937-02.04.2018): adieu à un grand intellectuel
Ülkü Tamer est décédé ce 2 Avril 2018 à l’âge de 81 ans des suites d’un cancer. Les funérailles du poète, journaliste et traducteur Ülkü Tamer se sont déroulées à Bodrum.
Qui était Ulku Tamer ?
Un poète turc, un comédien et un traducteur.Ülkü Tamer était un des représentants du courant poétique des années 50 Le Second Nouveau. Avec la poète Sezai Karakoç, il était le dernier représentant encore en vie de ce courant.
Né en 1937 à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, il y passe son enfance. Il continue ses études secondaires à Istanbul et il en sort en 1958, diplômé du Lycée Robert (lycée anglophone réputé). Dès ses années au lycée, il publie ses poèmes dans des revues littéraires.
Il poursuit ses études à l’Institut journalistique. De 1964 à 1968, il travaille comme comédien dans des théâtres privés. Après avoir quitté le théâtre, il se consacre à la traduction. Il a travaillé également comme éditeur aux éditions Milliyet et Karacan. Il s’est occupé de la publication de la revue pour enfants du journal Milliyet « Coçuk ve Sanat Olayi ».
À partir de 1954, il publie dans diverses revues littéraires ses poèmes, nouvelles et traductions. Son premier recueil sort en 1959, « Sous les herbes froides ». Dans les années 50, il devient un des noms les plus remarqués du courant littéraire Le Second Nouveau. Avec les poètes Edip Cansever, Sezai Karakoç , Cemal Süreya , İlhan Berk, Turgut Uyar, et Ece Ayhan, il se joint à ce courant en réaction au courant précédent nommé Garip (Etrange).
Comme les autres poètes de ce courant, il ne se préoccupait alors pas de l’accessibilité de ses poèmes. Par contre, du point de vue de l’utilisation des rimes et des vers, il avait une approche plus conservatrice que les autres poètes du Second Nouveau, se rapprochant en cela du poète Kemal Özer.
Son style épuré aux images très personnelles le distingue d’emblée.
À partir des années 70, il se préoccupe aussi de sujets sociaux, c’est un poète investi dans son époque. Ses poèmes se nourrissent de la littérature populaire et de la mythologie, avec une grande part d’images personnelles et d’ironie.
Tourné vers des sujets de société, il écrit alors des poèmes plus accessibles, nourris de chansons, de mélodies, d’airs populaires et par les souvenirs de son enfance. Certains poèmes sont proches de la nouvelle.
En 1986, il réunit les 7 recueils parus précédemment en une seule œuvre intitulée « L’oiseau sur le volcan ».
Dans les années 90, il publie des nouvelles.
Durant sa vie, il a traduit notamment les pièces d’Euripides, de Shakespeare, de Tchekhov, de Brecht, de Miller, d’lonesco, de Steinbeck, de T. S. Eliot, d’Ibsen. Il a par la suite souvent mis en scène ces œuvres traduites.
« C’était un poète du Second Nouveau suivant de près la poésie contemporaine anglaise, la traduisant, ouvert aux influences occidentales. Surtout après la deuxième moitié des années 60, il l’a démontré dans ses écrits avec de parfaits exemples d’une approche hermétique de la poésie. Et quand il s’est tourné ensuite vers des sujets de société, il n’a pas baissé son niveau poétique. » (Memet Fuat, 1985)
Il a reçu de nombreux prix, pour ses traductions et pour ses poèmes. En 2014, il reçoit le prix de poésie Melih Cevdet Anday pour son recueil « Bir Adın Yolculuktu »
Ses poèmes ont été interprétés par Ahmet Kaya dans ses chansons Üşür ölüm bile (Même la mort est transie) et Gül Dikeni (Epine de rose). Ülkü Tamer a écrit les paroles de chanson pour Zülfü Livaneli :Memik oğlan, Güneş topla benim için »(Cueille le soleil pour moi) et pour le groupe Yorum, Düşenlere (Pour ceux qui tombent)
Ülkü Tamer est aussi le traducteur de Harry Potter en Turquie.
Le poète Küçük İskender a déclaré à propos du décès de Ülkü Tamer : « C’était un des plus grands représentants de notre poésie, sorti du courant du Second Nouveau, il n’a toutefois jamais perdu son approche réaliste de la société, il a su marier ces deux tendances et en même temps, il a nourri son côté socialiste et son imagination. C’était le premier poète que j’ai rencontré, à l’âge de 11ans. C’est en le voyant que j’ai décidé d’être poète. Qu’il repose en paix.(…) »
Un poème de Tamer Ülkü et sa traduction (de la revue ANKA)
Un spécial merci à Nuri Pinar Yildirim qui nous a permis de trouver cette traduction.
L’été prend fin
On entend partout dire que l’été prend fin.
Jamais on ne vit un bouclier rouge
Comme celui des feuilles recouvrant les morts.
C’est que l’été est fini vraiment,
On est lasse de regarder le lac,
De rester dans la forêt, de surveiller la route ;
On démonte les tentes, on panse les plaies ;
Un long adieu, un paisible voyage,
Attendent maintenant les feuilles.
Est-ce l’amour qui s’éveille quand vient l’hiver,
Qui marche avec un glaive blanc vers l’amour…
Les pays ne se séparent plus de leurs oiseaux ;
Partout on entend dire que l’été prend fin
Les armes puis les fatigues s’amoncellent ;
On aperçoit les tombes en neige des solitudes
Assombries tels des baisers morts…
Seul reste l’amour qui emporte l’année avec l’herbe,
Et qui guide les vaillants guerriers vers l’hiver.
On entend dire partout que l’été prend fin,
Du sang collé aux fleurs pourrit ;
De loin peut-être s’approchent deux cavaliers,
De près peut-être s’envolent deux feuilles :
Le manteau du soir se baigne dans les ruisseaux ;
Quand le géant de la nuit voit le ciel,
Il éparpille des étoiles de son chapeau ;
Les nains le savent, les hêtres le savent,
On entend dire partout que l’amour ne dort pas.
Trad. B. Kuzucuoğlu
Ülkü Tamer (1937-02.04.2018): Büyük bir aydına elveda
İlçeye bağlı Turgutreis Mahallesi’nde yaşamını sürdüren Ülkü Tamer, geçirdiği rahatsızlık nedeniyle evinde yaşamını yitirdi. Şair, gazeteci, oyuncu ve çevirmen Ülkü Tamer Bodrum ilçesinde düzenlenen törenle son yolculuğuna uğurlandı.
Ülkü tamer kimdi?
Türk şair, oyuncu ve çevirmen. Ülkü Tamer, 1950′li yıllarda ortaya çıkan İkinci Yeni şiir akımının önde gelen temsilcilerindendir. , İkinci Yeni şiir akımının Sezai Karakoç ile beraber son temsilcisiydi.
1937′de Gaziantep’te dünyaya geldi; çocukluğu ve ilköğrenim yılları bu kentte geçti. Ortaöğrenimine İstanbul’da devam etti. Robert Kolej’den 1958 yılında mezun oldu. Lise yıllarında şiirleri edebiyat dergilerinde yayımlanmaya başladı.
Bir süre İstanbul Üniversitesi Gazetecilik Enstitüsü’nde öğrenimine devam etti.
1964-1968 yılları arasında özel tiyatrolarda oyunculuk yaptı.Tiyatroyu bıraktıktan sonra çeviri çalışmalarına ağırlık verdi.Milliyet Yayınları’nda danışman-editör olarak çalıştı. Yayıncılık ve çevirmenlik yaptı; Milliyet, Karacan Yayınları’nı yönetti. Milliyet Çocuk ve Sanat Olayı dergilerini çıkardı.
Siirleri 1954′ten itibaren şiir, öykü, çeviri ve yazıları Kaynak, Pazar Postası, Yeditepe, Yeni Dergi, Papirus, Sanat Olayı gibi dergilerde yayımladı. İlk şiir kitabı Soğuk Otların Altında 1959′da çıktı. 1950′li yıllarda ortaya çıkan İkinci Yeni şiir akımının önde gelen temsilcilerinden biri oldu. Edip Cansever, Sezai Karakoç , Cemal Süreya , İlhan Berk, Turgut Uyar, ve Ece Ayhan, gibi şairlerin başını çektiği, Garipçiler’e, bir tepki olarak oluşan bu hareketin içinde yer aldı.
Anlam kaygısı gözetmeyen şiirleri ile II Yeni şairlerinin genel çizgilerine uyum gösteren bir tutum izledi . Fakat, uyak ve ölçü disiplini açısından II Yeni’nin diğer şairlerinden daha tutucu bir tavır takınarak Kemal Özer’e yakın bir anlayış içinde oldu. İkinci Yeni’ye, bu akımın ana karakteristikleri oluştuktan sonra dahil olduğu halde, kendine özgü imge dünyası ve süssüz söyleyişiyle dikkati çekti.
1970′lerden sonra toplumsal duyarlıklar da öne çıktı. İkinci Yeni ile başlayıp toplumcu anlayışa doğru yönelen şiir anlayışında, kendine özgü, mitoloji ve halk edebiyatından beslenen, bir imge anlayışı ile ironi yüklü şiirler yazdı.
Toplumsal sorunlara yönelirken türkü, koşma ve manileri, andıran şiirlerinde çocukluğunun izlerini taşıyan, çağrışımlar uyandıran rahat bir söyleyişle şiirler yazdı. Kimi şiirlerinde öyküleştirmeye uzanan bir tutum sergiledi.
Yayımladığı yedi şiir kitabını 1986′da « Yanardağın Üstündeki Kuş » (1986) adlı kitapta bir araya getirdi.1991 yılında dört öyküsünü içeren « Alleben Öyküleri » adlı öykü kitabını, 1997′de ise « Alleben Anıları » adlı öykü kitabını yayımladı.
Euripides, W. Shakespeare, A. Çehov, B. Brecht, A. Miller, E. lonesco, J. Steinbeck, T. S. Eliot, H. Ibsen gibi yazarlardan otuzun üzerinde oyun çevirdi. Bu oyunlarının pek çoğu özel tiyatrolarca sahnelendi.
« İkinci Yeni’nin, çağdaş İngiliz şiirini yakından izleyen, çeviriler yapan, Batı etkilerine açık bir şairiydi. Özellikle 1960′ların ikinci yarısında yazdıklarıyla kapalı şiir anlayışının kusursuz örneklerini verdi. Ülkü Tamer toplumsal sorunlara yönelirken de şiirin düzeyini düşürmedi. » (Memet Fuat, 1985)
çevirisiyle ve Şiir kitaplariyla bir çok Ödül kazandi. 2014 yılında « Bir Adın Yolculuktu » adlı kitabı ile Melih Cevdet Anday Şiir Ödülü’ne değer bulundu.
Ahmet Kaya’nın An Gelir ve Başkaldırıyorum albümlerinde seslendirdiği « Üşür Ölüm Bile » ve « Gül Dikeni » şarkılarının sözleri Ülkü Tamer şiirleri nden oluşmaktadır. Zülfü Livaneli’nin seslendirdiği « Memik Oğlan », « Güneş Topla Benim İçin » ve Grup Yorum’un « Düşenlere » isimli eserlerinin de söz yazarı Ülkü Tamer dir. Ayrıca Harry Potter ve Felsefe Taşı kitabının çevirmeni de Ülkü Tamer’dir.
Şair Küçük İskender, « İkinci Yeni içinden çıkıp, aynı anda toplumcu gerçekçi çizgisini hiçbir zaman kaybetmeyen, ikisini harmanlayabilen, bunu yaparken hem sosyalist kanadı çok iyi besleyen, hem imgeyi besleyen en önemli şairlerimizden biriydi. Belki de İkinci Yeni’den bize emanet son kalan şairlerden biriydi. 11 yaşındayken tanıştığım ilk şairdi. Ben onu iyi ki görmüşüm ki, şair olmaya karar vermişim. Toprağı bol olsun, ışıklar içinde yatsın. (…) » diye konuştu.
Kaynak :
http://www.edebiyatvesanatakademisi.com/cumhuriyet-donemi-sairleri/ulku-tamer-hayati-hayati-edebi-kisiligi-525.aspx
http://t24.com.tr/haber/sair-ulku-tamer-son-yolculuga-ugurlandi,596198
http://www.hurriyet.com.tr/kitap-sanat/son-dakika-ulku-tamer-hayatini-kaybetti-40791375
ANKA dergisinden Ülkü Tamer’in bir şiiri ve tercümesi
Nuri Pinar Yildirim hocaya özel bir teşekkür, onun sayesinde bu tercümeyi size sunabiliyorum.
YAZIN BİTTİĞİ
Yazın bittiği her yerde söylenir.
Böyle kırmızı kalkan görülmemiştir
Ölüleri örten yapraklardan başka.
Çünkü sahiden yaz bitmiştir,
Göle bakmaktan usanır insan,
Koru tutmaktan, yol gözlemekten;
Çadırlar toplanır, yaralar sarılır;
Durgun bir yolculuk, uzun bir şapka
Artık yaprakları beklemektedir.
Aşk mıdır kış gelince başlayan
Beyaz kılıçla yürüyen aşka…
Bırakmaz olur kuşlarını ülkeler,
Yazın her yerde bittiği söylenir;
Yorgunluklar çoğalır silahlardan sonra;
Kardan mezarları görülür ıssızlığın
Ölü öpüşlerin koyuluğuyla…
Aşk kalmıştır otlarda yılı götüren,
Cesur savaşçıları taşıyan kışa.
Her yerde yazın bittiği söylenir,
Çürür çiçeklere yapışan kanlar;
Belki uzaktan iki atlı yaklaşır,
Belki yakından iki yaprak kalkar;
Akşamın örtüsü derelerde yıkanır,
Gökyüzünü görünce gecenin devi
Çıkarıp şapkasından yıldızlar saçar,
Cüceler bunu bilir, gürgenler bilir,
Aşkın uyumadığı her yerde söylenir.
Ülkü TAMER
Enver Ercan et le renouvellement de la poésie turque
Le poète et éditeur Enver Ercan nous a quitté le 21 janvier dernier, le jour de ses 60 ans, à l’hôpital où il était suivi. Il a succombé au cancer après une longue période de traitements. Le décès d’Enver Ercan a attristé tous les amoureux de la littérature turque et de nombreux poètes lui ont rendu hommage.
Il était l’ancien président du syndicat des auteurs, le directeur de la revue de poésie Yasakmeyve (Fruit défendu) et de la revue Varlik, des éditions Komsu, également fondateur de l’Académie Poésie et Traduction.
Enver Ercan était une figure importante dans le paysage littéraire turc et je l’avais rencontré au festival Europalia de Bruxelles où nous étions invités ensemble pour une intervention commune.
Il a publié quatre recueils de poésie qui ont été primés par des prix prestigieux tels que le Prix de poésie Cemal Sureya en 1996 et le prix Yunus Nadi en 1997 pour son recueil « Le Temps embrasse tout en passant », ainsi que le prix Necatigil en 2014 pour son dernier recueil « Toi, les lèvres du turc ».
En français, on peut trouver une anthologie de ses poèmes intitulée « Le Coquelicot blanc », traduite par Elif Su Alkan-Labuxière, aux éditions L’Harmattan, collection Levée d’Ancre,2010. On trouve également des poèmes inédits dans la revue Main Millénaire, n.16, hiver 2017, dans un dossier préparé par les poètes Aytekin Karaçoban et Serge Velay, et traduits par leurs soins.
Enver Ercan était une personnalité majeure, par son énorme travail éditorial, il a contribué à renouveler et enrichir la poésie turque. Ainsi, il reprend en main la revue Varlik en 1990, la revue culturelle et artistique la plus ancienne de l’histoire de la République turque (éditée sans aucune interruption depuis 86 ans) et lui impulse un nouveau souffle. Il conforte et augmente les ventes par son travail de critique et par les choix de qualité qu’il fait dans la sélection des poètes à publier. Varlik est encore une des revues les plus prisées des passionnés de littérature.
Enver Ercan réalisait un gros travail éditorial et il préparait notamment un dossier complet chaque mois sur l’actualité culturelle, poétique et parfois politique. Il a aussi mis en place l’édition d’anthologies regroupant par décennies de publication tous les poètes ayant publiés dans la revue Varlik.
Enver Ercan ne s’est pas contenté de publier des auteurs reconnus et appréciés, il a entrepris un véritable travail de découvreur de talents. Il était ouvert aux jeunes et leur offrait leur première publication dans le cadre prestigieux de la revue Varlik et surtout de la revue Yasakmeyve qu’il avait fondée en 2003. Il s’est ainsi orienté plus particulièrement à la mise en valeur des jeunes voix et participait de ce fait au renouvellement et à une ouverture aux expérimentations, aux nouveautés actuelles. Il était aussi sensible à la mise en avant des poétesses et faisait confiance à ces nouvelles arrivantes, longtemps négligées par les revues plus «traditionnelles » du paysage littéraire turc.
Pour donner une légitimité plus grande à ces jeunes poètes, il met en place un prix de poésie Yasar Nabi Genclik pour récompenser les jeunes vocations. Les lauréats de ce prix sont ensuite devenus des auteurs confirmés, ce qui montre la qualité et la pertinence du choix porté sur ces jeunes voix.
La poésie turque perd un de ses plus actifs défenseurs et diffuseur, il lui reste un héritage à conserver et une volonté à poursuivre.
CL
Pour le lire, voici deux poèmes tirés du recueil Le Coquelicot blanc, traduit par Elif Su Alkan-Labuxière.
2.
Je m’étais laissé à la magie
d’un jardin
dont les étoiles observaient la fontaine
lorsqu’elle se penchait sur l’eau
un cygne apparaissait
était-ce le cygne qui ressemblait au coquelicot
ou le coquelicot était-il le cygne
cette question ne me passait même pas par la tête
cet après-midi enfantin
où les mots se taisaient
le temps
embrassait tout ce qu’il traversait
17.
la pluie saisit la nuit
mon poisson vient de mourir
une obscurité méfiante
s’est emparée de ma main
je n’ai pas pu changer l’ampoule
cette nuit je ne toucherai pas aux mots
Festival international de littérature d’Izmir
Le festival international de littérature d’Izmir commence sous le slogan « La littérature réconcilie ». La deuxième édition de ce festival se tiendra du 15 septembre au 14 octobre et réunira d’importants poètes et écrivains de 11 pays . Il se déroulera dans 8 communes de la métropole.
Le thème principal de cette année est « la paix ». Sous la direction du poète Haydar Ergülen et de Mahmut Çınar pour la ligne éditoriale, ce festival est organisé par la municipalité d’Izmir.
Les habitants d’Izmir pourront rencontrer les auteurs à travers des lectures publiques, des panels, des ateliers et des concerts. Dans le cadre du festival seront également présentés les pièces de théâtre les plus populaires du moment.
Les invités d’honneurs seront Adonis, un des plus grand poète contemporain et Özdemir İnce, doyen de la poésie turque actuelle.
Les événements se dérouleront dans l’ordre à Konak, à Aliağa, à Bergama, à Torbali, à Bayındır, à Selçuk, à Bornova et à Buca. Des poètes et des auteurs ayant vécu la guerre ou venant d’une région encore en conflit liront des textes en lien avec le thème du festival « la paix », « parler de la paix ». Ce festival durera un mois et recevra des poètes de Turquie, de France, d’Italie, de Pologne, de Syrie, d’Espagne, de Bosnie, d’Azerbaïdjan, de Grèce, de Chypre du Nord et du Sud.
Pour connaître le programme, suivez ce lien: http://www.izmirmag.net/2017/09/uluslararas-izmir-edebiyat-festivali.html
Pour lire les poème d’Özdemir İnce: cliquez ici
Uluslararası İzmir Edebiyat Festivali
Bu yıl ikincisi düzenlenecek olan Uluslararası İzmir Edebiyat Festivali, 15 Eylül-14 Ekim tarihleri arasında İzmirlileri 11 ülkeden önemli şair ve yazarlarla bir araya getiriyor. Festival 8 ilçede gerçekleştiriliyor
Uluslararası İzmir Edebiyat Festivali ‘Edebiyat barıştırır’ sloganıyla başlıyor
Bu yılki teması ise « barış« . İzmir Büyükşehir Belediyesi tarafından düzenlenen ve direktörlüğünü Haydar Ergülen’in, editörlüğünü ise Mahmut Çınar’ın üstlendiği festivalde Türkiye’den ve farklı ülkelerden katılımcılar; İzmirli edebiyatseverlerle panellerde, söyleşilerde, okumalarda, dinletilerde ve atölyelerde bir araya gelecek. Festival kapsamında ayrıca sezonun en etkileyici tiyatro oyunları sahnelenecek.
« Edebiyat Barıştırır » ilkesiyle düzenlenen bu yılki festival Türkiye’nin en önemli şair ve yazarlarını İzmirlilerle buluştururken dünyanın yaşayan en büyük şairlerinden Adonis’i de ağırlayacak. Adonis, Türk şiirinin büyüklerinden Özdemir İnce’yle birlikte festivalin onur konuğu
Sırasıyla Konak, Aliağa, Bergama, Torbalı, Bayındır, Selçuk, Bornova ve Buca’da düzenlenecek olan etkinliklere, festivalin bu yılki teması olan « barış »ı konuşmak, « barış » üzerine şiirlerini okumak için daha önce savaşla yüz yüze gelmiş ya da hâlâ çatışma bölgesi olan ülkelerden şairler ve yazarlar katılıyor. Bir ay sürecek olan festival; Türkiye’den, Fransa’dan, İtalya’dan, Polonya’dan, Suriye’den, İspanya’dan, Bosna Hersek’ten, Azerbaycan’dan, Yunanistan’dan, Kuzey ve Güney Kıbrıs’tan konukları ağırlıyor.
Festivalin programı ise şöyle: http://www.izmirmag.net/2017/09/uluslararas-izmir-edebiyat-festivali.html
Özdemir İnce‘in şiirlerini okumak için tıklayın
35ème Marché de la poésie
Voici un poème inédit d’Haydar Ergülen, Brume, traduit pour la revue La Traductière qui accueillera le poète dans des rencontres à l’occasion du 35ème Marché de la Poésie à Paris du 7 au 11 Juin 2017.
Brume
La nuit renferme deux cités, l’une me manque
terriblement, l’autre est dans une brume tombée
brusquement comme une averse, pourquoi m’as-tu
laissé cette cité sans sommeil, tu n’es pas seulement
là où je n’ai l’audace d’aller, tu es dans toutes les villes,
au-delà de la nuit, tu aspires à une obscurité entière
désirant te confronter aux yeux perçants
d’une cité ! Je comprends tes yeux, ils n’ont pas encore
rencontré des yeux pouvant se faire pardonner;
la distance n’est pas la seule à blesser nos regards
il y a aussi l’intimité que nous avons pas osée,
seuls les yeux peuvent pardonner aux yeux,
les miens me font tant souffrir, qui pourrait leur pardonner,
pas la brume, pas l’insomnie, la séparation empêche
mes yeux de se retrouver telles deux cités distantes :
l’un, somnolent, semble nous fixer tous
l’autre est écarquillé comme tes cils dans la brume,
qui a laissé ce silence, je ne parviens même pas
à discerner un seul mot au fond de tes yeux volubiles,
dans les deux cités de la nuit, nos yeux ne se rejoignent pas
Si aucun regard ne se croise, à quoi bon un poème ?
Traduction C.Lajus
35. Paris Şiir Buluşması
7-11 Haziran 2017 tarihleri arasında gerçekleştirilen 35. Paris Şiir Buluşması için La Traductiere dergisinin davet ettiği Haydar Ergülen’in çevrilen ‘Sis’ adli şiirini okurlara sunuyorum .
Sis
İki şehri var gecenin, biri gözümde
tütüyor, birinin dumanı üstünde yağmur
gibi çöken siste, bana bu uykusuz
şehri niye bıraktın, göze alamadığım
bir şehrin yerine bütün şehirlerdesin,
gece değil istediğin hayli karanlık
bakışlı bir şehrin gözleriyle çarpışmak
hevesindesin ! Gözlerini anlıyorum henüz
bağışlayabileceği gözleriyle çarpışmadı kimsenin ;
gözlerimizi uzaklıklar değil ki yalnız
göze alamadığımız yakınlıklar da acıtır,
ve gözleri ancak gözler bağışlayabilir,
öyle acıyor ki gözlerim kim bağışlayacak,
sis değil, uykusuzluk değil, iki uzak
şehir gibi ayrılıktan kavuşmuyor gözlerim :
Biri hepimizle gözgöze gibi hala uykusuz,
biri sis içinde kirpiklerine kadar açık,
bu sessizliği kim bıraktıysa, göremiyorum
konuşkan gözlerinde tek sözcük bile,
gözlerimiz birbirine değmiyor gecenin iki şehrinde
Kimsenin kimseye gözü değmiyorsa, şiir niye ?
Nouvelles d’automne
Après une longue pause, j’ai pu enfin trouver du temps pour m’occuper de la Revue Ayna ; j’aimerais commencer par donner deux bonnes nouvelles. La première, c’est la sortie du recueil de la poètesse Müesser Yeniay aux éditions Bruno Doucey sous le titre Ainsi disent-ils, traduit par mes soins.
J’ai effectué cette traduction avec beaucoup de plaisir. Ce nouveau recueil est composé d’un choix de poèmes issus de trois recueils et de poèmes inédits. Ainsi, le lecteur peut remarquer le changement au fil du temps dans les techniques d’écriture, les sujets abordés et l’expression des sentiments de la poètesse et noter le perfectionnement de celle-ci.
L’écriture de Müesser Yeniay a su se faire une place singulière parmi les écritures des divers poètes turcs contemporains et elle a affirmé sa différence avec succès.
J’aimerais dès à présent partager avec vous quelques extraits de ce recueil, bonne lecture!
Müesser Yeniay, Ainsi disent-ils, éditions Bruno Doucey, 15€
CL
Fleur de village
une fleur m’a appris
à rester à ma place
je n’ai pas vu d’autres soleils
n’ai pas bu d’autres eaux
j’ai reconnu dans le village mes racines
le ciel dans ma terre
les saisons m’ont survolée
amies d’une fourmilière
j’ai appris à être fleur
demeurant à demeure
Plage
ma poitrine et son sable transportés et
abandonnés là
l’air est si pesant
que les oiseaux du silence se dispersent
la lumière ne nous est pas sombre
au point de nous faire voiler les yeux désirant s’ouvrir
celle qui nous a engendrés
n’a-t-elle pas aussi engendré notre douleur ?
- la maternité est-elle vraiment sacrée ?-
sur une telle hauteur
face à la plage
ils m’ont abandonnée
si ma peau était restée chez ma mère
je ne lui aurais rien réclamé
Maladie
Tu m’as frappée
comme des poings un mur
la femme n’est pas
ta caverne
pour t’y coucher
à ta guise
tu ne peux pas l’escalader
tel un écureuil
en elle on ne dépose pas du nectar
mais de l’urine
quand ils aiment ils brutalisent
comme s’ils secouaient un arbre
la virilité
est une maladie grave
***
Deuxième nouvelle: La revue poétique La Main Millénaire donne une large place à la poésie contemporaine turque dans son dernier numéro.
Sous le titre de Poètes turcs d’aujourd’hui, six importants poètes sont présentés: Aytekin Karaçoban, Salih Bolat, Gonca Özmen, Metin Cengiz, Nilay Özer ve Turgay Fişekçi.
Comme vous pouvez le constater, quatre de ces poètes sont des noms déjà présents dans la revue Ayna du fait de leur singularité. Une préface signée Serge Velay et Aytekin Karaçoban présente brièvement l’histoire de la poésie contemporaine turque.
Ce genre de travaux sont essentiels et ouvrent de nouveaux horizons au lecteur français. Je remercie les personnes qui ont préparé ce dossier et la revue La Main Millénaire.
Dans la sombre période où nous sommes entrés, il est particulièrement nécessaire de mettre en avant et de ne pas oublier les créateurs de ce pays!
Sonbahar haberleri
Uzun bir aradan sonra Ayna dergisiyle tekrar ilgilenmeye vakit bulabildim ve iki güzel haberle başlamak istiyorum. Birincisi, çevirisi kendim tarafımdan yapılan Müesser Yeniay’ın yeni bir şiir kitabı “Ainsi disent-ils” adıyla Fransa’da Bruno Doucey yayınevi tarafından yayınlandı.
Bu çalışmayı büyük bir zevkle tamamladım. Bu yeni kitap uç siir kitabından seçilen ve daha önce hiç yayınlanmamış şiirlerinden oluşuyor. Bu şekilde okur Müesser Yeniay’ın yazım tekniklerinin, ele aldığı konuların ve duyguları ifade sekilerlinin zamanla nasıl değiştiğini ve sairin nasıl ustalaştığını fark edebilir.
Müesser Yeniay’ın yazım tarzı çağdaş Türk sairlerin yazım tarzlarından ayrı ve özel bir yer kendine yaratabildi ve farkını başarıyla gösterebildi.
Sizinle bir kaç alıntı hemen paylaşmak istiyorum, iyi okumalar dilerim!
Müesser Yeniay, Ainsi disent-ils, éditions Bruno Doucey, 15€
CL
Çiçek Köyü
ben yerimde durmayı
bir çiçekten öğrendim
başka güneş görmedim
başka su içmedim
köklerimi köy
toprağımı gök bildim
mevsimler geçti üzerimden
bir karınca yuvasıyla arkadaş
ben çiçek olmayı
durmadan durmaktan öğrendim
Kumluk
Göğsümü kumuyla buraya taşıyıp
bırakmışlar
hava öyle durgun
sessizliğin kuşları havalanıyor
ışık değil bize kara
ki örtelim açılmak isteyen gözleri
bizi doğuran
acımızı da doğurmadı mı?
― sâhi hangi annelik kutsal? ―
beni böyle bir tepe gibi
kumluğa bakar
bıraktılar
kalsaydı tenim annemde
ben ondan hiçbir şey istemezdim
Hastalık
Duvarı yumruklar gibi
vurdun bana
kadın
mağaran değil
istediğinde içine serilip
yatacağın
bir sincap gibi
tırmanamazsın üzerine
nektar değil
abdestini bozar içine
ağacı silkeler
gibi hırpalar severken
erkeklik
büyük hastalık
***
İkinci haber: La Main Millénaire Fransız şiir dergisi bu dönemde çıkan sayısında çağdaş Türk şiirine geniş bir yer ayırdı.
Poètes turcs d’aujourd’hui baslığının altında altı degerli şairi Fransız okura tanıtıyor : Aytekin Karaçoban, Salih Bolat, Gonca Özmen, Metin Cengiz, Nilay Özer ve Turgay Fişekçi. Gördüğünüz gibi dört şair zaten Ayna dergisinde çok etkili isimler yer alıyor. Her şairin 3-6 sayfa şiirine ve kendi özgeçmişlerine yer verildi.
Serge Velay ve Aytekin Karaçoban imzalarıyla çağdaş Türk şiir tarihi kısaca önsözde anlatılıyor.
Bu tür çalışmalar çok değerli ve Fransız okurlara yeni ufuklar açıyor. Bu dosyayı hazırlayanlara ve La Main Millénaire dergisine çok teşekkür ediyorum.
Girdiğimiz bu karanlık çağa rağmen özellikle bu ülkenin yaratıcı insanlarını ön plana çıkarmak ve unutmamak gerekir !
Voix Vives 2016
Nurduran Duman et Haydar Ergülen sont les poètes turcs invités au festival des Voix Vives à Sète (22-30Juillet: http://www.sete.voixvivesmediterranee.com/).
Vous connaissez Haydar Ergülen par la revue Ayna, il lira durant le festival notamment des poèmes issus de son dernier recueil (Nar ou Grenade, L’Harmattan, 2015). Vous aurez bientôt le plaisir de connaître mieux Nurduran Duman car nous allons prochainement lui consacrer une page dans la revue. Pour vous la présenter en bref dès aujourd’hui, voici une courte présentation:
Nurduran Duman a écrit son premier poème à 8 ans. A 9 ans, elle se promet de devenir écrivain. Elle a aimé la poésie et est devenue poète. Elle a publié dans de nombreuses revues et des journeaux des poèmes, des traductions de poèmes et de nouvelles, des écrits. Son recueil de poésie Le Jeu de la défaite a été récompensé par le Prix de poésie de Cemal Süreya 2005.
Nurduran Duman est aussi traductrice; la première à avoir traduit des poèmes d’Anne Sexton, de Sara Teasdale, et de Edna St. Vincent Millay. Elle a publié dans la revue Kaltio (N°6/2010) en Finlande un texte défendant l’opinion que “Pour instaurer la paix dans le monde, les pays doivent mener une sérieuse politique de traduction littéraire”.
Elle est l’une des fondatrices de la plateforme artistique Artful Living( www.artfulliving.com.tr ) et coordinatrice des ateliers DAM (www.damdayiz.com)
Ses livres en bref:
- Yenilgi Oyunu (The Defeat Game) (Poetry, 2006, Istanbul; Komşu Publishing, Yasakmeyve Books)
- İstanbul’la Bakışmak, Salacak (Exchanging Glances With Istanbul, Salacak) (Prose, 2010, Istanbul, Heyamola Publishing)
- Mi Bemol (Mi Bemol) (Poetry, 2012, Istanbul, Noktürn Publishing)
Publication en langue étrangère:
- “Semi Circle” (Şiir, 2016, Çev. Andrew Wessels, Goodmorning Menagerie, ABD)
Canlı sesler 2016
Bu sene Canlı sesler festivaline davetli Türk şairler Nurduran Duman ve Haydar Ergülen. Bu festival 22-30 Temmuz tarihleri arasında gerçekleşecek.(http://www.sete.voixvivesmediterranee.com)
Ayna dergisiyle Haydar Ergülen’i zaten taniyorsunuz, festivalin söyleşilerinde örneği fransızcaya çevrili olan Nar ou Grenade (L’Harmattant 2005) kitabındaki şiirlerini okuyacak. Yakında Nurduran Duman’ı daha yakından tanıyacaksınız çünkü dergide ona özel bir sayfa açmak üzereyiz. Şimdiden size onu kısaca anlatmak için bir özgeçmişini sunuyoruz:
Doğum yeri Çanakkale, Nurduran Duman İstanbul’da yaşıyor.
Nurduran Duman, ilk şiirini 8 yaşında yazdı. 9 yaşındayken, büydüğünde yazar olmak için kendine söz verdi. Şiiri sevdi, şair oldu.
Şiirleri, şiir ve öykü çevirileri, yazıları pek çok dergi ile gazetede yayımlanan şairin “Yenilgi Oyunu” adlı şiir dosyası ‘2005 Cemal Süreya Şiir Ödülleri Jüri Özel Ödülü’ne değer bulundu.
Anne Sexton, Sara Teasdale, Edna St. Vincent Millay hakkında Türkçede ilk kez çalışmalar yapıp yazılar yayımlayan, şiirlerini çeviren Nurduran Duman, “Dünya Barışı isteniyorsa ülkelerin ciddi bir edebiyat çevirisi politikaları olmalı” görüşünü savunduğu yazısını Finlandiya’daki Kaltio (Sayı 6/2010) dergisinde yayımladı.
Artful Living sanat platformunun kurucu editörlerindendir. ( www.artfulliving.com.tr )
Halen DAM (www.damdayiz.com) Atölye Koordinatörüdür.
Kitapları:
- “Yenilgi Oyunu” (Şiir, 2006, Komşu Yay., Yasakmeyve Kitapları)
- “İstanbul’la Bakışmak – Salacak” (Anlatı, 2010, Heyamola Yay.)
- “Mi Bemol” (Şiir, 2012, Noktürn Yayınları)
Yabancı Dilde Yayınlanan Kitapları
- “Semi Circle” (Şiir, 2016, Çev. Andrew Wessels, Goodmorning Menagerie, ABD)
Ce qui s’est passé en Mars dernier
- Deux revues importantes de poésie ont donné une belle place aux poètes turcs: Décharge, avec un dossier préparé par AYNA
et la revue TRANSKRIPT,au Luxembourg, avec le choix de son directeur de direction de Serge Basso de March sur Haydar Ergülen.
- A l’INALCO, une rencontre avec Özdemir İnce était organisée dans le cadre de la sortie de son dernier recueil en français. Merci pour le bon accueil des enseignants de l’INALCO- tout particulièrement à Timour Muhidine- et de leurs étudiants!
Le poète Ahmet Ada nous a quittés
Le poète Ahmet Ada, récompensé du Prix de poésie de Yunus Nadi et de Cemal Süreya est décédé le 20 Mars dernier. Ada avait 69 ans, il suivait une thérapie à l’hôpital. Il avait depuis un certain temps de graves problèmes de santé. Nous présentons nos condoléances à ses proches et nous partageons leurs douleurs.
Nous sommes très fiers d’avoir fait connaître Ahmet Ada en France.
Geçtiğimiz Mart’ta yaşananlar
- İki önemli şiir dergisi Türk şairlerine güzel bir yer ayırdı: Décharge dergisinde AYNA tarafından hazırlanmış bir bölüm var.
Ve Luxemburg’dan Transkript dergisi yayın müdürü olan Serge Basso de March’in seçimiyle Haydar Ergülen’e yer verdi.
- INALCO’da Özdemir İnce’nin son şiir kitabinin Fransızca olarak yayınlamasıyla beraber bir söyleşi hazırlandı. INALCO’nun bütün öğretmenleri -özellikle Timour Muhidine- ve öğrencileri güzel karşılamalarından dolayı çok teşekkür ediyoruz.
Şair Ahmet Ada hayata veda etti
Yunus Nadi ve Cemal Süreya Şiir Ödülü’ne değer görülen şair Ahmet Ada, 20 Mart’ta hayata veda etti. Bir süredir hastanede tedavi altında olan Ada 69 yaşındaydı. Bir süredir sağlık sorunlarıyla boğuşuyordu. Yakınlarına başsağlığı diliyoruz ve acılarını paylaşıyoruz.
Fransa’da Ahmet Ada’yı tanıttığımız için çok gurur duyuyoruz.
La poésie turque à Bruxelles!
Le 19 décembre 2015 à Bruxelles dans la librairie Quartier Latin s’est déroulée une rencontre avec le poète Enver Ercan autour de la poésie de Cahit Sıtkı Taranci. Enver Ercan nous a parlé également de la revue de poésie Varlık, une des plus ancienne revue poétique existante en Turquie et qui a participé à la découverte de plusieurs grands poètes turcs.
Nous avons aussi lu quelques uns des poèmes d’Enver Ercan extrait de son recueil Le Coquelicot blanc ( L’Harmattan, collection Levée d’Ancre, 2010).
Cette rencontre a été organisée dans le cadre du Festival Europalia qui a mis cette année la Turquie à l’honneur. De très nombreux évènements ont été organisés avec la participation d’artistes turcs dans les domaines de la danse, le théâtre, l’art, le cinéma, la musique et de la littérature. Pour ceux qui n’y seraient pas encore allés, il est encore temps ! Le festival prend fin le 31 Janvier 2016.
Pour le programme voir ici.
Türk şiiri Bruxelles’de!
19 Aralık 2015 Bruxelles’de bulunan Quartier Latin Kitabevinde şair Enver Ercan eşliğinde Cahit Sıtkı Tarancı’nın şiiri konulu bir söyleşi gerçekleştirdik. Ayrıca Enver Ercan, en eski dergilerden biri olan ve önemli Türk şairleri keşfettiren Varlık şiir dergisinden bahsetti.
Enver Ercan’ın “Beyaz Gelincik” adli kitabindan birkaç şiirini de okuduk (L’Harmattan, collection Levée d’Ancre, 2010).
Bu buluşma Türkiye’nin bu yıl Europalia Festivali tarafindan onur ülke seçilmesi kapsamında düzenlendi. Türk sanatçılarla sinema, tiyatro, dans, sanat, müzik ve edebiyat gibi çeşitli dallarda birçok etkinlik gerçekleştirildi. Henüz festivale katılamayanlar için zaman geç değil!31 Ocak 2016’da sona erecek.
Programa bir göz atmak için tıklayın.
Özdemir İnce et le voyage des origines
Publication du recueil d’Özdemir İnce « Août 1936, Dernier Mois dans le ventre de ma mère » publié dans la collection Le Tire-Langue de la revue A L’Index. Dans ce recueil, le poète déroule une réflexion décalée sur la vie, la naissance et la mort. D’une langue accessible et esthétique, il entraîne son lecteur vers les secrets des origines…
Retrouvez les poèmes d’Özdemir İnce dans notre portefolio. Pour plus d’information, voir aussi son site personnel(en turc) : ici
bulletin pour le commander:
Özdemir İnce ve varoluş yolculuğu
« Ağustos 1936, Annemin karnında son bir ay » adlı Özdemir İnce ‘nin şiir kitabı Fransızca olarak yayınlandı! A L’Index dergisinin Le Tire-Langue koleksiyonunda bulunmaktadır. Bu kitapta, şair doğuma, hayata ve ölüme yeni bir bakış açısı sunuyor. Yalın ve zarif bir dille okuru varoluşun sırlarına götürüyor.
Dosyasında Özdemir İnce şiirlerini bulabilirsiniz. Daha fazla bilgi için, kişisel internet sitesine de bakabilirsiniz: burda
Gülten Akın nous a quittés
Gülten Akın, reconnue pour être “la plus grande poète vivante” et pour avoir laissé une marque profonde dans la poésie turque, a été enterrée hier à Ankara. Elle est décédée mercredi dernier, le 4 Novembre à 82 ans. Gülten Akın souffrait depuis des années d’un cancer et suivait une thérapie à l’hopital.
A son enterrement, ce sont les femmes qui ont voulu porter son cercueil.
D’après une enquête réalisée par le journal Milliyet, Gulten Akin a été choisie comme la plus grande poète vivante après Fazıl Hüsnü Dağlarca et son dernier recueil “ Si tu me demandes”, publié en 2013 aux éditions YKY, est considéré comme le sommet de son art poétique. Son poème “Chanson d’une fille écervelée” a été mis en chanson par Sezen Aksu qui lui a ainsi permis de toucher un large public.
Dans son anthologie intitulée “99 poètes pour une république”, Jacques Basse avait fait connaître la poète aux lecteurs français.
Voici son poème, publié dans l’anthologie et un lien où vous pouvez écouter Gulten Akin le lire:ici
Le Voyage d’Hiver
Surgissant sans prévenir devant moi dans un jardin enneigé
Cette fleur d’un bleu tempête dont j’ignore le nom
Il suffit de me pencher pour qu’elle réapparaisse
Allongée de tout mon long sur la steppe
Dans le bleu du ciel
Le monde, lui et moi, nous deux
Nous sommes très jeunes encore plus jeunes
Notre sourire
A un goût d’école buissonnière
Est-ce le retour, un rêve ou avons-nous vieilli
Cette fleur bleu tempête placée entre nous
Nous deux le monde et moi
Ne cessons de revenir
Traduction Timour Muhidine
Gülten Akın’ı kaybettik
« Yaşayan en büyük şair » olarak değerlendirilen ve Türkiye şiirinde derin bir iz bırakan Gülten Akın, dün Ankara’da son yolculuğuna uğurlandı.
4 Kasım Çarşamba günü 82 yaşında hayatını kaybetti. Gülten Akın, uzun süredir kanser nedeniyle hastanede tedavi görüyordu.
Cenazesinde tabutunu kadınlar omuzladı.
Milliyet gazetesinin yaptığı bir ankette Fazıl Hüsnü Dağlarca’nın ölümünden sonra yaşayan en büyük şair seçilen Akın’ın son kitabı 2013 yılında şiirinde bir doruk noktası olarak nitelenen Beni Sorarsan’ı (YKY) 2013’te yayımlanmıştı. Deli Kızın Türküsü’nün Sezen Aksu tarafından seslendirilmesiyle daha geniş kitlelerce tanıtmıştı.
Gülten Akın Jacques Basse’nin « bir cumhuriyet için 99 sair » adlı antolojisinde Fransız okurlarla tanışmıştı.
Antolojideki şiiri aşağıda: (Gulten Akin kendi sesiyle okuyor, bu sitede)
Kış yolculuğu
Karlı bir bahçede apansız karşıma çıkan
Adını bilmediğim o fırtına mavisi çiçek
Eğilsem baksam yeniden görünecek
Bozkıra uzanmış sereserpe
Gökyüzü maviliğinde
Dünya, onunla ben, ikimiz
Çok genciz daha çok genciz
Okul kaçağı tadında
Gülümsememiz
Dönüş mü hayal mi yaşlandık mı
Aramızda o fırtına mavisi çiçek
Onunla ben dünya ikimiz
Gider döneriz
Le prix de poésie Metin Altıok remis au poète Salih Bolat
Salih Bolat a été récompensé par le prix de poésie Metin Altıok 2015 pour son recueil intitulé Le sommeil des chevaux.
Le prix de poésie Metin Altıok 2015 a été remis à Salih Bolat, poète qui, avec sa voix singulière, s’est fait une place dans la poésie turque depuis de longues années.
Le comité du jury se composait des poètes Hilmi Yavuz, Güven Turan, Ahmet Telli, Ali Cengizkan, Haydar Ergülen et Eray Canberk sous la présidence de Doğan Hızlan. Les raisons de ce choix ont été annoncés en ces termes: “ Salih Bolat a su transformer sa poésie mûrie par l’écoute du monde et de la nature en poésie au souffle long qui se mêle au courant profond de la poésie turque. Le Sommeil des chevaux est un fabuleux exemple de l’agencement maîtrisé de sa voix intérieure ainsi que de sa représentation et de sa mise en question. La remise du prix se déroulera en Septembre.
Metin Altıok Şiir Ödülü Salih Bolat’a
2015 Metin Altıok Şiir Ödülü’ne, Atların Uykusu adlı kitabıyla Salih Bolat değer görüldü.
Metin Altıok Şiir Ödülü, uzun yıllardır farklı sesiyle şiirimizde kendisine yer edinmiş usta şair Salih Bolat’a verildi.
Doğan Hızlan başkanlığında Hilmi Yavuz, Güven Turan, Ahmet Telli, Ali Cengizkan, Haydar Ergülen ve Eray Canberk’ten oluşan seçici kurul, ödülün veriliş gerekçesini şu şekilde açıkladı: “Salih Bolat, doğayı ve dünyayı dinleyerek biriktirdiği şiirini, Türk şiirinin büyük ve derin akışına katarak uzun soluklu bir şiire dönüştürmesini bildi. Atların Uykusu bir iç sesin güçlü aklı kurması, hayallemesi, kurgulaması, hesaplaşmasının ilgi çekici bir örneğini oluşturuyor. »
Ödül töreni eylül ayında yapılacak.
Afin d’empêcher ce processus destructeur
Des intellectuels et des artistes turcs, avec notamment la poétesse Gülsüm Cengiz et le pianiste Fazıl Say, appellent à un cessez-le-feu d’après le journal Radikal. L’appel s’adresse au gouvernement et au PKK, le voici ci-dessous :
Notre pays est de plus en plus entraîné vers une situation de guerre civile. Afin d’empêcher ce processus destructeur :
1. Tout d’abord et immédiatement, le PKK doit stopper ses attaques, un cessez-le-feu unilatéral doit être déclaré.
2. Les opérations menées par l’Etat doivent être interrompues, elles se déroulent jusque dans les villes et causent de graves dommages à la population civile tout en provoquant de lourdes pertes humaines.
3. Les conditions doivent être créées afin de reprendre les négociations, il faut reprendre le processus de paix. Il n’y a plus de temps ni de patience pour aucune déclaration avec des prétextes des « mais » ou des « seulement si ».
Voici les noms des artistes ayant signé l’appel : Tarık Akan, Üstün Akmen, Orhan Alkaya, Barış Atay, Enver Aysever, Pelin Batu, Cengiz Bektaş, Gülsüm Cengiz, Aydın Çubukçu, Pakrat Estukyan, Şebnem Korur Fincancı, Mahir Günşiray, Defne Halman, Kadir İnanır, Küçük İskender, Mahsun Kırmızıgül, Macit Koper, Jülide Kural, Akif Kurtuluş, Tamer Levent, Kuvvet Lordoğlu, Ali Nesin, Yılmaz Odabaşı, İzzettin Önder, Aslı Öngören, Can Öz, Adnan Özyalçıner, Ahmet Say, Fazıl Say, Sennur Sezer, Deniz Türkali, Rıza Türmen, Levent Üzümcü.
Bu yıkıcı süreci engelleyebilmek için
Radikal’de yer alan habere göre; aralarında Fazıl Say, Gülsüm Cengiz’in gibi ismlerin de bulunduğu aydın ve sanatçılar ‘ateşkes’ çağrısı yaptı. Hükümete ve PKK’ya yönelik çağrı şöyle:
Ülkemiz, hızla iç savaş ortamına sürüklenmektedir. Bu yıkıcı süreci engelleyebilmek için,
1- Öncelikle ve derhal, PKK eylemlerine son vermeli, tek taraflı ateşkes ilan etmelidir.
2- Özellikle sivillerin büyük zarar gördüğü, ağır can kayıplarına yol açan ve kent merkezlerine kadar yayılan devlet operasyonları durdurulmalıdır.
3- Müzakerelerin yeniden başlayabilmesi için elverişli koşullar yaratılmalı, barış sürecinin önü açılmalıdır. Hiçbir mazeret, “ama, ancak” kelimeleriyle devam eden hiçbir açıklama için artık zaman ve sabır kalmamıştır.
Çağrıda bulunan aydın ve sanatçılar şöyle: Tarık Akan, Üstün Akmen, Orhan Alkaya, Barış Atay, Enver Aysever, Pelin Batu, Cengiz Bektaş, Gülsüm Cengiz, Aydın Çubukçu, Pakrat Estukyan, Şebnem Korur Fincancı, Mahir Günşiray, Defne Halman, Kadir İnanır, Küçük İskender, Mahsun Kırmızıgül, Macit Koper, Jülide Kural, Akif Kurtuluş, Tamer Levent, Kuvvet Lordoğlu, Ali Nesin, Yılmaz Odabaşı, İzzettin Önder, Aslı Öngören, Can Öz, Adnan Özyalçıner, Ahmet Say, Fazıl Say, Sennur Sezer, Deniz Türkali, Rıza Türmen, Levent Üzümcü
Les mains fertiles
Les éditions Bruno Doucey sortent en cette rentrée une anthologie de poésie particulière. En effet, il s’agit de la première anthologie de poésie en langue des signes française (LSF). Joint au recueil, un DVD permet au lecteur de prolonger sa lecture en regardant les poèmes interprété en LSF. Certains des poètes présents sont des poètes sourds qui créent soit directement en langue des signes, soit en langue française puis en LSF. Une découverte.
Vous pouvez y lire un poème des poètes turcs Haydar Ergülen et Metin Celal. Ci-dessous, le poème de Metin Celal:
Le temps de la dispersion
je vis un amour douteux à la réalité ambiguë
la chaleur de ta main, le parfum de ta peau n’existent pas, je le sais,
nos regards n’arrivent plus à se croiser aux mêmes tons
nos mots ne sont plus synonymes, on ne se comprend plus
nos regards se brisent en l’air et se dispersent
le ton de nos voix sont toujours proche de la colère
les phrases s’éparpillent lorsqu’elles nous excusent
nous ne voulons pas admettre le départ du printemps
nous nous taisons depuis longtemps alors qu’il faut agir
nous tentons des sourires de scouts, prêts à mentir
notre relation attend d’être réécrite comme de mauvais poèmes
les détails que nous refusons de voir nous fatiguent et nous bousculent
on ne s’habitue pas au bruit en soi :
les décisions que tu es fatiguée de garder en mémoire
la solitude que tu essaies de repousser
viennent et se pressent à ta porte
nous n’arrivons pas à avoir le courage
de tolérer la vie telle qu’elle est
Trad.C.Lajus, extrait du recueil L’Intranquilité du quotidien, Al Manar
Les mains fertiles- Bereketli eller
Bu ay Bruno Doucey’in yayınevi tarafından özel bir antoloji çıkıyor. Bu eser Fransız işaret dili ile yapılan ilk antoloji şiir kitabı olma özelleğini tasiyor. Kitapta bir DVD mevcut: okur kitaptaki okuduğu şiirlerin işaret diliyle gösterisini de izleyebiliyor. Kitapta bulunan bir kaç işitme engelli şair şiirlerini ya ilk olarak işaret diliyle yazip sonra Fransızcaya yazı olarak aktarıyorlar ya da tam tersi olarak ilk başta Fransızca yazıp daha sonra işaret dili ile şiirlerini sunuyorlar. Güzel bir keşif.
Bu antolojide Haydar Ergülen ve Metin Celal’in birer şiirini de okuyabilirsiniz. Metin Celal’in şiirini sunuyoruz:
dağılma vakti
kuşkulu bir aşk yaşıyorum, gerçekliği belirsiz
elinin sıcaklığı, teninin kokusu yok, biliyorum
bir türlü buluşmuyor bakışlarımız aynı tonda
sözcüklerimiz eşanlamlı değil, anlaşamıyoruz
kırılıp dağılıyor havada bakışlarımız
ses tonlarımız hep öfkeye yaklaşıyor
rastgele savruluyor cümleler, kendimizi temize çekerken
baharın gittiğini bilmek istemiyoruz
çoktandır susuyoruz sözün bittiği yerde
izci gülüşleri deniyoruz, yalan söylemeye hazır
kötü şiirler gibi yeniden yazılmayı bekliyor ilişkimiz
görmeyi reddettiğimiz ayrıntılar, yoruyor, zorluyor
alışamıyor insan içindeki gürültüye
belleğinde taşımaktan yorulduğun kararlar
ertelemeye çalıştığın yalnızlıklar
gelip kapıya dayanıyor
cesur davranamıyoruz
hayatı olduğu gibi kabullenecek kadar
Le Festival International de Littérature d’Izmir
Les habitants d’Izmir amoureux de la culture ont profité d’un nouveau festival. Organisé par la municipalité de la métropole d’Izmir, le Festival International de Littérature d’Izmir s’est déroulé du 24 Juillet au 5 Septembre sur le thème “La littérature libère”.
Dans le cadre du festival, des rencontres, des lectures publiques de poésie et de musique se sont déroulées dans 11 agglomérations. Pour ce premier festival, des auteurs de Roumanie, de Hongrie, de Grèce et du Vietnam étaient invités. La municipalité de la métropole d’Izmir a signé un événement d’ampleur international; il avait pour objectif de diffuser, par le biais de l’art, la culture de la libre pensée, de la paix et de la démocratie. Nous pensons que Le Festival International de Littérature d’Izmir a rempli ses objectifs; il a réuni des auteurs connus dans le pays et à l’étranger avec les amoureux de l’art. Les rencontres ont continué jusqu’au 5 Septembre dans diverses agglomérations d’Izmir.
Ce festival s’est déroulé sous la direction artistique du poète Haydar Ergülen. Voici le programme auquel de nombreux auteurs et poètes turcs et étrangers ont participé: http://www.izmirdesanat.org/izmir-edebiyat-festivali/
Vous connaissez déjà de nombreux poètes du festival grâce à la revue Ayna, par exemple: Küçük İskender, Metin Cengiz, Müesser Yeniay, Onur Caymaz,Tuğrul Keskin, Namık Kuyumcu, Ataol Behramoğlu, Nurduran Duman.
Uluslararası İzmir Edebiyat Festivali
İzmirli sanatseverler yeni bir festivale daha kavuştu. İzmir Büyükşehir Belediyesi tarafından düzenlenen Uluslararası İzmir Edebiyat Festivali, 24 Temmuz – 5 Eylül tarihleri arasında ‘Edebiyat Özgürleştirir’ temasıyla gerçekleştirildi.
Festival kapsamında 11 ilçede paneller ve söyleşiler ile şiir ve müzik dinletileri düzenlendi. Bu ilk festivale Romanya, Macaristan, Yunanistan ve Vietnam’dan edebiyatçılar da katılıdı. İzmir Büyükşehir Belediyesi, özgür düşüncenin, barışın ve demokrasi kültürünün sanat şemsiyesi altında yaygınlaştırılması amacıyla, uluslararası çapta bir etkinliğe imza attı.
Ülkede ve uluslararası alanda tanınan önemli edebiyatçıları sanatseverlerle buluşturduğu İzmir Uluslararası Edebiyat Festivali’nin hedeflerine ulastığını duşunuyoruz. İzmir’in 11 ilçesine yayıldığı festival etkinlikleri 5 Eylül’e kadar devam etti. Bu festival şair Haydar Ergülen’in direktörlüğünde yapıldı. Ülkeden ve yurtdışından birçok yazar ve şairin katıldığı festival programı şöyle: http://www.izmirdesanat.org/izmir-edebiyat-festivali/
Festivalde yer alan bir çok şairle Ayna dergisi aracılığıyla daha önce tanıştınız, mesela: Küçük İskender, Metin Cengiz, Müesser Yeniay, Onur Caymaz,Tuğrul Keskin, Namık Kuyumcu, Ataol Behramoğlu, Nurduran Duman.
5ème édition des Rencontres internationales de Poésie d’Eskişehir
La 5ème édition des Rencontres internationales de Poésie d’Eskisehir, organisée par la municipalité de Eskişehir Tepebaşı se sont terminées. Elles se sont déroulées du 28 au 31 Mai. Lors de la cérémonie d’ouverture, le maire de Tepebaşı a insisté sur le fait que ces rencontres représentaient à présent un événement incontournable de la ville.
Le directeur de ces rencontres poétiques, Haydar Ergülen, s’est également exprimé lors d’un discours d’ouverture, il a notamment dit :
« C’est la cinquième édition de nos rencontres, j’espère qu’elles dureront encore longtemps et que continueront dans d’autres villes d’Anatolie de telles rencontres libres. Depuis la résistance de Gezi, Eskişehir est la ville d’Ali Ismail ; c’est ici qu’Ali Ismail Kormaz a été assassiné de manière sanguinaire, notre frère, notre enfant. A présent, c’est au nom de sa mémoire que nous organisons ces rencontres. J’espère que des jours libres et éclairés attendent la Turquie. »
Le poète invité d’honneur était Eray Canberk.
Une quarantaine de poètes ont participé à ses rencontres, dont 9 de l’étranger (Danemark, France, Luxembourg). Chaque jour se sont déroulés des lectures et des panels.
Ces rencontres, réalisées grâce au soutien de la municipalité de Tepebaşı d’ Eskişehir, se sont merveilleusement bien déroulées et ont été un grand succès.
Au nom de la revue Ayna, nous remercions Ahmet Ataç, Haydar Ergülen et tous ses collaborateurs de nous avoir offert ses journées poétiques.
Plus de photos sur notre page facebook:https://www.facebook.com/pages/Revue-AYNA/350862795120555
5. Uluslararası Eskişehir Şiir Buluşması
Eskişehir Tepebaşı Belediyesi tarafından düzenlenen 5. Uluslararası Eskişehir Şiir Buluşması sona erdi.
28-31 Mayıs tarihlerinde gerçekleşen olan buluşmanın açılışında Tepebaşı Belediye Başkanı Ahmet Ataç konuştu ve şiir buluşmasının geleneksel hale geldiğini belirtti.
Şiir Buluşması Direktörü Haydar Ergülen ise, “Buluşmamızın 5. Yılı. Umarım daha nice yıllar sürer. Anadolu’nun başka kentlerinde de bu özgür buluşmalar devam eder. Burası gezi direnişinden beri Ali İsmail’in şehri, Ali İsmail Korkmaz burada hunharca katledilen kardeşimiz, evladımız. Biz artık bu buluşmayı onun anısına gerçekleştiriyoruz. Umarım Türkiye’yi şiir gibi Aydınlık ve Özgür günler bekler” ifadelerini kullandı.
Şiir Buluşması’nın onur konuğu şair Eray Canberk idi.
Yaklaşık 40 şair katıldı, 9’u yurt dışından (Danimarka, Fransa, Lüksemburg). Her gün şiir söyleşi ve paneller düzenlendi.
Eskişehir Tepebaşı Belediye’nin desteğiyle gerçekleşen bu buluşmalar harika bir şekilde geçti ve büyük bir basarıydı. Sayın Ahmet Ataç’a, Haydar Ergülen’e ve bütün yardımcılarına bu şiirsel günleri için Ayna dergisi adına teşekkür ediyoruz.
Daha fazla resim için, facebook sayfamıza girin: https://www.facebook.com/pages/Revue-AYNA/350862795120555
Soirée poésie et projections inédites
Dans le cadre du Printemps des Poètes, nous avons organisé une lecture publique assez particulière à Bordeaux la semaine dernière. Le Vendredi 20 Mars, un montage des vidéos prises par certains poètes présents dans la revue Ayna a accompagné notre soirée poésie. Il se projetait dans la rue et a attiré l’intérêt des habitants du quartier. En début de soirée, le poète Aytekin Karaçoban a déclamé ses poèmes et je les ai lus en français.
Merci au public qui ne nous a pas laissé seul. Aytekin Karaçoban a charmé tout le monde avec ses poèmes et sa convivialité, je le remercie tout particulièrement.
Vous pouvez voir plus de photographies de l’événement sur la page facebook de la revue AYNA!
Je vous souhaite un très beau printemps!
Şiir akşamı ve yayımlanmamış video çekimleri
Şairler Baharı etkinlikleri çerçevesinde Bordeaux’da özel bir söyleşi düzenledik. 20 Mart Cuma günü, Ayna dergisinde yer alan birkaç şair arkadaşımız bize görüntüleri ve sesleriyle akşam boyunca eşlik ettiler. Görüntüler söyleşi suresince sokağa yansıdı ve mahallelilerinin ilgisini çok çekti. Akşam saatlerinde sanat atölyesinin beyaz camına bu görüntüler yansırken şair Aytekin Karaçoban ve ben şiirleri Türkçe ve Fransızca olarak okuduk.
Seyircilere bizi yalnız bırakmadığı için çok teşekkür ediyoruz. Aytekin Karaçoban şiirleriyle ve sıcakkanlılığıyla beraber herkesi büyüledi, ayrıca ona çok teşekkür etmek istiyorum.
Daha çok fotoğraf görmek için facebook Revue AYNA sayfasına bakmanız yeterli !
İyi baharlar diliyorum!
Le Printemps des Poètes
La revue Ayna présente:
Portraits de poètes contemporains turcs
Une installation urbaine sonore et visuelle proposant de découvrir la poésie contemporaine turque à travers des lectures en langue originale avec leurs traductions.
C’est avec la revue Ayna que nous vous proposons ce voyage entre espace-temps.
Du 19 au 21 Mars de 19h30 à 22h.
Rencontre et lecture avec le poète Aytekin Karaçoban le vendredi 20 Mars à partir de 20h.
— à Métavilla, 79 cours de l’Argone, Bordeaux.
Şairler Baharı
Çağdaş Türk şairlerin portreleri.
Şehirde yer alan sesli ve görüntülü özel çekimler, Türkçe Fransızca şiir söyleşileriyle beraber çağdaş Türk şiirinin tanıtım yolculuğu Ayna dergisiyle yapılıyor.
19-21 Mart tarihleri arasında, saat 19.30-22.00.
Cuma günü saat 20’den itibaren şair Aytekin Karaçoban ile söyleşi ve buluşma gerçekleşecektir.
Métavilla Atölyesi, 79 cours de l’Argone, Bordeaux.
Adieu à Yaşar Kemal
Yaşar Kemal, le plus populaire des écrivains de langue turque, est mort, samedi 28 février, à l’âge de 92 ans, des suites d’une grave pneumonie.
Hier (le 2Mars) des miliers de personne ont accompagné Yaşar Kemal , géant de la littérature turque, pour son dernier voyage. Des personnes du monde des médias, des affaires, de la politique, artistique et littéraire ont participé à la cérémonie à la mosquée de Teşvikiye, ainsi que ses lecteurs des quatre coins de la Turquie.
Yaşar Kemal, homme de paix, avait dit en 2014 : “Premièrement, que celui qui lit mes livres ne soit pas assassin, qu’il soit ennemi de la guerre; Deuxièmement, qu’il se révolte contre l’asservissement de l’homme par l’homme. Que personne ne puisse humilier personne. »
Nazım Hikmet a 113 ans !
Si Nazım Hikmet vivait encore, il aurait eu 113 ans le 15 janvier dernier.
Poète, dramaturge, romancier, les œuvres de Nazım Hikmet sont traduits dans plus de cinquante langues étrangères et ont reçu de nombreux prix.
Il est le premier à avoir utilisé des vers libres et il est considéré comme un des poètes turcs les plus importants de la poésie turque contemporaine et un des poètes majeurs du vingtième siècle.
Nazım Hikmet, du fait de ses écrits et de son appartenance politique au communisme, a constamment dû se battre contre des procès, des interdictions et ensuite l’exil. Il a eu 11 procès et a fait environ 12 ans de prison. On lui a retiré sa nationalité turque en 1951 et ce n’est qu’en 2009 après décision ministérielle qu’elle lui a été redonnée.
Le 3 Juin 1963, il meurt à 61 ans des suites d’une crise cardiaque.
On célèbre Nazim Hikmet dans plusieurs villes
Pour les célébrations de souvenir en l’honneur de Nazim Hikmet un panel très divers de manifestations ont eu lieu : ses poèmes ont été lus, certaines de ses pièces de théâtre ont été jouées, des compositions inspirées par son œuvre ont été jouées par des musiciens. De nombreux documents inédits, des photographies et des films pris en Russie, en Azerbaïdjan, en Bulgarie, en France étaient exposées. Un documentaire de 105 minutes tourné en Turquie et témoignant de la vie du poète à travers le regard de 50 personnalités pouvait également être visionné.
Les Rencontres Littéraires de Akbank Sanat
Du 15 au 22 Janvier 2015 à Akbank Sanat (Istanbul) se sont déroulées des rencontres animées par Küçük İskender avec les représentants de la poésie turque actuelle.
Le 15 Janvier dernier, la première rencontre a réuni des noms de poètes turc parmi les plus importants des poètes vivants actuels : Haydar Ergülen, Turgay Fişekçi, Metin Cengiz et Gonca Özmen. Ils ont animé un débat intitulé « La poésie turque actuelle I », chacun en évoquant leur expérience d’écriture.
Avec Küçük İskender comme modérateur, les poètes ont évoqué la poésie turque, de son passé jusqu’à nos jours, avec les différentes étapes qui parcourent cette histoire et les courants formés. Ils ont aussi évoqué le riche l’héritage laissé par les grands poètes turcs à présent disparus.
Le deuxième événement dans le cadre de ces Rencontres Littéraire de Akbank Sanat s’est déroulé le 22 Janvier. Ce sont cette fois les jeunes poètes de la dernière génération qui ont été les invités de Küçük İskender. La rencontre, intitulée « La Poésie Turque Actuelle II » réunissait Şakir Özüdoğru, Sinem Sal, Ekin Metin Sözüpek et Arif Erguvan. Les poètes ont donné leurs interprétations sur la situation actuelle de la poésie puis ils ont partagé avec le public leurs habitudes et leur façon d’écrire.
Source: http://www.milliyet.com.tr/akbank-sanat-ta-ocak-ta-siir-var-pembenar-detay-etkinlik-1994377/
Photographie : Metin Cengiz et Akbanksanat http://www.akbanksanat.com/akbank-sanat-beyoglu/soylesi/tarih
Yaşar Kemal’a veda
Türk edebiyatının dev ismi Yaşar Kemal, dün binlerce seveni tarafından son yolculuğuna uğurlandı.
Teşvikiye Camisi’ndeki cenaze törenine, siyaset, sanat, edebiyat, iş ve medya dünyasından isimlerin yanı sıra Türkiye’nin dört bir yanından okurları da katıldı.
Barış adamı Yaşar Kemal, 2014′teki mesajında »Bir, benim kitaplarımı okuyan katil olmasın, savaş düşmanı olsun. İki, insanın insanı sömürmesine karşı çıksın. Kimse kimseyi aşağılayamasın » demişti.
Kaynak: http://kitap.radikal.com.tr/makale/haber/yasar-kemale-son-gorev-416643
Nazım Hikmet 113 Yaşında !
Nazım Hikmet yaşasaydı 15 Ocakta 113 yaşına basacaktı.
Türk şair, oyun yazarı, romancı, Nazım Hikmet’in eserleri elliden fazla dile çevrildi ve birçok ödüle layık görüldü.
Türkiye’de serbest nazımın ilk uygulayıcısı ve çağdaş Türk şiirinin en önemli isimlerinden biri olarak gösterilen Nâzım Hikmet dünyada da 20. yüzyılın en gözde şairleri arasında gösterilmekte.
Nâzım Hikmet yaşamı boyunca yazdıkları yüzünden ve komünist olduğu için açılan davalar, yasaklar ve sürgünlerle savaşmak zorunda kaldı. 11 ayrı davadan yargılandı, İstanbul, Ankara, Çankırı ve Bursa cezaevlerinde 12 yılı aşkın süre yattı. 1951 yılında Türk vatandaşlığından çıkarılan Nâzım, ancak ölümünden 46 yıl sonra; 5 Ocak 2009 Bakanlar Kurulu kararı ile tekrar vatandaşlığa kabul edildi.
3 Haziran 1963 tarihinde ise, Nâzım Hikmet Ran geçirdiği bir kalp krizi neticesinde 61 yaşında hayata gözlerini yumdu.
Nâzım Hikmet birçok etkinlik ile anılıyor
Nâzım Hikmet’i anma etkinliklerinde şairin şiirlerinden, yazdığı tiyatro oyunlarına, müzisyenlerin bestelediği eserlerden, hakkında yapılan belgesellere varan çeşitli içeriklere sahip gösterimler yer aldi.
Etkinlikte aynı zamanda daha önce yayımlanmamış belge, fotoğraf ve filmlerle Rusya, Azerbaycan, Bulgaristan, Fransa ve Türkiye’de çekilen, şairin yaşamına tanıklık eden 50’den fazla isimle görüşülen 105 dakikalık belgeselin 15 dakikalık kısa bir gösterimi de yer aldı.
Akbank Sanat Edebiyat Buluşmaları
Küçük İskender’in moderatörlüğündeki 15 Ocak ve 22 Ocak 2015 tarihlerinde gerçekleştirilecek söyleşilerde Günümüz Türk Şiiri’nin ustaları Akbank Sanat’ta olacak.Etkinlik kapsamında ilk olarak 15 Ocak, Türk şiirinin yaşayan en önemli isimleri arasında yer alan Haydar Ergülen, Turgay Fişekçi, Metin Cengiz ve Gonca Özmen’in kendi pencerelerinden yazılarını değerlendirecekleri “Günümüz Türk Şiiri I” başlıklı söyleşi gerçekleştirilecek.
Küçük İskender’in moderatörlüğündeki söyleşide, usta şairler geçmişten günümüze Türk şiirinin geçirdiği evreler, yön aldığı akımlar ve kaybettiğimiz büyük şairlerin bizlere bıraktıkları zenginlikler üzerine görüşlerini aktaracaklar.
Ocak ayında gerçekleştirilecek Akbank Sanat Edebiyat Buluşmaları’nın ikincisinde ise 22 Ocak 2015, Perşembe günü yeni kuşak şairler küçük İskender’in konuk olacak. “Günümüz Türk Şiiri II” başlıklı söyleşide Şakir Özüdoğru, Sinem Sal, Ekin Metin Sözüpek ve Arif Erguvan Türk şiirinin son durumunu değerlendirecek, kendi tarzlarını ve yazım alışkanlıklarını katılımcılarla paylaşacak.
kaynak : http://www.milliyet.com.tr/akbank-sanat-ta-ocak-ta-siir-var-pembenar-detay-etkinlik-1994377/
Resimler: Metin Cengiz ve Akbanksanat http://www.akbanksanat.com/akbank-sanat-beyoglu/soylesi/tarih
Les ateliers de traduction de TEDA en Turquie
Le Ministère Turc du Tourisme et de la culture et la Direction générale de l’édition et des bibliothèques, dans le cadre du projet TEDA (Diffusion à l’étranger de la littérature turque), avec le partenariat des Fondations internationales (les ministères, les fonds pour la traduction, les centres de traductions) et avec la participation du ÇEV-BİR , Association de traduction, et de l’Université de Boğaziçi, organise depuis 2006 des ateliers de traductions littéraires bilingues.
Pour chaque langue, les traducteurs qui participent aux ateliers traduisent soit du Turc à la langue cible soit de la langue source au turc. Les travaux visent à approfondir et à discuter de la traduction des textes sur lesquels ils travaillent durant les ateliers.
Dans ce cadre, les ateliers de traduction du truc au français et du français au turc (TÜFÇAT)se sont déroulés, pour la quatrième édition, sur Büyükada à Istanbul du 3 au 10 Novembre 2014. Ils se sont déroulé en même temps que la Foire Internationale du Livre d’Istanbul.
Pour plus d’information, voir le site officiel: http://www.teda.gov.tr/
Dans le cadre des ateliers de traduction TEDA, la traduction d’un extrait du poème du célèbre poète turc Turgut Uyar a été réalisée. Vous trouverez la présentation du poète à la suite du poème.
L’appel du temps
S’il neige ici maintenant alors c’est qu’il neige partout et le temps presse
il y a aussi ses bottes de pluie et aussi ses paratonnerres sans failles
sa police, ceux qui fuient la police et ceux qui font de bonnes phrases
ceux qui étudient l’introduction à la Constitution, l’initiation à la philosophie et la statique
ceux qui caressent les arbres, aiment à trancher et manger du pain
-avant d’être parfois piétinés par la semelle brûlante de l’histoire-
il y a sûrement des gens qui aiment
les rabais de fin de saison, les soldes estivales
et sans jamais l’imaginer
le rêve marin d’un figuier tout l’été durant
tout en croyant avoir retrouvé le souvenir perdu du lieu de leur naissance
même suivant la quatrième dimension
le temps presse
même l’homme le plus épris de mer est très souvent pris de sommeil
cette ville sans nom va et vient telle une petite vague
ses rêves couchés sur le sable
ses habitants de tout leur long couchés sur le sable
du nord, les autres regardent cette ville tumultueuse
ses lamaneurs, ses pêcheurs qui relèvent leurs nasses, ses haleurs de bateaux
qui même dans l’eau ne se mouillent pas
ceux qui en regardant la mer prédisent le vent et prévoient sans erreur la pluie (…)
Turgut Uyar (1927-1985)
né à Ankara. Il fait ses études supérieures à l’Ecole des cadres de l’armée. Il sert un temps comme officier puis quitte l’armée en 1958 pour mener une carrière au ministère de l’industrie à Ankara.
Retraité en 1968, il s’installe à Istanbul. Il y meurt le 22 Août 1985. Son premier recueil (Arz-i Hal) est sorti en 1948. On peut remarquer l’influence du courant poétique du Garip à travers ses thèmes sur la mort, la séparation et l’amour.
Plus tard, il devient l’un des poètes fondateurs du courant İkinci Yeni ( Le Second Nouveau) et développe une écriture symboliste et aux métaphores frappantes. Il réemploie les formes poétiques du Divan aussi bien que les expressions populaires.
Il force les limites traditionnelles de la poésie lyrique et fait disparaître la séparation entre écriture prosaïque et poétique.
Source: http://www.edebiyatögretmeni.net/turgut_uyar.htm
Türkiye’de TEDA’nin çeviri atölyeleri
T.C. Kültür ve Turizm Bakanlığı Kütüphaneler ve Yayımlar Genel Müdürlüğü, TEDA (Türk Edebiyatının Dışa Açılımı) Projesi kapsamında Uluslararası Kuruluşlar (Bakanlıklar, Çeviri Fonları, Çeviri Merkezleri) ortaklığı ve ÇEV-BİR, Çeviri Derneği ve Boğaziçi Üniversitesi işbirliğiyle 2006 yılından bu yana iki dilli Edebi Çeviri Atölyeleri düzenlenmektedir.
Her dil için, Türkçeden hedef dile, hedef dilden Türkçeye çeviri yapan çevirmenlerin katılacağı atölye çalışmaları boyunca çevirmenlerin üzerinde çalıştıkları metinlerin tüm katılımcılar tarafından derinlemesine tartışılması hedeflenmektedir.
Bu kapsamda, Türkçe-Fransızca/Fransızca-Türkçe (TÜFÇAT) Çeviri Atölyesi’nin dördüncüsü Bakanlığımızca 3-10 Kasım 2014 tarihleri arasında İstanbul-Büyükada’da düzenlendi. Uluslararası İstanbul Kitap Fuarı ile eşzamanlı olarak gerçekleştirildi.
Daha fazla bilgi için, resmi siteye bakın: http://www.teda.gov.tr/
TEDA’nin çeviri atölyeleri kapsamında ünlü Türk şair Turgut Uyar’ın bir şiirin ilk kıtaları çevirirdi. Şiirden sonra şairin tanıtımını bulursunuz.
Vaktin Çağrısı
şimdi burda kar yağıyorsa her yerde yağıyordur ve vakit dardır
su geçirmez çizmeleri de vardır aman vermez yıldırım çekenleri de
ve polisleri, polisten kaçanları ve düzgün cümle yapanları
anayasaya giriş, felsefeye başlangıç ve statik okuyanları
ağaç okşayanları, ekmek dilimlemeyi ve yemeyi sevenleri
-aradabir ateş gibi yakıp geçmeden tarihin kundurası-
mevsim sonu ucuz satışları, indirimli fiyatları ve hiç düşlemeden
bir incir ağacının bütün bir yaz süren denizli rüyasını
doğduğu yerin yitik anısını bulduğunu sanarak
sevenler vardır
dördüncü boyuta göre bile
vakit dardır
denizlere en tutkun adamın bile çok zaman uykusu vardır
bir çırpıntı gibi gelip gider düşlerinin kumlarda yattığı
o adsız şehir, halkının boylu boyunca kumlarda yattığı
başkalarının o uğultulu şehre biraz kuzeyden baktığı
ne kadar suya girseler ıslanmayan
çımacıları, dalyan toplayanları, vapur yürütenleri
suya bakıp rüzgar söyleyenleri, yağmuru yanılmadan bilenleri (…)
Turgut Uyar (1927-1985)
Ankara’da doğdu. 1947’de Askeri Memurlar Okulu’nu bitirdi. Bir süre orduda subay olarak görev yaptı. 1958’de ordudan ayrıldı. Ankara Bürosu ile Sanayi Bakanlığı’nda çalıştı.
1968’de emekliye ayrıldı. İstanbul’a yerleşti. 22 Ağustos 1985’te İstanbul’da yaşamını yitirdi. İlk şiir kitabı (Arz-i Hal) 1948’de çıktı. Aşk, ayrılık, ölüm temalarını işlediği bu dönem şiirlerinde Garip akımının izleri görülür.
Daha sonra yoğun imgelerin ve simgeci bir söyleyişin etkili olduğu şiirleriyle İkinci Yeni‘nin başlıca şairlerinden biri oldu. Sanatını halk şiirinin deyişleri ve divan şiirinin biçimlerinden yararlanarak geliştirdi.
Lirik şiirin geleneksel sınırlarını zorladı. Şiirle düzyazı arasındaki ayrımı ortadan kaldırdı.
Kaynak: http://www.edebiyatögretmeni.net/turgut_uyar.htm
Les Istanbuliotes ont fait le plein de livres!
La 33 ème édition de la Foire Internationale du Livre d’Istanbul s’est terminée avec un nombre record de visiteurs. Elle a fermé ses portes dimanche 16 Novembre à 19h avec un total de 503 000 visiteurs.
La Foire Internationale du Livre d’Istanbul, organisée par l’Union des éditeurs de Turquie et par TUYAP (Société organisatrice de foires), a ouvert ses portes cette année du 8 au 16 Novembre, au Centre de congrès et de Foires TUYAP à Büyükçekmece pour sa trente-troisième édition. Avec en plus des stands des maisons d’édition participantes, de diverses expositions, des débats et des rencontres d’auteurs avec leurs lecteurs, se sont déroulées des séances de signatures, des animations pour les enfants et des intermèdes musicaux.
La Foire Internationale du Livre d’Istanbul réunit 852 maisons d’édition locales et étrangères. Cette année l’invité d’honneur de la foire était la Hongrie. La culture hongroise, sa littérature, sa gastronomie et sa musique étaient au programme. Durant la foire, des auteurs importants de la littérature contemporaine hongroise tels que Péter Esterházy, László Darvas, Dóra Csányi, Katalin Szegedi, Péter Zilahy, Tóth Krisztina, Spiró György, Mihály Hoppál, Timur Davletov, Fodor Pál, Dávid Géza et Zsofia Mautner, ont participé à des séances de signature et à des lectures.
Istanbullular bol bol kitap aldılar!
33. Uluslararası istanbul kitap fuarı rekor sayıda ziyaretçinin katılımıyla sona erdi. 16 Kasım 2014 Pazar akşamı saat 19.00’da 503 bin okurun ziyaretiyle sona erdi.
TÜYAP ve Türkiye Yayıncılar Birliği işbirliği ile düzenlenen Uluslararası İstanbul Kitap Fuarı, bu sene 8-16 Kasım 2014 tarihleri arasında Büyükçekmece TÜYAP Fuar ve Kongre Merkezi’nde 33. defa kapılarını açıtı. Fuar süresince katılımcı yayınevlerinin kitap standlarının yanı sıra çeşitli sergiler, söyleşiler, konuk yazarların okurlarıyla buluştuğu imza etkinlikleri, çocuklar için etkinlikler ve dinletiler gerçekleştirildi.
Uluslararası İstanbul Kitap Fuarı yurtiçi ve yurtdışından 850 yayınevinin katılımıyla gerçekleştiriliyor. Bu sene fuarı’nın onur konuğu Macaristan idi. Macaristan kültürünü, edebiyatını, yemeklerini ve müziklerini tanıtan bir program sundu. Fuar Boyunca modern Macar edebiyatının önemli yazarları Péter Esterházy, László Darvas, Dóra Csányi, Katalin Szegedi, Péter Zilahy, Tóth Krisztina, Spiró György, Mihály Hoppál, Timur Davletov, Fodor Pál, Dávid Géza ve Zsofia Mautner fuarda imza etkinlikleri, söyleşiler ile okurlarla buluştu.
Montaigne Globe-trotter!
Mardi 30 Septembre de 11 à 14h30 sur le parvis de l’Université Montaigne à Bordeaux se déroule un rendez-vous festif pour connaître les langues enseignées à l’Université Montaigne et connaître les possibilités de mobilités internationales. La revue AYNA est présente à ce rendez-vous et présentera une lecture bilingue des poètes turcs qui ont rejoint la revue dans le courant de l’année 2014. Rendez-vous pour ces lectures de 13h30 à 14h sur le parvis! Vous entendrez peut-être entre les mots le chant des grues de l’Anatolie!
Vous trouverez les informations en détails en cliquant
Montaigne Dünya-gezen!
Bordeaux ‘nun Montaigne Üniversitesinde, üniversitedeki yabancı diller eğitimini ve değişim programlarını tanıtmak amacıyla önümüzdeki 30 Eylül salı günü saat 11:00’den 14:30’a kadar eğlenceli bir buluşma düzenlenecektir.
Bu buluşmada AYNA dergisi de yer alacak ve bu sene dergiye yeni katılan şairlerin şiirlerinden bir kısmı iki dille okunacaktır. Saat 13:30-14:00 arası üniversitenin meydanında buluşmak üzere! Belki kelimelerin arasında Anadolu Truvalarının seslerini işitirsiniz!
Daha fazla bilgi için tıklayın
Festival Voix Vives 2014
Cette année, Les Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée s’est déroulé du 18 au 26 Juillet. 38 poètes de différents pays étaient invités à cette organisation. Cette année, les poètes turcs invités étaient Tuğrul Keskin ve Yusuf Alper. Avec leur permission, les poèmes de ces deux poètes trouveront place prochainement dans la revue Ayna.
Egalement présente, une musicienne turque, Canan Domurcaklı, qui a accompagné les lectures avec son saz, leur donnant une ambiance particulière et très agréable.
650 événements poétiques et musicaux se sont déroulés. Chaque jour, commençaient à 10 heure du matin les rencontres et elles continuaient jusqu’à une heure du matin: toute la journée des lectures poétiques, en chaise-longue, en bateau, en canot, en hamac, etc.
2014 Canlı Sesler Festivali
Bu sene Akdeniz’den Akdeniz’e Canlı Sesler festivali 18-26 Temmuz tarihleri arasında düzenlendi. Bu organizasyona 38 farklı ülkeden şairler davetliydi. Bu sene Türk şair olarak, Tuğrul Keskin ve Yusuf Alper davetliydi. İzinleriyle, yakında iki sairin şiirleri Ayna dergisinde yer bulacaklar.
Ayrıca, Fransa’da yasayan Türk müzisyen Canan Domurcaklı saz eşliğinde dinletilere farklı ve çok hoş bir renk kattı.
650 şiirsel ve müzikli etkinlikler düzenlendi. Etkinlikler her gün sabah saat 10’da başlayıp gece bire kadar devam ediyor: gün boyunca şezlongda, gemide, kayıkta, hamakta,vb. şiir dinletisi oluyor.
Festival de la Méditerranée de Lodève 2014
Lodève est un village du sud de la France. Chaque année, un formidable festival de poésie y a lieu. Il s’est déroulé cette année du 16 au 20 Juillet. Venant du pourtour de la Méditerranée, environ 50 poètes étaient invités. Durant ce festival ont lieu de nombreuses performances, lectures artistiques et théatrales qui attirent beaucoup l’attention du public.
Abbas Kiarostami était l’invité d’honneur. Dans divers lieu du village se déroulent des lectures poétiques; le soir il y a des concerts payants ou gratuits. Le village devient une sorte de poème.
Efe Duyan, poète istanbouliote, était invité.
2014 Lodève Akdeniz Festivali
Lodève güney Fransa’da küçük bir kasabadır. Her sene harika bir şiir festivali düzenleniyor. Bu sene 16-20 Temmuz tarihleri arasında düzenlendi. Akdeniz ülkelerinden gelen yaklaşık 50 sair davetliydi. Bu festivalde performans denilen sanatsal ve tiyatroya yakin olan söyleşiler yaygın olup haklin çok ilgisini çekiyor.Bu sene onur konuğu Abbas Kiarostami idi. Kasabanın çeşitli yerlerinde şiir dinletisi sunuluyor, aksamları paralı veya bedava konserler düzenleniyor. Kasaba adeta bir tür şiire dönüşüyor.
İstanbul’dan gelen Türk şair Efe Duyan davetliydi.
9ème édition du festival international IstanbulPoème
Le festival de cette année accueille 13 invités, notamment le président du Pen d’Italie Antonio Della Rocca, le directeur de la biennal de Paris Nelly Georges Picot, l’activite et poète syrien Maram al Masri, le poète brésilien et ambassadeur de paix international Lucas Guimaraens. De Turquie, les participants sont Hüseyin Peker, Hüseyin Alemdar, Volkan Hacıoğlu, Pelin Özer, Ece Apaydın, İsmail Biçer, Hilal Karahan, Salih Aydemir.
L’année dernière, du fait des événements du parc Gezi, la soirée d’ouverture avait été annulée et nous étions allés avec tous nos invités vers la place Taksim, nous avons été avec des miliers d’autres à Dolmabahçe, à Beşiktaş. Le festival a pris sa part de gaz lacrymogène et de jets d’eau tirés par les véhicules d’intervention anti-émeute (TOMA). En ces jours où la révolte faisait de tout lieux un Taksim, des poèmes avaient été lus, et les activités avaient été menées jusqu’à la fin du programme.
Le festival cette année, alors que les aspects de la catastrophe de Soma n’ont pas tous été révélés et que poussière et fumée ne sont pas encore retombées, la Turquie et les rues d’Istanbul appellent les poètes.
Voici le slogan de la manifestation qui se déroulera du 31 Mai au 4 Juin 2014 : « De la poésie pour l’humanité. Coalition des consciences planétaire pour la poésie! ».
A propos d’IstanbulPoème
Il est devenu un rendez-vous littéraire traditionnel. Il a été organisé pour la première fois en 1993 par le maire d’Istanbul Nurettin Sözen et le poète Hilmi Yavuz alors directeur des affaires culturelles de la municipalité d’ İstanbul. Puis il n’a pu être reconduit; une autre initiative nommée « Les journées poétiques en escalier » a vu le jour mais s’est arrêtée après deux éditions. Avec pour nom IstanbulPoème, le festival a été organisé en 2006 pour la première fois et sans interruption s’est déroulé sur 8 éditions. Jusqu’à présent, le festival a reçu environ 200 poètes de 70 pays différents. Chaque année, entre 12 et 41 poètes participent à la manifestation.
9. Uluslararası Şiirİstanbul Festivali
Festival bu yıl 13 konuk ağırlıyor. Aralarında İtalya PEN Başkanı Antonio Della Rocca’nın, Paris Şiir Bienali Direktörü Nelly Georges Picot’nun, Suriyeli şair ve aktivist Maram al Masri’nin, Brezilyalı şair ve Uluslararası Barış Elçisi Lucas Guimaraens’in de bulunduğu konuklara Türkiye’den de Hüseyin Peker, Hüseyin Alemdar, Volkan Hacıoğlu, Pelin Özer, Ece Apaydın, İsmail Biçer, Hilal Karahan, Salih Aydemir katılıyor.
Bir yıl önce Gezi direnişi nedeniyle « açılış gecesi »ni iptal eden ve konuklarıyla birlikte Taksim’e çıkan; onbinlerle birlikte Dolmabahçe’de, Beşiktaş’ta; « biber gazı »ndan ve « TOMA »ların tazyikli suyundan payına düşeni alan festival; her yeri « Taksim » haline getiren direniş günlerinde, şiirlerini okudu, etkinliklerini tamamladı.
Festival bu yıl Soma katliamının boyutları henüz bütünüyle ortaya çıkmamış; facianın tozu, dumanı yere inmemişken şairleri Türkiye ve İstanbul sokaklarına, meydanlarına çağırıyor.
31 Mayıs – 4 Haziran tarihlerinde gerçekleşecek 9. Uluslararası Şiirİstanbul Festivali’nin sloganı şöyle:
« İnsanlık için şiir, Şiir için küresel vicdan koalisyonu!
Şiirİstanbul hakkında…
Uluslararası Şiirİstanbul Festivali artık İstanbul’un bir edebiyat geleneği.
İstanbul’da ilk kez 1993′te, Nurettin Sözen İstanbul Belediye Başkanı ve şair Hilmi Yavuz İstanbul Belediye Başkanlığı Kültür Müdürü’yken yapıldı. Sürdürülemedi. Alternatif olarak yapılmak istenen « Merdiven Şiir Günleri » de ikinci kez yapılamadı.
Uluslararası Şiirİstanbul Festivali ilk defa 2006 yılında yapıldı ve kesintisiz olarak 8 defa gerçekleştirildi. Şu anda 9′uncusu yapılmaya hazırlanıyor. Şiirİstanbul Festivali’ne bu yıla kadar 70′e yakın ülkeden 200′ün üzerinde şair katıldı. Her yıl 12 ile 41 arasında değişen sayılarda şair konuğumuza ülkemizden de onlarca şair eşlik ediyor. Etkinlikler İstanbul’un çeşitli mekanlarında gerçekleşiyor.
Le Printemps des Poètes 2014
Ayna continue de faire connaître la poésie turque contemporaine!
A l’occasion du Printemps des Poètes, vendredi 14 Mars, une soirée poésie multilingue a eu lieu organisée par le centre social de l’Estey à Bègles.
Nous avons pu partager des poèmes en ligne sur la revue Ayna dans une ambiance conviviale, à travers une lecture bilingue et des chants populaires turcs accompagnés du saz.
Le 30 Mars, à Cenon, avec O2 radio, j’étais l’invitée du programme Ozlem pour parler de la revue Ayna. Nous avons parlé poésie contemporaine et fait écouter quelques uns des poèmes présents sur le site. Merci à Orhan et à son équipe! Bravo à Seda qui entre deux chansons a lu Attila Ilhan! Vous pouvez réécouter l’émission en allant sur le site :http://www.ozlemhaber.net
Le 17 Mai prochain , nous ferons des lectures à la bibliothèque Saint-Augustin à l’occasion de la fête du quartier. En espérant partager ce moment de poésie avec vous!
Vive le printemps en poésie!
CL
Şairler Baharı 2014
Ayna Çağdaş Türk şiirini tanıtmaya devam ediyor!
Bègles’deki l’Estey adli sosyal merkez Şairler Baharı kapsamında 14 Mart Cuma günü çok dilli şiir söyleşisi düzenledi. Samimi bir ortamda, Ayna dergisinin şiirlerini şiir meraklılarına iki dilli (Türkçe/Fransızca) ve türküyle saz esliğinde sunduk.
30 Mart tarihlerinde Cenon’da O2 radyosunun hazırladığı Özlem programında Ayna dergisinden bahsetmek amacıyla davetliydim. Çağdaş Türk şiiri hakkında konuşup sitemdeki bazı şiirleri dinlettik. Orhan’a ve takımına teşekkür ederim! İki şarki arasında Attila Ilhan’ı okuyan Sevda’yı da tebrik etmek istiyorum. Yayını tekrardan dinlemek için bu adrese tıklayın: http://www.ozlemhaber.net/
Önümüzdeki 17 Mayısta Saint-Augustin mahallesi bayramı kapsamında kendi kütüphanelerinde şiir söyleşisi yapacağız. Bu şiirsel anı sizinle paylaşmak umuduyla!
Yaşasın Şiirli bahar!
CL
8 mars, JOURNÉE DE LA FEMME
A l’occasion de la Journée de la Femme du 8 Mars, nous vous proposons de découvrir deux grandes dames poètes qui ont marqué leur époque.
Şükûfe Nihal Başar
(1896, İstanbul – 1973, İstanbul), poète, enseignante.
Elle est l’une des premières représentantes et défenseuses des droits des femmes en Turquie. Elle est entrée à l’Université des Femmes en 1916. Après avoir étudié trois ans dans le département de littérature, elle finit ses études dans le département de géographie. Elle est la première femme diplômée de l’université. L’année d’obtention de son diplôme, elle publie son premier recueil « Les Etoiles et les Ombres ».
Elle organise chez elle des réunions de femmes pour les engager à soutenir la guerre d’indépendance. Après la proclamation de la République Turque (en 1923), elle fonde avec d’autres la Fédération des Femmes Turques afin de militer pour les droits politiques des femmes. Elle y milite jusqu’en 1935. Elle a écrit des poèmes mais aussi des nouvelles et des romans. Elle meurt à Istanbul le 24 septembre 1973.
Extrait du poème « Eau » :
S’écoulant de ton cœur au mien cette eau
était une voix qui retentissait à l’ombre du soir
elle s’est interrompue sur sa plus jolie note
cette eau qui nous rattachait à l’éternité…
Kaynaklar : wikipedia
resim : http://www.turkish-media.com/forum/blog/805-ufuk-efes-blog/?st=10
8 Mart, KADINLAR GÜNÜ
8 Mart, Kadınlar günü sırasında, okurlarımıza kendi çağlarına iz bırakan iki değerli kadın şair sunuyoruz.
Şükûfe Nihal Başar
(d. 1896, İstanbul – ö.1973, İstanbul), şair, öğretmen.
Türkiye’de kadın özgürlüğünün ilk temsilcileri ve savunucularından birisidir.
1916’da İnas Darülfünunu’na (Kadın Üniversitesi) girdi. Üç yıl edebiyat şubesine devam ettikten sonra son sınıfı coğrafya şubesinde okudu. “Darülfünun mezunu ilk kadın” ünvanını elde etti.
Mezun olduğu yıl ilk şiir kitabı “Yıldızlar ve Gölgeler” yayımlandı.
Evinde yaptığı toplantılarda kadınları milli mücadeleye destek olmaları için teşvik etti;Cumhuriyetin ilanından sonra, kadınların siyasi haklarını kazanması için mücadele eden Türk Kadınlar Birliği’nin kurucuları arasında yer aldı. 1924’te kurulan dernek, 1935’te kendini feshedene kadar faaliyetlerini sürdürdü.
Şiirlerinin yanı sıra öyküler ve romanlar kaleme aldı. Hayatının son yıllarına kadar Türk Kadını dergisinin yazarları arasında yer aldı. 24 Eylül 1973′te İstanbul’da yaşamını yitirdi.
Su şiirden alıntı :
Kalbinden kalbime akan bir sesti
Akşam gölgesinde çağlıyan o su;
Sesini en tatlı yerinde kesti,
Bizi sonsuzluğa bağlayan o su…
Gülten Akın
(1933, Yozgat) poète, enseignante, avocate.
Fazıl Hüsnü Dağlarca fut désigné en 1967 par le Forum poétique international comme étant « Le Plus Grand Poète Turc Vivant ». Après sa mort, le jury composé d’une cinquantaine de personnes eut à choisir entre les poètes suivants : Gülten Akın, Hilmi Yavuz, Arif Damar, İsmet Özel, küçük İskender, Sezai Karakoç, Murathan Mungan, Lale Müldür, Ahmet Güntan ve Birhan Keskin. A la majorité, ils choisirent Gülten Akın. Elle est donc actuellement « La Plus Grande Poète Turque Vivante ».
Elle étudie le Droit à l’Université d’Ankara. Dans les années 1960, elle enseigne et exerce en tant qu’avocat. Elle a cinq enfants, un garçon, quatre filles. Entre les années 1978-1986, son fils est incarcéré dans la prison militaire de Mamak pour ses opinions politiques.
Gülten Akın entre dans la vie littéraire en 1951 en publiant des poèmes dans la revue Son Haber. Dans ses trois premiers recueils L’horloge du vent (1956), J’ai coupé mes cheveux noirs (1960), Dans le refuge (1964), elle met en scène un « je » introverti, individuel et reflétant une sensibilité féminine. Dans le recueil L’œillet rouge (1971), le « je » n’est plus au centre, il est tourné vers la société et se veut être la voix accompagnant le peuple. Les expressions et formes populaires se retrouvent avec des expressions poétiques modernes ; en 1972, elle publie L’épopée de Maraş et de Ökkeş et en 1979 elle publie L’épopée du vagabondage, ce qui ajoute des formes épiques à son œuvre. L’épopée de Maraş et de Ökkeş raconte la résistance de la ville de Maraş lors de la Guerre de Libération (1919-1922). Les poèmes représentent les difficultés, la misère et les conditions pénibles de cette période.
Gülten Akın compare la poésie à la chasse d’une biche : « Si écrire des poèmes, c’est chasser la biche alors les biches doivent être chassées après leur mort. C’est-à-dire que l’on doit écrire après que le vivant se soit refroidi. Tant que vous ne faîtes pas disparaître la vie, vous ne pourrez écrire des poèmes. Vous ferez disparaître le murmure et la vivacité de la vie afin de pouvoir les faire vivre ailleurs. De plus, quand vous êtes une jeune poète, tout le monde est curieux de vos secrets. C’est pourquoi jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours caché mes secrets et j’ai défendu cette position. D’ailleurs, sans secrets, vous ne pouvez pas vivre. Mais à présent, je donne quelques indices. Car les biches sont mortes depuis longtemps. »
source : http://www.milliyet.com.tr/-incelikler-in-sairi-gulten-akin-kitap-1027087/
image: http://kitap.radikal.com.tr/Makale/biz-de-sizi-konusuyorduk-386222
Gülten Akın
(d.1933, Yozgat) şair, öğretmen, avukat.
Fazıl Hüsnü Dağlarca, 1967’de Uluslararası Şiir Forumu tarafından ‘Yaşayan En Büyük Türk Şairi’ seçilmişti. Fazıl Hüsnü Dağlarca’yı kabettikten sonra, jüri tekrar tolandı. 50 kişilik jürinin verdiği isimler Gülten Akın, Hilmi Yavuz, Arif Damar, İsmet Özel, küçük İskender, Sezai Karakoç, Murathan Mungan, Lale Müldür, Ahmet Güntan ve Birhan Keskin’di. Oyların çoğunluğunu alan Gülten Akın yaşayan en büyük şairimiz “Yaşayan En Büyük Türk Şairi”.
Ankara Üniversitesi Hukuk Fakültesi’ni dört yılda bitirir. 1960 yıllarında, Gülten Akın, öğretmenlik ve avukatlık yapar. Biri erkek, dördü kız beş çocuk annesidir.
ilişkisi ağırlıklı bir yer tuttu. Gülten Akın’ın oğlu 1978-1986 yılları arasında siyasi düşüncelerinden dolayı Mamak Askeri Cezaevi’nde yattı.
Gülten Akın edebiyat dünyasına 1951 yılında Son Haber dergisinde yayımlanan şiiriyle girer. Gülten Akın’ın ilk üç şiir kitabındaki-Rüzgar Saati (1956), Kestim Kara Saçlarımı (1960) ve Sığda (1964)- şiirlerinin merkezinde bireysel, içe dönük ve kadınca duyarlığı yansıtan ‘ben’ vardır. “Kırmızı Karanfil”, ‘ben’in merkezden çekilip, yerini toplumsallaşmış bir bireyle halka, halkın ortak sesine bıraktığı şiirlerin bulunduğu bir kitaptır. Halk deyişleri, söyleyişleri modern şiirin olanaklarıyla bir arada yer alır; 1972 yılında yayımlanan “Maraş’ın ve Ökkeş’in Destanı” ve 1979 yılında çıkan“Seyran Destanı”yla ise Gülten Akın şiirine epik öğeler eklenir. “Maraş’ın ve Ökkeş’in Destanı”, Kurtuluş Savaşı sırasında Maraş’ın direnişini ele alır. Şehirde çekilen sıkıntılar, yoksulluk, yeni bir yaşamın zorlukları aktarılır bu şiirlerde.
Şiiri bir geyik avına benzetir Gülten Akın: “Şiir yazmak geyik avlamaksa eğer, öldükten sonra avlanmalı geyikler. Yani yaşananlar soğuduktan sonra yazılmalı. Hayatı yok etmedikçe şiiri var edemezsiniz. Yaşamdaki o canlılığı, kımıldayan şeyi yok edeceksiniz; öbür alanda var etmek için. Hem genç bir kadınken, herkes sizin gizlerinizi merak eder. Bu yüzden bugüne kadar gizlerimi hep sakladım, bunu savundum. Zaten giziniz olmazsa yazamazsınız. Ama şimdi ipuçları vermeyi yeğliyorum. Çünkü geyikler çoktan öldü.”
Kaynak : http://www.milliyet.com.tr/-incelikler-in-sairi-gulten-akin-kitap-1027087/
Resim: http://kitap.radikal.com.tr/Makale/biz-de-sizi-konusuyorduk-386222
Les prix Cemal Süreya 2013
Les noms des lauréats des prix de poésie Cemal Süreya 2013 ont été révélés.
L’association d’art et de culture Cemal Süreya a annoncé la fin des délibérations du jury, composé de Mustafa Önes, Leyla Sahin, Aba Müslim Çelik, Egemen Berköz et d’Enver Ercan, pour les finalistes des prix Cemal Süreya 2013. A la majorité, le jury a attribué le prix Cemal Süreya 2013, dans la catégorie « Dossier », à Abuzer Gürpınar pour son recueil » ‘Başım Kiraz ». Dans cette même catégorie, le recueil d’Eşref Yener « Baykuşta Yangın Tekrarı » a reçu le prix de la Vocation.
Dans la catégorie « Recueil », les œuvres d’Emre Polat’ « Vukuat Vardiyası » et de Süveyda Sezgin’in « Anahtar Yolu » ont reçu le prix de la Vocation. La remise des prix s’est déroulée le 9 Janvier 2014 dans le Centre culturel Barış Manço de Kadıköy.
Cemal Süreya 2013 Şiir Ödülleri
Cemal Süreya 2013 Şiir Ödülleri’ni alacak isimler belli oldu.
Cemal Süreya Kültür Sanat Derneği’nden yapılan açıklamaya göre, Mustafa Öneş, Leyla Şahin, Aba Müslim Çelik, Egemen Berköz ve Enver Ercan’dan oluşan Cemal Süreya Şiir Ödülleri Seçici Kurulu, 2013 yılı ödülleri üzerindeki değerlendirmesini sonuçlandırdı. Buna göre, Cemal Süreya 2013 Şiir Ödülleri « Dosya » dalında Abuzer Gürpınar’ın « Başım Kiraz » adlı yapıtına oy çokluğu ile verildi. Bu dalda ayrıca Eşref Yener’in « Baykuşta Yangın Tekrarı » adlı yapıtı Özendirme Ödülü’ne değer görüldü.
« Kitap » dalında Emre Polat’ın « Vukuat Vardiyası » ile Süveyda Sezgin’in « Anahtar Yolu » yapıtlarına oy çokluğu ile özendirme ödülü verildi. Ödül töreni, 9 Ocak 2014′te Kadıköy’deki Barış Manço Kültür Merkezi’ndeki yapıldı.
Un poème inédit d’Onur Caymaz
Pour voir le poète lire son poème, cliquez sur le lien suivant: http://www.youtube.com/watch?v=MNqslMz8Wks
Sa lecture se trouve à la fin de la vidéo.
Complainte pour Allianoi
et les eaux nuitamment recouvrèrent Allianoi
tandis que les ailes sales de Yoranli se refermaient
puis sous les étoiles des milliers de tonnes de gouttes
des milliers de tonnes de poussières, de terre
et des milliers de rêves, de villages, de gendarmeries blafardes
des milliers, je dis bien des milliers
des palais de justice, des documents, des dossiers rouge
et autant de tampons, de cire et de sceaux
de colosses tonitruants brisant le front des toits
et autant de souvenirs, de sueur, de sel, d’amour
furent lâchés sur les paupières des nymphes
les eaux la recouvrèrent, les villages sommeillaient nuitamment
bouts d’allumette sous les pieds d’une époque, ils furent écrasés
les branches d’un grand platane au faîte atteignant autrefois le ciel
touchent à présent le limon
c’est ainsi, des tablettes avec des vers d’Homère
noircis par d’anciens noms furent
soudain dispersées et se figèrent à la surface d’un gouffre
comme lors d’une torture, d’une exécution, d’un génocide
ah, c’est que ces villages sont misérables, souvent ignorés
par les restaurants des avenues près des ministères
par les napperons amidonnés et les lampes de chevet rouge
par les bordels sous les fumées des poêles, ils sont ignorés
les villages n’ont même pas rêvé de femmes en sous-vêtements
sur des seuils enneigées, ils ne peuvent en rêver
en ville, il y a des cinémas avec des fauteuils en cuir
les villages : on marque les portes de croix, on trace des lignes
en allumant de temps à autre des feux officiels « top secret »
ah, ces eaux légales ont noyé les maisons antiques
dix-huit millions de mètre cube, vous imaginez
tant de gouttes pourraient former une mer
statue aux mains brisées, j’aurais voulu être de pierre
les bras croisés sur les genoux devant les gouvernements
tandis que sous les lustres en cristal résonne Allah
tandis qu’imité par les bonnets et les toges, l’état se tait !
tandis que prolifère le soutien armé des multinationales
contre les opprimés
c’est ainsi que l’on a sacrifié Allianoi
enfant de vérité au passé sanglant
témoin de tant de guerres, de tant de tristesse
c’était autrefois le pays d’un dieu
maintenant des messieurs aux visages gras
rient sans crainte à la une des journaux
et avec leurs doigts épais, leurs moustaches effrayantes
leurs cravates et leurs vestes, ils sont sereins
la cité antique s’est transformée en tombe d’eau
entièrement recouverte de boue
de pâles souvenirs encore sur le cou
les écrits d’Aristides sont restés sous le bleu
ils donnèrent avec les algues un éclat à l’émeraude
le temps a raison disait là-bas un derviche
il respirait dans un profond sommeil
au-dessus des dalles circulait son souffle
qui autrefois s’immobilisait face au vent
la victoire est sans grandeur mais violente est la force
un poisson hirondelle nageait autrefois dans les profondeurs
on nomme aussi derviche l’oisillon hirondelle
le poisson crie à l’hameçon, dans les airs la grâce est sous forme d’oiseau
celui qui monte la pente sans se lasser est un poète
il se dévêt et endosse le poids du chagrin de la vie
il sera donné, il sera donné le châtiment pour tout cela…
Allianoi, ma douce
depuis Pergamon
ce n’est pas d’une couverture
pour te réchauffer que nous t’avons recouverte
mais d’eau pour te noyer
et un jour un des saints viendra
et sera donné le châtiment pour tout cela
tu le sais bien qu’un châtiment sera donné !
Février, Mars 2011
Note explicative : Allianoi est le nom d’un centre thermal antique vieux de plus de 2000 ans, situé dans la région d’Izmir, à l’ouest de la Turquie. Le barrage de Yortanli l’a entièrement recouvert par les eaux en 2011, malgré une forte mobilisation citoyenne contre ce projet.
Onur Caymaz’ın yeni bir şiiri
Onur Caymaz kendi şiiri bu videonun sonunda okuyor, izlemek isterseniz tıklayınn http://www.youtube.com/watch?v=MNqslMz8Wks
Allianoi İçin Bir Ağıt
ve sulara gömüldü gecelerce Allianoi
kapanınca kirli kanatları Yortanlı’nın
sonra yıldızlar altında binlerce ton damla
binlerce ton tohum, toz, toprak
ve binlerce rüya, köy, solgun jandarma
binlerce ama binlerce ton diyorum
adalet sarayı, evrak, kırmızı dosya
bir o kadar da mühür, mum ve damga
gürültülü devlerce basıp alnının çatına
bir o kadar da hatıra, kan, ter, tuz, aşk
doluverdi nymphe’nin gözkapaklarına
sulara gömüldü, köyler uykudaydı gecelerce
çağın ayakları altında kibrit çöpü, ezildi
başı göklere varan ulu çınardı eskiden
dalları balçığa dokunuyor şimdi
öyle ya, çok eski adıyla kararıp
üzerinde Homeros’un dizeleri, tabletler
dağılıp durdu yüzünde bir çukurun
işkenceyle, idamla, soykırımla eşdeğer
ah ki o köyler çıplaktır, bilmez çoğu kez
bakanlıklara yakın caddelerde lokantalar
kolalı örtüler ve kırmızı gece lambaları
soba dumanları arasında kerhaneler, bilmez
kar yağarken kapı önlerinde kadınlar don sutyen
rüyasını bile görmemiştir köyler, göremez
sinemalar vardır şehirlerde deri koltuklarla
köyler: çarpılar atılır kapılara, çekilir çizgiler
ara sıra “çok gizli” resmi ateşler yakılırken
ah o yasal suların boğduğu antik evler
on sekiz milyon metreküp su, ne demek
bir deniz edebilir isterse bunca damla
elleri kırık heykel, çakıl olaydım orada
dizlerini kavuşturup iktidarların önünde
Allah yankılanırken altında kristal avizelerin
takkenin, cüppenin eşliğinde susarken devlet!
çoğalıp dururken çokuluslu şirketlerin
mazluma dönen namluya verdiği destek
işte böyle öldürüldü Allianoi
hakikatli evladı kanlı geçmişin
nice savaşlar gördü nice hazin
yurduydu evvelce bir tanrının
şimdi efendiler yağlı yüzleriyle
kaygısız gülüyor manşetlerde
ve kalın parmakları, korkunç bıyıkları
kravatları ve ceketleriyle rahatlar
sulardan mezar oldu antik kent
çamura battı hepten fakat
koynundadır halen soluk anılar
mavide kaldı yazmaları Aristides’in
yosunlar bağışladı zümrüt aydınlığını
zaman haklı diyordu orada derviş
soluklanıp arasında büyük uykusunun
nefesi dolanıp duruyordu taşta geniş
önündeymiş bir vakitler rüzgârın
zafer soysuz, güç zorba lakin
yine de derinde yüzüyordu balık:
derviş de denir yavrusuna kırlangıcın
kancada çığlık atar, havada kuştur incelik
yani yokuş çıkan şairdir yorulmadan
soyunup sırtlanır hayatın gam yükünü
verilir, verilir elbet hepsinin hükmü…
Allianoi, güzelim
Pergamon’dan bu yana
üşüme diye yorganla değil
boğulman için suyla örttük üstünü
ve bir gün çıkar yücelerden birileri
verilir hepsinin hükmü
bildin değil mi verilir hükmü!
Şubat, Mart 2011
Présentation d’Ayna
Une présentation de la revue Ayna se déroulera à l’Université Bordeaux 3 le 22 Octobre à 17h30 la bibliothèque de LE-LEA. Des lectures de poèmes en turc et en français seront accompagnées de saz. Un pot de l’amitié sera offert à la fin.
A très bientôt!
Ayna tanıtımı
Bordeaux 3 Üniversitesinde 22 Ekim tarihinde saat 17.30′da LE-LEA kütüphanesinde Ayna dergisinin tanıtımı düzenlenecek. Saz eşliğinde Türkçe ve Fransızca şiir söyleşi olacak. İkramlar bulunacak.
Görüşmek üzere!
Ateliers de traduction
Le Centre National du Livre (CNL) et TEDA (Programme de soutien du gouvernement Turc à la traduction et à l’édition) organise un programme d’échange de traducteurs français-turc/Turc-Français. Les ateliers de traductions se dérouleront en deux temps : 2-9 Novembre 2013, à Büyükada -Istanbul et deux semaines en Juillet 2014 à Paris. Nous pouvons espérer de nouvelles parutions qui nous permettent de découvrir encore plus la littérature turque.
Çeviri atölyesi
Fransa Ulusal Kitap Merkezi (CNL) işbirliğiyle TÜFÇAT (türkçe-fransızca, fransızca-türkçe çeviri atölyesi) çevirmen değişim programı düzenlenecektir. Tercüme atölyesi iki aşamada gerçekleşecektir:2-9 Kasım 2013 tarihleri arasında Büyükada-İstanbul’da ve Temmuz 2014’te iki hafta Paris’te düzenlenecektir.
Ümit ediyoruz ki bu buluşmaların sonucunda Türk edebiyatını daha fazla keşfetmemizi sağlayan yeni yayınlar olur.
Festival des Voix Vives 2013
Le festival de poésie des Voix Vives, de Méditerranée en Méditerranée, s’est déroulé du 19 au 23 Juillet. Des poètes de 38 pays étaient invités à cette édition. Fidèle à sa réputation, le festival a enchanté les festivaliers par ses lieux de lectures variés (en barque, sur le brise lame, en hamac…) et par la qualité de ses invités. En tant que poètes turcs, étaient présents Müesser Yeniay et Metin Celal.
Metin Celal a vu ses poèmes publiés dans le cadre du festival par l’édition Al Manar, son recueil s’intitule L’intranquilité du quotidien. Müesser Yeniay a eu un accueil très encourageant et très chaleureux du public et plusieurs de ses poèmes vont être publiés dans des revues françaises, notamment par la revue Souffle.
C’est la magie du festival de créer des rencontres riches et constructives et de réunir poètes, éditeurs et amateurs de poésie. Merci à toute l’équipe et à l’année prochaine!
2013 Canlı Sesler festivali
Bu sene Akdeniz’den Akdeniz’e Canlı Sesler festivali 19-23 Temmuz tarihleri arasında düzenlendi. Bu organizasyona 38 farklı ülkeden şairler davetliydi. Her zamanki gibi orijinal, çeşitli söyleşi yerleriyle (sandalda, hamakta…) ve kaliteli sairlerle birlikte katılımcılar büyülendi. Bu sene Türk şair olarak, Müesser Yeniay ve Metin Celal davetliydi.
Metin Celal’in şiirlerini festival kapsamında Al Manar yayınevi tarafında kitaplaştırıldı: kitabin adi Küçük şeylerin tedirginliği. Müesser Yeniay ise de çok beğenildi ve birçok şiiri Fransız şiir dergilerinde, örneğin Souffle dergisinde, yayınlanacak. Festivalin sırlarından bir tanesi zengin ve faydalı buluşmalar gerçekleştirirken, ayni anda hem şiir sevenleri hem de sair ve editörleri bir araya getirmesini sağlamaktır.
Festival ekibine teşekkür ediyoruz, seneye görüşmek üzere!
8ème Rencontres Poétiques Internationales d’Izmir
Le 3 et 4 Mai 2013 se sont déroulées à Izmir Les Rencontres Poétiques Internationales, organisées par la municipalité de Konak. Le poète turc Ataol Behramoğlu était l’invité d’honneur de cette huitième édition. A ces rencontres étaient invités environ 80 poètes dont cinq poètes français, car la France était le pays mis à l’honneur. Les rencontres se sont déroulées dans une ambiance amicale et décontractée. Le Vendredi 3 Mai des lectures et débats ont eu lieu au Centre Culturel de la Municipalité de Konak. Le Samedi, des lectures se sont déroulées dans le jardin de l’Institut Français. Et durant ces deux jours, des lectures ont également eu lieu sur une scène devant le débarcadère d’Alsancak, lieu de va-et-vient de forte influence.
İzmir 8. Uluslararası şiir buluşması
İzmir Uluslararası Şiir Buluşmaları 3 ve 4 Mayıs 2013 tarihinde Konak Belediyesi tarafından düzenlendi. Sekizinci buluşmanın onur konuğu Türk şair Ataol Behramoğlu oldu. Fransa onur konuğu ülke olduğundan bu buluşmada yaklaşık 80 davetli sair arasından beşi Fransız idi. Buluşmalar samimi ve rahat bir atmosferde yapıldı. 3 Mayıs cuma günü, şiir söyleşileri ve tartışmalar Konak Belediyesi Kültür Merkezi’nde düzenlendi. Cumartesi şiir söyleşileri Fransız Enstitüsü bahçesinde yapıldı. Ve bu iki gün boyunca, şiir söyleşileri herkesin gelip geçtiği, kalabalık Alsancak Iskelesi önündeki bir sahnede yapıldı.
Citerne
Ô lieu
où tel un fruit mûr
Dieu bascula dans le vide
et s’écrasa !
comme une soierie
plions notre peau
puis quittons
la citerne de la souffrance
Journées de quarantaine
Par Özdemir İnce
J’ai reçu un message de France. De ma traductrice Claire Lajus. Claire, poète et traductrice, a travaillé 5 ans en tant que chargée de cours à l’Université Ondokuzmayis, à la Faculté de Pédagogie dans la section de Langue et Littérature française. Rentrée en France, elle crée une revue en ligne pour promouvoir la poésie et la littérature contemporaine turque. Elle contribue à rendre visible cette poésie et littérature turque contemporaine, participe à des rencontres. Donc, elle, notre Claire, a envoyé le message ci-dessous à des poètes et auteurs turcs. Les réponses seront publiées dans sa revue (www.revueayna.com). Voici la question d’Ayna et ma réponse.
***
« Nous sommes face à une situation extraordinaire au niveau mondial. Nous tous, que nous soyons Français, Américains, Turcs sommes face au même problème. Les mesures de confinement se multiplient, nous sommes presque 3 milliards de personnes à rester chez soi. Nous sommes tous en plein désarroi. D’un côté, des mesures sanitaires sont prises, d’un autre côté des réductions inquiétantes de liberté.
J’aimerais connaître votre point de vue vis-à-vis de cette situation. En tant qu’auteur, que penseur, que vous amène à penser cette situation ? Comment appréhendez-vous cette situation ? »
***
J’ai passé un long moment devant mon appareil pour me rappeler et trouver le mot « quarantaine » qui figure dans le titre. J’ai fait des associations d’idées. Finalement, « la quarantaine » est sortie de quarantaine. Et je me suis souvenu qu’il existe un quartier à Izmir qui s’appelle Karantina, quarantaine.
C’est mon caractère, je donne la définition : « La quarantaine est un isolement sanitaire, elle représente toutes les actions de précaution prises pour éviter les contacts durant la période d’incubation de la maladie pour les personnes ou les animaux susceptibles d’avoir contracté une maladie contagieuse. La racine du mot est italienne. Dans la République de Venise dont l’économie était dépendante du commerce, afin qu’une maladie contagieuse ne se propage pas dans la capitale Venise, les bateaux attendaient au large durant 40 jours avant d’accoster dans la ville. Voici l’origine du mot quarantaine. »
***
Dans cette définition, j’ai retenu le mot « isolement ». Vous pouvez vous isoler vous-même contre une maladie ou contre quoi que ce soit de particulier, mais vous ne pouvez pas vous isoler de la vie. Durant les journées du 4-8 Septembre 1981, lors d’une conversation avec Yannis Ritsos à Karlovassi (île de Samos), il m’avait confié ceci :
« Jusqu’à mes quarante-huit ans des obstacles me bridaient mes journées : le secrétariat pour un avocat, le sanatorium, le théâtre, les camps de concentration, la déportation, mon travail d’édition. Quand à 48 ans la possibilité de vivre de mes droits d’auteurs est apparue, j’ai ressenti une inquiétude.
Si je me retire dans mon bureau, que je coupe mes liens avec le monde, ma source d’inspiration se tarira-t-elle ? J’ai compris peu après que mes craintes n’avaient pas lieu d’être. Au contraire, mon bureau a accueilli l’univers tout entier, ma source d’inspiration s’est approfondie et s’est multipliée, car à présent tout mon temps était consacré à la poésie. Tant que je travaille, que je ne sors pas de mon bureau, personne ne me dérange. Je ne réponds pas au téléphone. Qu’importe le temps passé, je sors de mon bureau juste quand mon travail est fini. »
***
Quand Ritsos m’a confié cela, il avait 72 ans et moi 45. Moi aussi, depuis 1982 jusqu’à nos jours, depuis mes 46 ans, depuis que j’ai été licencié de la télévision TRT, je vis de la même façon que lui. En traduisant, en faisant un travail d’édition, en écrivant dans les journaux depuis les années 2000 jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours vécu en quarantaine à la fois volontaire et obligatoire. La plupart des auteurs vivent ainsi. J’écris et je travaille de 5 heures du matin en été, de 7 heures en hiver, jusqu’à minuit. C’est pourquoi l’interdiction de sortir de chez moi, cette quarantaine, ne me fait ni chaud ni froid. Même si ce machin nommé Corona ne s’était pas incrusté, j’aurais continué à vivre ainsi. J’ai 83 ans, je vivrai ainsi jusqu’à finir entre quatre planches d’une mort naturelle ou d’un virus.
***
Ces types irresponsables disent « La vie (ou le monde) se loge dans vos maisons », ils racontent des salades. Ils disent des sottises. Et ils montrent en exemple les photographies de confinement de riches sportifs, de stars du secteur du divertissement, de millionnaires. Les travailleurs pauvres qui composent plus de quatre-vingt pour cent de la population vivent dans des maisons de 30-40 mètres carré dans les bidonvilles. À cinq ou dix parfois. C’est une vie infernale. Ils ne savent pas ce que c’est. Je le sais, moi, parfaitement.
Nous connaissons sans fard la situation de notre pays : retraités : 12 millions ; ouvriers : 14 millions ; ouvriers syndiqués : 1 millions 917 ; chômeurs : 4 millions 394. À cause de sa majesté le virus, les patrons mettent les travailleurs à la porte. Au moins 40 millions de la population vivent sous le seuil de pauvreté. Pour leur salut, au lieu de démettre l’AKP, ils attendent le Messie.
***
J’avais 15 ans, en 1951, avec mon père, ma mère et mes quatre frères et sœurs, nous vivions à 7 dans une pièce de 30 mètres carré. Sans électricité si eau courante. Il était impossible que j’étudie ou que je bouquine. Ma vie infernale était un vrai enfer. Je lisais dans un parc au bord de la mer ou dans un café nommé Akkahve.
C’est pourquoi, chers messieurs, ne me demandez surtout pas comment les travailleurs pauvres vivent ces jours de quarantaine. Ça finira mal entre nous.
Traduit par C.Lajus, publié dans le journal Cumhuriyet le 3 Avril 2020